Grossesse
Bien préparer son AVAC
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Il est révolu, le temps où une femme qui vivait un accouchement sous césarienne était condamnée à la chirurgie pour ses grossesses suivantes. Comportant moins de risques pour la mère et le bébé, l’accouchement vaginal après une césarienne (AVAC) est même encouragé de nos jours.
«À ma deuxième grossesse, c'était clair pour moi que je voulais tenter un AVAC. Pour être sur pied plus rapidement, mais surtout pour accoucher "pour vrai". Je voulais vivre ce moment que tout le monde qualifie de magique», confie Annie, maman de trois enfants de 17 mois, 3 ans et 5 ans.
Au Canada, le taux de réussite de l'AVAC se situe entre 50% et 85%, selon le type de complication qui a conduit à la césarienne au premier accouchement. Les femmes qui ont le plus de chances de réussir leur AVAC sont celles dont le travail débutera naturellement, qui ont déjà mené à terme un accouchement vaginal ou qui ont subi une césarienne pour une cause que l'on dit non récurrente (ex.: bébé en siège, détresse fœtale).
Par contre, les femmes qui ont déjà accouché par césarienne parce que leur travail ne progressait plus, qui ont subi plus d'une césarienne ou qui ont deux accouchements rapprochés (moins de 18 mois) ont un taux de succès moins élevé. Par ailleurs, l'AVAC n'est pas une option envisageable pour celles qui présentent une contre-indication au travail, comme un placenta praevia ou une ancienne chirurgie utérine importante.
Changer les mentalités
«Beaucoup de gens entretiennent la perception fausse que la césarienne est plus sécuritaire que l'AVAC. Au contraire, les complications croissent avec chaque césarienne, tandis qu'elles décroissent après chaque AVAC. Pour changer les mentalités, il faut expliquer aux couples les bienfaits d'un accouchement vaginal pour la mère et le bébé ainsi que les risques d'une césarienne», pense Hélène Vadeboncoeur, chercheuse en périnatalité et auteure d'Une autre césarienne ou un AVAC? S'informer pour mieux décider.
Parmi les bienfaits d'un accouchement naturel, notons des relevailles plus faciles pour la mère et la possibilité d'un contact physique avec l'enfant tout de suite après l'accouchement. Les complications possibles sont toutefois nombreuses pour la femme qui subit une césarienne: infections graves, hémorragie, ablation de l'utérus, embolie, arrêt cardiaque. «Selon les études, la césarienne contribuerait à l'accroissement de certaines maladies auto-immunes chez les enfants, comme le diabète juvénile, l'asthme, l'obésité infantile et les allergies, parce que le bébé n'est pas exposé à la flore bactérienne de sa mère à la naissance», souligne Hélène Vadeboncoeur.
Le seul risque que comporte un AVAC est celui de rupture utérine, qui mène à une chirurgie d'urgence. L'incidence est relativement faible, de 0,5% à 1%, mais elle peut entraîner de graves complications pour la mère et l'enfant.
Le jour J
Le Dr Marc-Yvon Arsenault, gynécologue-obstétricien à l'Hôpital de LaSalle, explique que l'AVAC se déroulera comme n'importe quel autre accouchement. «Nous serons plus prudents dans nos interventions, dit-il. On ne déclenchera pas le travail avec des prostaglandines, par exemple, parce que ça augmente le risque de rupture utérine. Mais on fera un suivi plus serré pour surveiller l'état du bébé et les signes de rupture utérine.»
Bref, une femme qui tente un AVAC doit évidemment pouvoir compter sur le soutien des professionnels qui l'accoucheront, mais elle doit surtout avoir confiance en ses capacités d'enfanter de façon naturelle, tout en entretenant des attentes réalistes face à son accouchement. «La décision de tenter un AVAC revient à la patiente, conclut le Dr Arsenault. Bien informée, elle sera en mesure de prendre une décision éclairée, mais ça restera toujours sa décision au final.»