Grossesse
Grossesse sympathique: mythe ou réalité?
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Il n’est pas rare de voir un futur père prendre du poids en même temps que sa conjointe enceinte. L’entourage parle parfois de grossesse sympathique en plaisantant… Le phénomène est pourtant bien réel!
Mathieu a pris quelques kilos. Charles a des sautes d'humeur et souffre de douleurs abdominales. Éric a parfois des nausées et Julien fait de l'insomnie ainsi que de l'anxiété. Étrangement, ces symptômes qui miment ceux d'une grossesse sont apparus de façon soudaine, en même temps que ceux de leur conjointe, qui, elle, est bel et bien enceinte!
Ce sont là des cas typiques de grossesse sympathique (aussi appelé syndrome de couvade). Bien qu'il ne soit pas reconnu par les autorités médicales, ce phénomène, qui touche de 8 à 10 % des futurs papas, est loin d'être un mythe. Il serait entre autres l'expression d'une petite crise de la paternité, d'un passage de l'homme vers son futur rôle de père. Ainsi, plutôt que de sous-estimer ce type de symptômes, ou même de s'en amuser, mieux vaut y porter une attention particulière.
«La grossesse sympathique devient une façon pour certains hommes de somatiser leurs angoisses face à la paternité», avance Raphaële Noël, psychologue clinicienne pour la famille et professeure-chercheuse spécialisée en transition à la parentalité de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). «La société accompagne mal les hommes dans leur futur rôle de père, ajoute-t-elle. Tous les services sont centrés sur la femme et sa grossesse, ce qui relègue les conjoints au simple rôle d'accompagnateurs. Pourtant, ils vivent eux aussi des craintes et, lorsqu'ils ne les expriment pas verbalement, c'est parfois le corps qui s'en charge.»
Un phénomène tabou?
«J'ai pris un peu de poids lorsque ma conjointe était enceinte, mais cela n'a aucun rapport avec sa grossesse, assure Patrice, père d'une fillette de 2 ans. C'est surtout dû à la trentaine et à l'alcool.» Combien de fois avons-nous entendu ce discours chez les nouveaux papas qui ont pris du coffre?
«Parmi les couples que nous avons étudiés, très peu ont établi un lien entre les malaises du futur papa et la grossesse de leur conjointe», confirme Raphaële Noël. D'autant plus que la majorité des symptômes (à part le poids qui s'installe parfois à plus long terme) disparaissent avec l'accouchement, comme si le nouveau papa se libérait enfin de ses peurs en embrassant concrètement sa paternité.
Surtout, ne pas s'inquiéter!
Quoi qu'il en soit, il n'y a pas lieu de s'alarmer. «Contrairement à la femme, qui peut vivre les enjeux psychologiques de la maternité dès qu'elle tombe enceinte, l'homme doit construire sa paternité à venir dans sa tête. C'est donc important de favoriser une bonne communication au sein du couple tout au long de la grossesse afin de l'aider à exprimer verbalement ce qu'il traverse par rapport à cette nouvelle étape de sa vie», conclut la psychologue.