13 ans et plus

Ma fille se trouve grosse: que faire?

Ma fille se trouve grosse: que faire?

  Photographe : Anne Villeneuve

Elle trouve ses cuisses énormes et sa poitrine trop forte: quoi faire et, surtout, quoi lui répondre? Les conseils avisés de deux spécialistes.

Une réunion de famille autour de la piscine, l'été dernier. Un verre de rosé à la main, la conversation bifurque (encore une fois) sur l'alimentation et le poids. J'en profite pour glisser un mot sur le thigh gap, la nouvelle obsession des adolescentes, dont j'avais entendu parler dans les médias. «Les filles se tiennent debout, les pieds joints, et s'assurent d'avoir le plus grand écart possible entre leurs cuisses», racontai-je.

- Voyons donc, s'étonne ma belle-soeur, c'est pratiquement impossible à avoir!
- Je sais. Heureusement, la tendance n'est pas encore arrivée à l'école de mes filles.
- Euh, maman, tout le monde fait ça à mon école, intervient mon aînée de 15 ans.
- À mon école aussi, renchérit ma nièce de 14 ans, qui habite une autre ville.
- Vous ne semblez pas en être obsédées...
- Peut-être parce que notre écart entre les cuisses est assez grand», suggère ma deuxième fille de 13 ans.

Ce fameux écart a longtemps tourmenté la fille de mon amie Isabelle. À 13 ans, elle se trouvait déjà grosse. Ses cuisses se touchaient et elle jugeait ses seins trop gros. «Quand elle s'assoyait, elle regardait ses cuisses s'étendre et les trouvait énormes, m'a confié sa mère. Elle ne mangeait presque plus et s'habillait dans des vêtements amples pour cacher ses formes. Elle a perdu presque 10 livres en un an.»

Mon amie était si inquiète qu'elle a demandé à la direction de l'école de s'assurer que sa fille mange suffisamment au dîner. Elle craignait surtout qu'elle ne soit devenue anorexique, même si elle maintenait encore son poids santé.

«Il peut être préoccupant de voir notre adolescente s'en faire avec son tour de taille, avoue la psychoéducatrice et auteure Solène Bourque, mais la situation n'est pas nécessairement alarmante. En début d'adolescence, les filles prennent du poids, leur corps accueille de nouvelles courbes et leurs seins se développent. C'est normal que certaines filles se trouvent grosses, parce qu'elles ne sont pas encore familières avec leurs formes.»

Par contre, si la situation se présente, elle recommande de ne pas attendre et d'ouvrir la discussion, en posant des questions ouvertes: «Tu manges moins. Qu'est-ce qui ne va pas? Quelles parties de ton corps n'aimes-tu pas exactement? » On peut ensuite lui proposer de manger mieux et de bouger davantage, en ajoutant plus de fruits et de légumes au menu et en l'inscrivant à une activité sportive.

Mais s'il s'agissait d'un trouble alimentaire? Le Dr Jean Wilkins, qui a travaillé plus de 35 ans auprès des jeunes filles anorexiques, remarque qu'elles ont un profil psychologique particulier. «L'anorexique répond à toutes les exigences sociales: elle est brillante sur le plan scolaire, elle excelle dans tout ce qu'elle entreprend, elle sort peu, n'a aucune conduite addictive à risque et nourrit de belles ambitions sur le plan professionnel. Une source apparemment intarissable de fierté et de satisfaction pour sa famille et ses professeurs. Jusqu'au jour où sa maigreur se révèle pathologique», explique-t-il dans son livre Adolescentes anorexiques: plaidoyer pour une approche clinique humaine.

Heureusement, le profil psychologique de la fille de mon amie Isabelle n'était pas celui d'une personne anorexique. À 14 ans, elle a maintenant un amoureux qui la trouve jolie et parfaite comme elle est. «Elle ne parle plus jamais de son poids et semble tellement bien dans sa peau», raconte sa mère, qui avoue avoir profité de la crise de sa fille pour revoir son propre rapport à son poids et à la nourriture. «Je veux cesser de me dénigrer. C'est important pour moi d'être un meilleur exemple pour elle.»

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