13 ans et plus

Quand notre grand quitte le nid

Quand notre enfant part de la maison

  Photographe : Anne Villeneuve

Pas facile de regarder notre enfant prendre son envol et quitter la maison pour toujours. Comment franchir cette étape avec sérénité? Notre collaboratrice partage son expérience.

Pour mon fils, né en août, c’est comme si chaque étape de sa vie arrivait toujours un peu trop vite. Après son cinquième anniversaire, il n’a pas eu le temps de dire qu’il avait hâte d’aller à l’école qu’il entrait à la maternelle.

Aujourd’hui, c’est lui qui me prend par surprise. À tout juste 19 ans, il part pour étudier à deux heures de route de la maison. Bien sûr, j’ai crié de joie avec lui quand il a été accepté dans son programme, mais j’ai des pincements au coeur à l’idée qu’il ne vivra plus avec nous au quotidien. On sait bien que nos enfants vont partir un jour. Mais je ne pensais pas que ça arriverait si vite ni que ça me ferait vivre autant d’émotions.

«Toute nouvelle étape, même si elle est joyeuse, implique la fin de quelque chose, indique Sylvie Boucher, psychologue et coach de vie. Il y a un deuil à faire. Si on se définit beaucoup par notre rôle de parent, on peut avoir l’impression de perdre une partie de notre vie quand notre grand quitte le nid.» Édith, maman de trois jeunes adultes de 23, 21 et 19 ans, a trouvé le départ de son aîné très difficile à vivre. «J’ai beaucoup vécu pour mes enfants, et ç’a été terrible de le voir partir, raconte-t-elle. C’est comme si on m’arrachait un membre. Il est très indépendant et organisé, je ne m’inquiétais pas pour lui, mais c’est le détachement physique qui a été dur. Même chose quand ma fille est partie l’an dernier, ç’a été comme un coup de massue! On s’appelle, on se texte, mais ce n’est pas comme les avoir près de moi.»

Les pères vivent souvent mieux cette période. «Ils favorisent vite l’autonomie de leurs enfants, constate Mme Boucher. Ils voient dans leur départ l’avantage d’avoir plus de temps avec leur conjointe.» Certaines mères ont, de leur côté, tellement de mal à s’adapter au changement qu’elles peuvent avoir des symptômes de dépression légère. «Pour prévenir le coup, on peut dès l’adolescence donner des responsabilités à son jeune, accepter de le laisser vivre ses propres expériences et s’assurer d’avoir des activités à soi», poursuit-elle.

C’est ce qui a aidé Édith à traverser ce passage. «Quand j’ai compris que mes grands étaient heureux de vivre leur vie, je me suis mise à penser davantage à moi, dit-elle. J’ai recommencé à sortir, à revoir des amies, j’ai changé d’emploi et j’ai redécouvert le plaisir de la danse.» Quand les enfants partent, ça crée un vide, mais ça nous donne aussi de la liberté! «Ça crée des moments à nous, et il y a de belles découvertes à faire, dit Sylvie Boucher. Ce n’est pas juste la fin, c’est le début de quelque chose.»

À bien y réfléchir, c’est justement le début d’une nouvelle aventure qui me chavire autant. Mon fils part faire des études qui le stimulent. Je le sens prêt et motivé. Alors, quand l’émotion me gagne, je n’ai pas de peine. Je suis touchée parce que c’est si beau de le voir devenir un adulte heureux. Ça me rend tellement fière que, parfois, ça me fait pleurer!

Julie Leduc est maman de deux garçons de 19 ans et 15 ans.

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