13 ans et plus
La consommation d'alcool et de drogue chez les ados
Photographe : Anne Villeneuve
Nous y voilà... à cette étape tant redoutée de l’expérimentation.
Malgré mon ouverture – je permets à mes adolescents de consommer avec modération –, certaines limites s’imposent.
Lorsque je compare mon adolescence à celle de mes enfants âgés de 13, 15 et 17 ans, je constate que nos réalités divergent. Ils ont témoigné de la curiosité à l’égard de la drogue et de l’alcool beaucoup plus tôt que moi, et la légalisation du cannabis tend à leur faire croire que la consommation de cette substance est sans conséquence.
J’ai donc discuté avec eux des effets de la drogue sur leur cerveau. C’est ma façon de procéder: j’informe, je sensibilise et je responsabilise. J’essaie de ne pas démoniser, sans pour autant banaliser. Pas une mince affaire! Je ne souhaite pas les empêcher de consommer (ce qui, selon moi, rendrait la chose encore plus attrayante!). Toutefois, j’exerce un contrôle en leur fournissant une quantité déterminée d’alcool les soirs de party. Si les invitations sont trop fréquentes, en été par exemple, je leur explique que ce n’est ni obligatoire ni souhaitable de boire plusieurs soirs d’affilée. De façon générale, ils respectent cette entente.
J’avoue qu’il m’arrive d’aller faire une marche avec le chien ou de circuler en voiture devant leurs points de rassemblement. J’effectue des tournées improvisées pour m’assurer que tout se passe bien. Une fois, j’ai été contrainte de demander à mon fils, qui fumait du pot, de revenir à la maison. Il m’avait menti et avait brisé ma confiance. Depuis, nous avons rebâti les ponts.
Après tout, ils vivent sous mon toit et je dicte les règles, que ça leur plaise ou non. Ils savent aussi qu’ils peuvent compter sur moi, à toute heure du jour ou de la nuit. «Les règles sont très, très importantes», confirme l’intervenante psychosociale et fondatrice de Karenuf, Stéphanie Giardetti. Comme accompagnateur, le parent doit mettre en place un filet de sécurité et des bases favorisant la communication, dit-elle. «C’est important de demander à notre jeune: “À quel endroit es-tu? Avec quelles personnes? Quelles sont les règles si tu consommes? As-tu un téléphone sur toi pour m’appeler en cas de besoin?” Qu’il soit à la maison, chez des amis ou dans un parc, il faut absolument instaurer des balises afin que notre ado sache ce qu’il peut faire dans tel ou tel contexte et qu’il sente qu’il peut se tourner vers nous, si nécessaire.»
Je me considère comme chanceuse, car mes ados me racontent tout. Nous avons une merveilleuse relation. Ils possèdent aussi un bon réseau d’intervenants à la Maison des jeunes du quartier. Mme Giardetti atteste d’ailleurs que «même si l’on s’intéresse à son ado, il faut mettre la pédale douce sur les questions. Sinon, il va se sentir surveillé, il va croire que son parent n’a pas confiance et il ne voudra pas se confier. Si l’on a une belle relation, il va nous parler, poursuit-elle. Et si l’on sent qu’il n’est pas à l’aise avec nous, on peut le mettre en contact avec un intervenant ou un proche.»
Je souhaite évidemment que mes ados continuent de me faire confiance et qu’ils s’ouvrent à moi... sans pour autant qu’ils me considèrent comme une amie. Oh non! Vous ne me verrez jamais partir sur la brosse avec mes enfants, mais je serai là pour leur tenir les cheveux, quand, accroupis au-dessus de la toilette, ils regretteront d’avoir ingurgité un peu trop de Peach Schnapps. Ce qui, après coup, devrait les inciter à modérer! On a tous été ados, après tout.
L'expérimentation est le propre des ados. Cela dit, Karine Dion est d’avis qu’un bon encadrement permet à ses enfants de faire (la plupart du temps!) les bons choix.