13 ans et plus
La drogue chez les adolescents: mode ou mode de vie?
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Consommer de la drogue est une habitude tenace chez les adolescents. Comment faire pour que cette «mode» ne devienne pas un «mode de vie»?
C'est vendredi soir, Yé! Les parents d'Amélie sont partis en vacances dans le Sud et la maison est disponible juste pour nous autres. Et qui dit party dit consommation... Une grosse bière 1,18 litre pour se réchauffer, un gramme de pot acheté cet après-midi par mon chum... Il y a même un des gars du groupe qui prévoit apporter du speed ou de l'ecstasy: on ne sait pas trop la différence entre les deux, mais la curiosité pour l'essayer est là depuis longtemps.
Parvenir à se contrôler?
C'est Noël, c'est l'Halloween, il y a un show au Centre Bell, c'est la semaine de relâche, c'est la fête d'une amie, c'est un remplaçant au cours d'anglais en après-midi... Pour certains de tes amis, toutes les occasions sont bonnes pour consommer. Au Québec, c'est vers l'âge de 12 ans que les ados prennent leur première «puff». Aujourd'hui, c'est un étudiant sur trois qui a consommé des drogues au moins une fois au cours de la dernière année... Certains parviendront à contrôler et à encadrer leur consommation, d'autres n'y arriveront jamais...
Souvent, le problème, c'est que les conséquences négatives liées à la consommation s'installent lentement et, un jour, on se réveille avec un ami, des parents, des directeurs d'école et des intervenants sociaux qui nous disent qu'on a un problème et qu'on doit changer. Méchant réveil...
Donc, autant la consommation de drogue ou d'alcool peut être le fun, autant elle peut apporter des problèmes. Et souvent, lorsque l'on est pris dans ce tourbillon, c'est plutôt difficile de s'en sortir.
Cesser de consommer?
Si tu cesses de consommer, peut-être que les adultes autour de toi cesseront de te harceler à ce sujet. Quoi de mieux que d'éviter des discours moralisateurs d'adultes qui « savent, eux » ce qui est bon pour toi. Il y aura toujours d'autres sujets de dispute, mais au moins celui-là serait classé.
Consommer, c'est déprimer
Si tu cesses de consommer, tu seras moins déprimé. La substance que tu consommes modifie la chimie de ton cerveau. Une consommation régulière de drogue perturbe tes neurones qui, à la longue, développent une certaine « fatigue » et fonctionnent de moins en moins normalement: c'est là que la dépression survient. Les symptômes sont variables d'une personne à l'autre: troubles du sommeil, fatigue chronique, perte d'intérêt pour des activités que tu trouvais intéressantes, difficulté de concentration et de mémoire, sentiment d'être « pourri », pleurs, idées suicidaires, etc.
Chez certains, cet état dépressif est temporaire: en cessant de consommer, tu retrouves ton énergie au bout de quelque temps. Chez d'autres, les symptômes dépressifs sont permanents: alors, même avec l'aide de la médecine et des médicaments antidépresseurs, il est difficile pour certains consommateurs de retrouver une humeur stable.
Consommer, c'est s'encrasser
Si tu cesses de consommer, tu seras plus en forme. Tu connais déjà les effets néfastes de la cigarette; fumer un joint de cannabis encrasse tes poumons tout autant que 10 cigarettes.
Peut-être as-tu déjà entendu des gens dire que le pot, ce n'est pas si grave que ça, que c'est naturel. En fait, chaque fois qu'une personne inhale de la fumée de cannabis, c'est près de 500 produits chimiques qu'elle absorbe directement dans ses poumons: engrais, pesticides, benzopyrène, etc. Pour le « naturel », on repassera!
Pire encore, les fumeurs de cannabis inhalent la fumée plus profondément que la fumée de cigarette et la retiennent jusqu'au bout de leurs limites respiratoires: toutes les substances présentes ont alors l'occasion de bien adhérer aux bronches. Souvent, des problèmes d'asthme sont associés à la consommation de cannabis. Ne pas fumer, c'est la santé pour tes poumons. La mauvaise santé des poumons, c'est la première cause de mortalité au Canada.
Consommer, c'est mettre un pied dans la délinquance
Si tu cesses de consommer, tu n'auras pas de problème avec la Justice. Aujourd'hui, la consommation de drogue et d'alcool est tellement banalisée chez les jeunes que plusieurs pensent qu'il est légal d'en consommer ou d'en vendre. Mauvaises nouvelles pour ceux-là: consommer ou trafiquer peut entraîner des conséquences légales importantes.
On peut d'abord parler d'alcool au volant ou de conduite avec facultés affaiblies (incluant la conduite sous effet de drogues), les campagnes publicitaires sont claires là-dessus: « C'est criminel ». Donc, passage en cour, suspension et perte de permis, programme « Alcochoix », installation de système anti-démarrage sur le véhicule, suivi thérapeutique imposé par la cour, peine de prison...
La possession et la vente de stupéfiants peuvent aussi entraîner d'autres types de conséquences judiciaires: dossier criminel, passage en cour, amende, travaux communautaires, emprisonnement, etc.
Et qui dit dossier criminel dit difficulté à voyager. Avec un dossier criminel, il est plus difficile de trouver un emploi, et tu n'as plus le droit d'entrer aux États-Unis. Ça ne veut pas seulement dire que tu ne pourras plus aller dans le Dakota du Nord: ça veut aussi dire adieu New York, Old Orchard, Las Vegas et Los Angeles.
Consommer, c'est brûler son argent
Si tu cesses de consommer, tu seras plus riche. Si tu consommes, calcule ce que ça te coûte:
- un gramme de cannabis: 10 $
- un speed: 5 $,
- un ecstasy: 10 $
- un quart de gramme de cocaïne: 20 $
- une caisse de douze bières: 15 $
- un dix onces de Jack Daniels: 20 $
Fais le total sur une semaine, sur un mois, sur un an... Assez pour passer ton permis de conduire ou t'offrir un voyage dans le Sud d'ici un an. Ça arrive drôlement vite un an!
Oui, mais comment y arriver?
Tu te décides.
Tu te fais un plan.
Tu te trouves des alliés.
Tu occupes ton temps positivement.
Tu évites les personnes et les lieux qui t'incitent à consommer.
Allez, tu te remues!
Lisez notre dossier spécial sur la communication parents-adolescents.
Sources
Collectif d'auteurs, Drogues: savoir plus, risquer moins, Centre québécois de lutte aux dépendances, Montréal, 2006.