13 ans et plus

La création artistique à la rescousse des adolescents

La création artistique à la rescousse des adolescents

� Istockphoto.com Photographe : � Istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

Lorsque l'adolescent souffre d’un mal de vivre, la création artistique, puissant outil d’expression, peut l’aider à transformer ses maux en mots.

Après avoir lu ton dernier bulletin, tes parents menacent de te foutre à la porte, ton meilleur ami fait courir des rumeurs sur ton orientation sexuelle et ta blonde vient de te quitter pour un gars qui, lui, n'est pas asthmatique. Bref, tu es mauvais en classe, rejeté par tes parents, tu ne «pognes» pas et tu es malade des poumons? Chanceux, va! Tu seras bientôt riche et célèbre!

Créer plutôt que détruire

Je ne plaisante qu'à moitié. Mais autant on a besoin de nourriture, d'eau, de sommeil et de sexe, autant on a besoin d'art pour nourrir son esprit. À tous les âges de la vie, la création artistique peut devenir un puissant outil d'expression. Principalement lorsque l'on est adolescent et que l'on vit intensément toutes les émotions qui nous assaillent. À cette période, créer, c'est canaliser cette formidable énergie qui nous remue: certains voudraient tout foutre en l'air, voudraient se faire sauter la cervelle, voudraient faire exploser le stade olympique, avec la foule dedans. D'autres font des symphonies, des romans, des tableaux, des chaises, des poèmes ou inventent des logiciels. Au lieu de mettre la «switch» à «Off», ils la mettent à «On». Et ils créent.

Les émotions difficiles: une énergie renouvelable!

C'est souvent dans la souffrance que les grands créateurs de l'humanité ont puisé leur inspiration pour générer leurs plus grandes oeuvres: Bill Gates, l'homme le plus riche du monde, était un vrai «nerd» à l'adolescence. Beethoven, le grand compositeur, est devenu sourd dans la trentaine. Maurice Richard n'était qu'un misérable petit «French Canadian» pour les gens qui le payaient. Albert Einstein a été handicapé, tout petit, par des troubles de langage. Au lieu de tout casser, ces gens ont canalisé leur violence dans la création. Imagine les dégâts qu'ils auraient pu faire s'ils avaient donné libre cours à leur colère!

Comment mettre mes «maux» en «mots»?

Avant de penser à exprimer nos émotions, il faut être en mesure de les identifier. Avant de pouvoir mettre des mots précis sur des états d'âme, il suffit de prendre un peu de recul. Une émotion, c'est souvent comme un volcan, c'est explosif!

Amuse-toi, pour décrire ton mal de vivre, à trouver d'autres mots que «c'est cool» ou «c'est poche». Mettre des «mots» sur des «maux» est essentiel: colère, déception, rejet, peine, incompréhension, agressivité, peur... Un jeune écrivain français, Alexandre Jardin, en avait assez de la violence, du décrochage et de la drogue dans les banlieues parisiennes. Un jour, il a entendu un haut fonctionnaire français dire que «moins un humain possède de mots, plus il frappe dur». Ça lui a donné l'idée de lancer un programme pour donner du vocabulaire aux jeunes délinquants français, qui se sont mis à lire Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas et qui en raffolent. Mettre des mots sur des émotions, ça soulage!

Pour réussir cette étape d'identification, il faut que tu t'arrêtes, que tu t'assoies et que tu acceptes de vivre ton émotion avant de la mettre dans une petite boîte, où tu pourras la décortiquer à souhait. À ce stade, il faut sortir la «machinerie lourde» et creuser: regarder en soi, écrire, jaser avec un ami pourra te permettre de raffiner et de clarifier ce qui te prend au coeur. Plus ton état émotif sera clair, plus il sera facile de le partager avec ton entourage pour être mieux compris.

Que faire avec mes émotions?

Après avoir crié, pleuré ou claqué ma porte, qu'est-ce que je peux faire avec mon «malheur émotif»? Plusieurs options sont disponibles, à toi de trouver celle qui te convient le mieux.

La création artistique répond souvent au besoin d'une personne voulant exprimer son vécu personnel. À travers le dessin ou la peinture, on peut raconter au moyen de traits, de formes et de motifs toute cette ardeur qui nous habite. La couleur et ses nuances sont aussi des véhicules puissants pouvant aider à transmettre notre imaginaire. La sculpture, le moulage, le collage, la couture sont aussi d'autres modes intéressants d'expression manuelle.

L'écriture est également une voie royale allant directement du coeur vers l'extérieur de soi. Que ce soit des paroles de chansons, un conte, de la poésie ou une lettre de bêtises, des mots sur du papier font moins mal qu'un coup de poing dans un mur. De plus, une fois mis sur papier, on peut toujours prendre le temps de se relire: est-ce que c'est vraiment cela que je voulais dire? Est-ce que j'y ai été trop fort ou je me suis trop censuré? Est-ce que mes mots ont dépassé ma pensée? Pas de problème, la poubelle est là pour accueillir notre brouillon et le bouton «delete» est facilement accessible sur le coin du clavier. Et après? On commence à réécrire son histoire!

D'autres moyens sont aussi accessibles. La danse est un autre mode d'expression: le corps devient alors un outil de communication où, à travers les mouvements que l'on exécute, l'on dit ce que l'on ressent intérieurement. Le théâtre et l'improvisation sont aussi des moyens d'exprimer, par un rôle ou un personnage, nos préoccupations personnelles. Finalement, la musique et la chanson sont une autre manière de faire «chanter» son coeur et de se faire entendre de tous.

Les livres t'ennuient, l'opéra te donne envie de vomir, le ballet classique, c'est pour les moumounes et la gastronomie, c'est trop cher et ça ne bourre pas? Ce n'est pas grave. Mais il y a de bonnes chances pour que les grands écrivains, les grands compositeurs, les grands danseurs, les plus grands chefs cuisiniers, et tous les grands artistes en général soient passés comme toi par des moments de grand désespoir. Au lieu de tout foutre en l'air, ils ont créé. Il ne faut pas absolument souffrir pour créer. Mais exprimer sa souffrance par la création originale, en donnant le meilleur de soi-même, c'est transformer sa douleur en plaisir.

  

Suggestion de lecture

Le nouveau journal créatif, Anne-Marie Jobin, Le jour, 2010, 320 pages.

 

Source

 

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