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L'intimidation à l'école: des conséquences permanentes pour les victimes

L'intimidation à l'école: des conséquences permanentes pour les victimes

� iStockphoto Photographe : � iStockphoto Auteur : Coup de Pouce

Anxiété, absentéisme, trouble de la mémoire, dépression, l’intimidation à l'école a de graves conséquences sur les victimes. Pour certaines, les effets se feront sentir jusqu’à l’âge adulte.

Pour Diane Prud'homme, auteure du livre Violence entre enfants: casse-tête pour parents, l'intimidation commence bien avant l'entrée en milieu scolaire. «Dès l'âge de trois ans, il est possible d'identifier les enfants qui, en utilisant tous les moyens pour obtenir ce qu'ils veulent, procèdent à une forme d'intimidation. C'est certain qu'à cet âge, il ne s'agit pas d'agression physique organisée, mais c'est une forme d'intimidation», explique-t-elle. Il est donc important d'intervenir rapidement en apprenant aux enfants ce qu'est l'empathie et en leur montrant d'autres moyens pour obtenir ce qu'ils veulent afin d'éviter qu'ils deviennent de futurs agresseurs.

Comment définir l'intimidation?

L'intimidation est un comportement agressif intentionnel qui implique nécessairement un rapport de pouvoir. Elle survient le plus souvent entre 10 et 14 ans, au moment où les enfants découvrent l'importance d'appartenir à un group. Les enfants qui intimident ne sont pas toujours les costauds de la cour d'école, mais ils manquent d'empathie. L'enfant qui agresse a toujours une intention derrière son action. Qu'il souhaite acquérir un objet ou la reconnaissance de ses pairs, il tentera par tous les moyens de l'obtenir. Elle peut se manifester sous plusieurs formes: physique, verbale, relationnelle, sexuelle et plus récemment, via l'espace virtuel (cyberintimidation).

Les cellulaires et les réseaux sociaux ont amené l'intimidation à un autre niveau. Les jeunes s'en servent pour envoyer des messages haineux ou photos via courriels, messageries instantanées, messagerie texte, téléchargements, et ce, à toute heure du jour ou de la nuit. Certains vont même jusqu'à créer des pages sur Internet pour y diffuser leur fiel offensant. Et malheureusement pour les victimes, les mots et les images diffusés sur le web peuvent resurgir à tout moment.

Selon Égide Royer, psychologue et codirecteur de l'Observatoire canadien pour la prévention de la violence à l'école, les statistiques sont déstabilisantes. «On estime que 10 % des jeunes ont été victime d'intimidation, et ce, de façon continue», précise-t-il en soulignant les différences entre filles et garçons. Ainsi, les filles auraient tendance à user d'intimidation indirecte et d'exclusion (rumeurs, ostracisme, isolement), alors que les garçons usent d'une forme beaucoup plus directe et physique de harcèlement (donner des coups, pousser).

Les conséquences de l’intimidation

Les répercussions de l'intimidation sont énormes sur l’estime de soi, à l’âge ou un enfant est en train de se construire. «À force de subir les sévices d’un de ses pairs, l'enfant en vient à croire qu’il ne vaut pas grand-chose et ce sentiment affecte sa capacité de socialisation», résume Mme Prud’homme.

Certains enfants refusent d'aller à l'école prétextant des maux de ventre ou autres. Ils développent de l’anxiété et tous les maux qui y sont associés. On remarque une baisse marquée des performances scolaires. Certains manifestent des symptômes de dépression (tristesse, perte d'intérêt dans leurs activités), songent au suicide et, dans les cas extrêmes, passent à l’acte.

Des effets sur le cerveau

L'intimidation survient à l'âge où l'enfant est en train de se construire. Ses répercussions sur l'estime de soi sont énormes. «À force de subir les sévices d'un de ses pairs, l'enfant en vient à croire qu'il ne vaut pas grand-chose et ce sentiment affecte sa capacité de socialisation», résume Mme Prud'homme.

Tracy Vaillancourt, psychologue à l'Université d'Ottawa et membre de la Chaire de recherche du Canada en santé mentale des enfants et en prévention de la violence, a mené une étude auprès des jeunes victimes d'intimidations. Les résultats de ses travaux démontrent que l'intimidation entraîne un sentiment de dépression, dérègle le taux de cortisol (hormone du stress), ce qui a un effet néfaste sur la mémoire et sur la performance scolaire. Ces élèves sont donc  moins performants, non seulement parce que les victimes fuient l'école - et leur agresseur -, mais parce que leur cerveau s'en trouve atteint.

La chercheuse veut maintenant savoir si les dommages causés par l'intimidation sont aussi profonds que les cicatrices laissées chez les enfants battus. Elle suppose que l'hippocampe, qui joue un rôle central dans la mémoire, resterait abîmé. Aux États-Unis, un chercheur en neurologie, Martin Teicher, a démontré, grâce à l'IRM que l'intimidation endommage les neurones du corps calleux, une zone centrale du cerveau.

Les effets de l'intimidation se font souvent sentir jusqu'à l'âge adulte. Des études ont montré que, selon la situation, des personnes qui en ont été victimes dans l'enfance souffrent de détresse permanente, d'un sentiment de culpabilité, de peur ou de trouble d'intériorisation, comme la dépression.

En tant que parent, a-t-on des recours? Comment peut-on s'outiller? Lire le reportage: Mon enfant est victime de harcèlement, que faire?

Pour en savoir plus sur l'intimidation

Tel-Jeunes, ligne d'écoute: 1 800 263-2266

Non à l’intimidation, j’apprends à m’affirmer, Nancy Doyon, Éditions Midi trente, 2011, 112 pages.

La réparation, Katia Gagnon, Éditions Boréal, 2011, 203 pages.

Osti de fif!, Jasmin Roy, Les Intouchables, 2010, 172 pages.

Violence entre enfants: casse-tête pour parents, Diane Prud'homme, Remue-ménage, 2008, 224 pages.

Observatoire canadien pour la prévention de la violence à l'école

Plan d'action pour prévenir et traiter la violence à l'école, ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport du Québec.

Fondation Jasmin Roy

American Psychological Association

Références

L'intimidation et la victimisation chez les enfants d'âge scolaire au Canada, Craig, W., Peters, R. et Konarski, R.. Documents de travail pour la Direction générale de la recherche appliquée, Développement des ressources humaines Canada, Hull (Québec), octobre 1998.

 

Bullies, Victims, and Bully/Victims: distinct groups of at-risk youth, Haynie, D. L., Hansel, T., Eitel, P., Davis Crump, A., Saylor, K., Yu, K. et Simons-Morton, B., Journal of Early Adolescence, vol. 21 (1); 2001; 29-49.

 

Making a Difference in Bullying, Pepler, D. J., Craig, W., Rapport #60, 2000.

 

What can be done about school bullying? Linking research to educational practice, Swearer, S., Espelage, D., Vaillancourt, T., and Hymel, S. Educational Researcher, Vol. 39 (1); 2010; pp. 38 - 47.

 

Bullying in school: nature, effects and remedies, MA, X., Stewin, L., et Mah, D., Research Papers in Education, vol. 16 (3); 2001; 247-270.

 

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