6-12 ans
TDAH: Mon enfant est-il seulement plus immature?
Des chercheurs ont découvert que les enfants les plus jeunes d’une classe sont plus à risque de recevoir un diagnostic de TDAH que leurs camarades plus âgés, parce qu’ils sont plus immatures. Comment éviter le faux diagnostic?
Des chercheurs taïwanais ont récemment publié une étude dans le Journal of Pediatrics soutenant que plus les enfants naissent près de la date limite d'entrée à l'école, plus ils sont immatures et, par conséquent, à risque de recevoir un diagnostic de TDAH par rapport à leurs camarades de classe plus âgés.
Ces résultats viennent corroborer ceux d'une étude publiée aux États-Unis en 2010, qui a démontré que, dans une classe de maternelle, les plus jeunes ont 60% plus de risque de recevoir un diagnostic de TDAH que les autres et, qu'à la fin du primaire, ils sont presque deux fois plus nombreux à prendre régulièrement des stimulants pour traiter leur TDAH. Selon cette étude, près d'un million d'enfants aux États-Unis ont été faussement diagnostiqués et sont médicamentés pour traiter un TDAH, alors qu'il s'agit en fait d'immaturité.
On ne dispose pas encore de statistiques pour le Québec, mais le Dr Benoît Hammarrenger, neuropsychologue, assure que notre situation est similaire. À sa clinique, près de 20% des enfants qui consultent pour un problème de TDAH reçoivent un autre diagnostic. «La région du cerveau responsable de l'attention se développe de façon accélérée entre 6 et 9 ans. Alors, une différence de quelques mois à ces âges peut faire une énorme différence dans le fonctionnement d'un enfant en classe, soutient-il. Au Québec, les enfants nés en août et en septembre ont tendance à avoir des comportements moins matures, à être plus agités en classe et avoir une attention plus courte, surtout lors des deux premiers cycles du primaire.»
Pour échapper au faux diagnostic
Si notre enfant a reçu un diagnostic de TDAH, mais que l'on soupçonne plutôt une immaturité, on n'hésite pas à demander un second avis. «Certains professionnels posent un diagnostic en se basant uniquement sur une liste de symptômes établie par les parents ou le professeur, mais ce n'est pas suffisant, affirme le neuropsychologue. L'immaturité s'ajoute à d'autres conditions que l'on appelle les " faux TDAH ", comme l'anxiété, la dyslexie, les troubles du langage et même la douance, qui peuvent amener des comportements en classe susceptibles d'être confondus avec des symptômes de TDAH.»
À LIRE AUSSI: Surdiagnostique-t-on le TDAH?
Les neuropsychologues sont les professionnels les mieux placés pour faire le lien entre le comportement de l'enfant et le développement des différentes parties de son cerveau et ainsi confirmer ou rejeter un diagnostic de TDAH. Ces derniers font une évaluation complète de l'enfant, comprenant entre autres des questionnaires mesurant les symptômes à la maison et à l'école, mais aussi des tests d'attention, des tests mesurant les autres capacités cognitives (mémoire, raisonnement, planification, compréhension) ainsi qu'une investigation psychoaffective (anxiété, estime de soi, tristesse). «Pour établir un diagnostic le plus juste possible, on comparera les résultats avec des enfants du même âge et non pas avec ceux de la même année scolaire», précise Benoît Hammarrenger.
À l'école
Retarder l'entrée scolaire de l'enfant peut-elle être une solution? «C'est une démarche très rare et complexe, répond le neuropsychologue. Il faut réussir à démontrer que son entrée à la maternelle lui causera des préjudices graves, tels que des troubles sociaux importants ou un risque d'échec significatif dans ses apprentissages.»
Au lieu de quoi, on peut sensibiliser le professeur au «facteur immaturité» de son enfant et lui demander un encadrement particulier, comme l'asseoir dans la première rangée de la classe, lui donner plus de temps pour faire ses examens, lui permettre de bouger plus souvent en classe ou travailler debout.