Grossesse
Choisir d'accoucher avec une sage-femme
Ariane Morissette, sage-femme à la maison du Boisé à Blainville
L’idée d’accoucher avec une sage-femme est séduisante, mais comment s’y prendre quand on sait que les maisons de naissance croulent sous les demandes. Trucs et conseils pour choisir celle qui suivra notre grossesse.
Les services de sage-femme sont gratuits et accessibles à toutes les femmes enceintes... en bonne santé. En effet, les sages-femmes ne sont pas autorisées à suivre les grossesses à risque. «Dans certains cas moins évidents, le suivi avec une sage-femme est possible, mais nous demandons à la femme de consulter un médecin au préalable», explique Ariane Morissette, sage-femme à la maison de naissance du Boisé, dans les Laurentides. «On ne peut pas, par exemple, accompagner les femmes enceintes de jumeaux ou atteintes de sclérose en plaques», ajoute-t-elle. Les femmes qui ont des doutes quant à leur admissibilité peuvent consulter le site web de l'Ordre des sages femmes du Québec.
Trouver une sage-femme
Les femmes qui désirent accoucher avec l'aide d'une sage-femme doivent cependant faire preuve de patience et de persévérance. Le nombre de maisons de naissance étant insuffisant pour répondre à la demande, elles doivent réserver leur place rapidement. «Il faut faire vite! Les listes d'attentes sont longues. Dans certaines régions, il n'est pas rare qu'on refuse des femmes enceintes de 12 ou 13 semaines», confie Ariane Morissette.
Même si le couple a des appréhensions ou hésite à faire appel aux services d'une sage-femme, c'est le test de grossesse encore humide qu'il faut faire les démarches nécessaires. «Tout ce dont nous avons besoin, précise Ariane Morissette, c'est la date des dernières menstruations. Après la rencontre d'information, il sera toujours temps de se désister et de céder sa place.»
Des sages-femmes toujours disponibles
La sage-femme assure un suivi périnatal complet. Elle suit la grossesse, l'accouchement et fait les rencontres postnatales jusqu'à la sixième semaine du bébé. Les rencontres prennent la forme d'un dialogue et durent environ 45 minutes. Elles sont mensuelles, avant la 28e semaine de grossesse, aux deux semaines entre la 30ième et la 38e semaine, puis hebdomadaires jusqu'à l'accouchement.
Les sages-femmes pratiquent en équipes de deux ou trois, de manière à couvrir une semaine complète, 24 heures par jour. Cette équipe, que connaissent bien la femme et son conjoint, permet de répondre en tout temps aux inquiétudes et autres urgences pouvant survenir en cours de route. Elles répondent aux questions jour et nuit!
Jouer un rôle actif dans sa grossesse
Pour Ariane Morissette, l'approche sage-femme est toute désignée pour celles qui désirent jouer un rôle actif dans leur grossesse et leur accouchement. La sage-femme donne l'information et présente les alternatives, mais les décisions appartiennent toujours à la femme et à son conjoint. Son rôle est de les informer et de les appuyer dans leurs décisions.
«Notre approche allie suivi médical, selon des paramètres normaux, et suivi global. La relation entre la sage-femme et la cliente demeure personnelle et égalitaire, même si nous pouvons prescrire des échographies, des amniocentèses et faire des prélèvements sanguins», explique-t-elle. Pour une sage-femme, le lien de confiance avec la future maman est au cœur de l'expérience de la grossesse et de l'accouchement.
Et si la future maman n'a aucune affinité avec sa sage-femme? «Elle n'a qu'à demander à changer de sage-femme et nous tenterons de l'accommoder, assure Mme Morissette. Parce que même si nous avons toute la même approche, nous la teintons inévitablement de notre personnalité. Mais, règle générale, le hasard fait bien les choses. Les demandes de changements sont particulièrement rares.»
Maison de naissance, hôpital ou domicile?
Le choix du lieu de l'accouchement est au nombre des décisions que doivent prendre les couples qui choisissent une approche sage-femme. Trois options s'offrent à eux: accoucher à la maison de naissance, à leur domicile ou en milieu hospitalier.
Choisir d'accoucher à la maison de naissance, c'est choisir un accouchement naturel dans un lieu familial et humain. Chaleureuses, les chambres ressemblent à des chambres d'hôtel et permettent à celles qui le désirent d'accoucher dans l'eau. En maison de naissance, la femme est libre de circuler, de boire ou de manger pendant le travail. S'il y a des complications, elle est tout simplement transférée au centre hospitalier le plus près.
Pratiqué en toute sécurité, l'accouchement à domicile est aussi une option qui comporte de nombreux avantages. L'endroit est familier et sécurisant sur le plan psychologique. Pendant le travail, la femme est libre de circuler et de poursuivre ses occupations habituelles, comme faire la lessive, regarder la télé ou prendre un bain. Puisque ce sont les sages-femmes qui se déplacent, la future mère n'a aucune préoccupation de transport pour aller à l'hôpital et revenir à la maison par la suite. Elle a cependant un minimum de préparation à faire avant l'accouchement.
Grâce à des ententes conclues avec les Centres de santé et de services sociaux, il est également possible d'accoucher à l'hôpital avec l'aide d'une sage-femme. Mais attention! Cette option qui en rassure plusieurs ne donne pas accès à l'épidurale et au «monitoring» du bébé. Il s'agit toujours d'un accouchement naturel pratiqué par une sage-femme, mais il se déroule dans une chambre «louée» à l'hôpital.
Si tout se passe normalement, la femme accouche et y séjourne environ quatre heures. Le suivi se fait au domicile du couple, les jours suivants. Si l'épidurale est nécessaire, la sage-femme laisse la place à l'équipe médicale et lui transfère le dossier.
Pour en savoir plus:
Ordre des sages-femmes du Québec
Regroupement Les sages-femmes du Québec
Coalition pour la pratique sage-femme
Le Regroupement Naissance-Renaissance
Suggestion de lecture
Une naissance heureuse, Isabelle Brabant, Éditions Saint-Martin, 2001.
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