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Mon enfant n’aime pas son professeur
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Ses notes ont dégringolé, son enseignant se plaint de son comportement. Que faire lorsque notre enfant n’aime pas son professeur? Un cas peu fréquent, mais inquiétant, qui se présente surtout au secondaire.
Alex le sage, insolent? L'élève de première secondaire qui trime fort et obtient de bonnes notes admonesté par son professeur? La cause de cette «métamorphose»: l'ado n'aime pas son prof. Le mal ciblé, on a trouvé le remède: Alex n'ouvre plus la bouche en classe pour proférer des commentaires désobligeants, mais il peut s'offrir quelques moments de «défoulement verbal» dans le bureau de la psychoéducatrice après les cours. Une seule séance fut nécessaire pour que le ressentiment d'Alex s'estompe.
La situation est mi-fictive, mi-réelle. Elle illustre un mal peu fréquent, mais préoccupant pour les parents: l'animosité élève-professeur. Heureusement, la communication et la médiation permettent d'éviter l'issue ultime du changement de classe.
«Nous avons parfois des épisodes de mésentente, mais les cas de conflit sont extrêmement rares; à peine un par année», indique Josée Barsalou, psychologue à la Commission scolaire de la Vallée-des-Tisserands.
Plus fréquent au secondaire
Les frictions entre les professeurs et les élèves font plus de bruit au secondaire, estime Isabelle Jean, intervenante en psychoéducation à l'École de la Baie-Saint-François, à Salaberry-de-Valleyfield. La raison? La contestation de l'autorité est le propre de l'adolescence, précise-t-elle.
«Je le trouve bête», «Il ne sourit jamais», ou même «Mon prof n'est pas bon» comptent parmi les causes de l'aversion des enfants ou des ados pour leur professeur.
Bon nombre d'entre eux confient leurs «tourments» aux spécialistes de la psychologie scolaire avant même d'en faire part à leurs parents! «Aujourd'hui, les jeunes sont habitués à avoir accès à ces ressources d'aide et ils y ont recours de leur propre gré», explique madame Jean.
Comment réagir comme parent
L'enfant lance habituellement sa petite bombe à l'oreille de ses parents. Pour désamorcer l'impact de cette déclaration - «Je n'aime pas mon professeur» -, ceux-ci doivent d'abord l'inviter à exprimer en des termes plus concrets cette animosité envers son enseignant, souligne Josée Barsalou. «On peut lui demander depuis combien de temps cela dure, comment il se comporte quand ça (les situations déplaisantes) arrive, ce qu'il n'aime pas de lui (ou d'elle), mais aussi tenter de savoir s'il a déjà essayé de régler le problème et de quelle façon.»
Bien entendu, l'intimer d'aller jouer et de chasser ces pensées est la réaction à proscrire, précise madame Barsalou.
Les racines du mal ainsi déterrées, les parents devraient ensuite aller à «la pêche à l'information» auprès de leur enfant, mais également du professeur de ce dernier et du groupe de sa classe, poursuit la psychologue scolaire. On peut par exemple demander au jeune de qualifier l'intensité de sa mésentente en en indiquant le niveau sur une échelle de 1 à 10.
«Les parents peuvent aussi regarder du côté de l'enseignant, indique Josée Barsalou. S'agit-il d'une personne peu expérimentée ou d'un professeur en fin de parcours? Le groupe est-il particulièrement difficile? Et quelle est la philosophie de l'école en ce qui a trait à la collaboration école-famille?»
Règlement du litige élève-professeur
Le «litige» élève-professeur prend presque toujours fin à la troisième étape du processus de sa résolution, signale la psychologue, lors de la première discussion entre les parents, l'enseignant et parfois la direction de l'école. Les parties doivent s'exprimer ouvertement et opter pour une solution qui convienne à tous pour que cette communication soit fructueuse, ajoute madame Barsalou.
Les remèdes sont bien sûr choisis en fonction des maux et peuvent donc prendre diverses formes, comme celle de l'entente évoquée au début de cet article entre l'élève de première secondaire et son intervenante: pas de remarques injurieuses envers le professeur, mais le jeune peut en revanche se «défouler» auprès de la psychologue en fin de journée.
Les intervenants et l'enseignant évaluent par la suite l'effet du règlement entre les parties, ajoute Josée Barsalou.
Pas de changement de classe
La psychologue souligne que l'école ne peut envisager, même en dernier recours, le changement de classe pour l'enfant qui n'aime pas son professeur, en raison de contraintes telles que le ratio professeur-élèves et la présence d'élèves en difficulté.
«Il ne faut cependant pas oublier, tout au long de ce processus, de faire comprendre à l'enfant qu'il doit assumer sa part de responsabilité, même si elle est minime, en l'amenant à développer "un lieu de contrôle interne", plutôt que de toujours se positionner en victime impuissante, précise Josée Barsalou. C'est le bon moment pour lui apprendre des stratégies de résolution de problèmes.»
Quoi qu'il en soit, il est rare que l'acrimonie des élèves soit liée à la personnalité entière de l'enseignant: l'enfant a plutôt de la difficulté à composer avec une ou quelques facettes de cette dernière, signale la psychologue.
Les enfants, renchérit Isabelle Jean, possèdent la capacité de s'adapter à une grande diversité de personnes. Après tout, nous vivons dans un monde aux multiples couleurs et cultures.