Grossesse
Le glucose pour réduire la durée de l’accouchement
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Une étude a démontré qu’administrer du sucre aux femmes qui accouchent pour la première fois et par induction réduit considérablement la durée totale de leur travail. Une bonne nouvelle qui pourrait aussi toucher d’autres futures mamans.
C’est bien connu, le sucre améliore la performance musculaire. C’est d’ailleurs pour cette raison que les marathoniens prennent des gels ou des boissons énergétiques durant leur course. «Comme l’utérus est un muscle et que l’accouchement est un marathon pour l’utérus, je me suis demandé si on pouvait appliquer cette connaissance-là aux mamans en travail», explique Dre Josianne Paré, obstétricienne-gynécologue. Son but était de réduire la durée de l’accouchement et, par le fait même, le risque de complications (hémorragie, infection intra-utérine, etc.).
Pour un premier accouchement et par induction
Entre 2013 et 2015, dans le cadre de ses études en obstétrique-gynécologie à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke, Dre Paré a étudié 200 femmes qui accouchaient pour la première fois et par induction (une intervention médicale ayant pour but de provoquer le travail).
Mais pourquoi chercher à réduire la durée de ce type d’accouchement en particulier? Tout d’abord, parce que le premier accouchement est généralement plus long que les suivants — les obstétriciens croient que ça peut être une question de physionomie, mais rien n’a encore été démontré. «Par ailleurs, l’induction prolonge généralement la durée de l’accouchement, car on force un peu la nature, surtout pour les femmes qui n’ont pas eu de contractions avant d’être provoquées», soutient Dre Paré.
On calcule la durée totale du travail à partir du moment où la femme ressent des contractions régulières, douloureuses et qui entraînent une modification du col, jusqu’à la naissance du bébé. Quand le travail se déclenche spontanément, une grande partie peut être vécue à la maison, ce qui complexifie le calcul une fois à l’hôpital et le rend souvent imprécis. La durée d’un accouchement provoqué peut au contraire être calculée avec précision: elle est en moyenne de sept heures et demie lorsque le col est favorable, c’est-à-dire dilaté et aminci.
Plus rapide de 76 minutes
Pour les besoins de l’étude, les femmes ont été divisées de façon aléatoire en deux groupes: le premier a reçu le soluté salin habituellement administré, et le second a reçu un soluté salin dans lequel on a ajouté 5 % de sucre (une quantité qui correspond à environ une barre de chocolat toutes les quatre ou cinq heures). Résultat: la durée de l’accouchement du second groupe a été plus rapide de 76 minutes en moyenne, sans faire augmenter le taux de complications pour la mère et le bébé.
À l’heure actuelle, il existe tout de même quelques contre-indications à l’administration du soluté sucré, notamment pour les femmes diabétiques, à cause de l’apport en sucre, et pour les femmes à risque de surcharge de liquide pendant le travail —celles qui souffrent de malformations, de problèmes cardiaques ou de prééclampsie (hypertension de grossesse) —, à cause de l’apport en liquide qui pourrait entraîner des complications, comme l’œdème pulmonaire (de l’eau dans les poumons).
Accessible dès maintenant?
Oui, les femmes qui accouchent de leur premier bébé par induction peuvent en faire la demande dès aujourd’hui. Accessible, ce soluté sucré est déjà utilisé dans tous les hôpitaux du Québec, entre autres pour les personnes qui doivent rester à jeun avant de subir une opération. «Par contre, pour l’instant, les cliniciens qui n’ont pas encore pris connaissance de l’étude pourraient refuser. C’est assez long avant de réussir à partager l’information avec tous les cliniciens et avant que ceux-ci changent leur pratique», fait remarquer Dre Paré, qui espère que les prochains guides cliniques sur l’induction du travail incluront sa recommandation afin d’accélérer le processus.
Si l’étude porte spécifiquement sur les accouchements induits, Dre Paré croit qu’il est important de voir si les résultats s’appliquent aussi à d’autres types d’accouchements. «Nous poursuivrons nos recherches avec des femmes qui n’en sont pas à leur premier accouchement ou qui accouchent naturellement, mais dont le travail stagne», conclut-elle.
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