Grossesse
L’anorexie pendant la grossesse
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Riche en bouleversements physiques et émotionnels, la grossesse constitue un facteur de stress important pour les femmes sujettes aux troubles alimentaires.
Jusqu'à 10% des femmes entretiennent des soucis pathologiques à propos de leur poids, même si peu d'entre elles développeront un réel trouble alimentaire au cours de leur vie. «L'anorexie est une obsession autour de l'alimentation et de la minceur, qui peut être accompagnée de crises de boulimie. Elle entraîne une perte de poids importante, un arrêt des menstruations et plusieurs autres complications, dont une faible estime de soi», rappelle la Dre Marie-Julie Cimon, médecin psychiatre au CHU de Québec, programme d'intervention des troubles des conduites alimentaires (PITCA). Pour celles qui en souffrent, la grossesse pose des défis particuliers.
La grossesse: une prise de poids inévitable
La prise de poids attendue lors d'une grossesse varie en fonction du poids santé des futures mamans.
En moyenne:
- celles en dessous de leur poids santé (IMC de moins de 19) prendront de 12,5 à 18 kg (28 à 40 lb);
- celles qui ont un poids santé (IMC de 19 à 25) prendront de 11,5 à 16 kg (25 à 35 lb);
- celles au-dessus de leur poids santé (IMC de plus de 25) ne devraient pas prendre plus de 11,5 kg (25 lb).
(Attention, ces chiffres n'ont qu'une valeur indicative. On évite de tirer des conclusions hâtives: une femme qui prend peu de poids durant sa grossesse ne souffre pas nécessairement d'anorexie!)
Il est difficile de prédire comment les femmes qui souffrent d'anorexie ou de boulimie réagiront par rapport à leur prise de poids. «Il y a trois principales avenues: une minorité verra sa situation s'améliorer, acceptant de prendre du poids pour la santé du bébé; la plupart verront leur situation se détériorer, ayant beaucoup de mal à gérer les changements physiques; tandis que certaines femmes asymptomatiques tomberont ou retomberont dans la maladie pendant leur grossesse», précise Dre Cimon.
En plus d'augmenter les risques d'accouchement prématuré et les complications liées au travail, la malnutrition entraîne des problèmes de santé imminents pour la future maman (anémie, carences, faible prise de poids) et son bébé (retard de croissance, malformations).
Une aide appropriée
Avec un suivi médical, psychologique et nutritionnel, une femme anorexique peut vivre une grossesse saine. Mais il est primordial, pour sa santé et celle du bébé, qu'elle trouve une aide adaptée. «Le suivi l'aidera à prendre conscience de son trouble, si ce n'est déjà fait, et à modifier progressivement son alimentation. Le but est d'assurer des apports alimentaires suffisants pour elle et le bébé et, éventuellement, d'en arriver à une prise de poids. En psychothérapie, elle travaillera sur les distorsions de son image corporelle et sur sa capacité à gérer ses émotions. Elle se préparera ainsi aux nouveaux défis qui l'attendent avec sa grossesse et son futur rôle de maman», explique Dre Cimon.
Des groupes communautaires et médicaux œuvrent dans toutes les régions du Québec pour aider les femmes souffrant d'un trouble alimentaire à mieux vivre leur grossesse. De bonnes portes d'entrée pour obtenir des références demeurent le CHU de Québec (pour la ville de Québec et l'est de la province) et l'Institut Douglas (pour Montréal et l'ouest du Québec).
Pour plus d'information: Anorexie et boulimie: comprendre pour agir, par Guy Pomerleau, Gaëtan Morin éditeur, 2001, 212 p., 47,95$.