6-12 ans
Un camp de jour éducatif: une bonne idée?
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Faut-il profiter de l’été pour décrocher ou plutôt pour apprendre l’anglais, le violon ou une autre matière? On fait le point.
L'été, c'est fait pour jouer. La ritournelle de Passe-Partout a spontanément refait surface dans la tête d'Ariane Gaudreault lorsqu'est venu le moment d'inscrire ses deux fillettes à un camp d'été. À cause de sa «réalité», cette mère de famille de 35 ans ne peut faire autrement que d'y envoyer ses enfants, mais quel type de camp choisir: plutôt ludique ou plutôt éducatif?
Comme plusieurs parents, Ariane pourrait être tentée de profiter des vacances d'été pour élargir les horizons de ses filles. Un camp en anglais? Un peu d'escrime? Du piano? Les possibilités d'activités, de disciplines et de langues sont presque infinies, tellement l'offre de camps est vaste!
Est-ce une bonne idée de sacrifier la pause estivale des enfants pour augmenter leurs connaissances ou diversifier leurs expériences? «Cela varie d'un enfant à l'autre, répond Geneviève Marcotte, psychologue et auteure de Incroyable Moi maîtrise son anxiété. Certains enfants ont clairement besoin d'une pause, d'autres ont besoin d'être stimulés.» Règle générale, les enfants, comme les parents, ont besoin de vacances; c'est particulièrement vrai à la fin des classes. «Ils doivent changer de rythme et vivre sous un horaire différent de celui de l'école», dit Francine Ferland, ergothérapeute et professeure émérite de la Faculté de médecine de l'Université de Montréal.
Un camp de jour ludique, où le plaisir et la liberté priment, peut être une bonne solution. «L'enfant va s'y aérer l'esprit, faire de nouvelles expériences dans un cadre qui n'est pas trop rigide», souligne Mme Ferland. Pour la psychologue Nadia Gagnier, rien n'égale le temps passé en famille. «C'est en les observant qu'on apprend à les connaître, dit-elle, et on voit quels sont leurs centres d'intérêt et leurs passions.» Les enfants qui restent à la maison, sans programme particulier, risquent-ils de s'ennuyer? Oui... et c'est tant mieux! Tourner en rond est sain pour les enfants: cela leur permet de développer leur autonomie et leur créativité, relate Mme Ferland. «Ils ont besoin de temps libre où ils décident eux-mêmes du jeu et de sa durée», précise-t-elle.
Si l'enfant réclame d'essayer un nouveau sport, d'apprendre une langue ou de découvrir une discipline, les parents peuvent considérer l'option d'un camp spécialisé... sans pousser sur la performance. «C'est l'été, dit Mme Marcotte. La notion de plaisir doit primer et on veut faire baisser le niveau de stress, pas l'inverse!» Elle cite l'exemple d'un petit joueur de hockey qui ne veut pas s'arrêter pendant l'été: «S'il veut poursuivre pendant l'été, pourquoi pas.» Elle ajoute du même souffle que cela doit venir de l'enfant lui-même, et non des parents.
Les trois spécialistes de l'enfance sont unanimes: il y a de plus en plus de cas d'anxiété chez les enfants. «Ils ont une intolérance à l'incertitude, tout doit être prévu, explique Nadia Gagnier. Les parents ne doivent pas mettre la barre trop haut, car devant l'échec, l'enfant s'effondre.» L'idéal est de fixer des objectifs réalistes: si l'enfant rencontre des obstacles, il les voit comme un défi, il apprend à les surmonter et il développe son sentiment de compétence.
C'est justement là-dessus qu'Ariane a l'intention de se concentrer cet été: nourrir le niveau affectif plutôt que cérébral de ses filles, dans le but de renforcer leur confiance en elles. «Elles passeront trois semaines en camp et cinq semaines avec moi», confie-t-elle, visiblement heureuse de son arrangement.