Grossesse
Comment faire le deuil de l'accouchement parfait?
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L’arrivée de bébé ne s’est pas passée comme on l’avait imaginé? Voici les conseils d’une professionnelle pour se remettre d’un accouchement difficile psychologiquement.
Avant la naissance de l'enfant, on imagine une mise au monde idéale. Par exemple, on pensait accoucher naturellement en écoutant un enregistrement d'autohypnose, mais finalement, on n'a pas suivi le plan de naissance prévu et on a accouché par césarienne d'urgence au bout de 20 heures de travail.
Un écart entre les attentes et la réalité
Qu'arrive-t-il lorsque notre scénario de rêve laisse place à une réalité tout autre? «La différence entre ce qu'on espérait et ce qui s'est réellement passé est parfois difficile à accepter. Certaines mères croyaient pouvoir tenir les rênes de leur accouchement de la même façon qu'elles gèrent leur vie professionnelle, par exemple», affirme Véronique Boisvert, sexologue clinicienne et accompagnante périnatale. «Le hic, c'est que la plupart du temps, on n'a pas d'emprise sur la situation. Le corps et le bébé décident», poursuit l'auteure du livre Bien vivre sa période postnatale. «Comme dans tout deuil, il faut laisser le temps passer, afin d'accepter la situation tranquillement», explique Mme Boisvert, également directrice du centre En t'attendant.
Se sentir agressée lors de l'accouchement
Si de nombreux médecins et infirmières usent de délicatesse et laissent la maman dans sa bulle pendant le travail, certains s'imposent. «Par exemple, un médecin entre dans la chambre d'une femme en contraction en lui disant que plusieurs étudiants assisteront à son accouchement. À ce moment, la mère n'est pas en mesure de faire un choix éclairé et peut se sentir agressée», déplore la sexologue. «En discutant avec certaines patientes ayant vécu ce type de situation lors de l'accouchement, je constate qu'elles ont les mêmes symptômes qu'une personne en choc post-traumatique.»
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Comment s'en remettre?
La sexologue suggère de se focaliser sur les aspects positifs de notre situation. «En portant notre attention sur ce qui s'est bien passé et sur le bébé, on rumine moins les déceptions. On constate alors que tout n'était pas catastrophique.» Pour ce faire, le vocabulaire choisi est important. «J'entends souvent: "Je n'ai pas accouché, car j'ai eu une césarienne", les femmes s'enlèvent elles-mêmes le privilège de l'accouchement. Elles n'ont pas accouché comme elles le voulaient soit, mais elles l'ont fait quand même!», affirme Mme Boisvert.
Finalement, on lâche prise sur les éléments indépendants de notre volonté, on évite de rester seule et on parle de notre expérience. «La plupart du temps, on s'apercevra qu'on n'est pas seule dans cette situation.»
Lorsqu'on a mal vécu certaines interventions du personnel hospitalier, on peut coucher nos pensées sur papier. «Qu'on la remette ou non au centre hospitalier où l'on a accouché, écrire une lettre adressée au personnel de l'établissement peut aider à déverser le trop-plein d'émotions», indique l'accompagnante périnatale. «Une autre manière de se départir de ce fardeau est d'en reparler avec notre médecin en lui demandant de passer le message à son équipe. Si, malgré toutes ces tentatives, le sentiment d'avoir été agressée nous envahit toujours, mieux vaut consulter un professionnel», conclut Mme Boisvert.