13 ans et plus
Guide de survie pour mamans d'ados
Hier encore, on prenait soin d'un petit bébé. Puis, sans qu'on ait eu le temps de comprendre ce qui arrivait, nous voilà en présence d'un adolescent…
Lorsque les autres parents nous ont prévenue que la crise d'adolescence de notre enfant allait être épouvantable, on s'est armée de bonnes résolutions en se disant que ça ne pouvait pas être aussi pénible qu'annoncé. Mais la réalité nous a rattrapée! Comment s'en sortir? Pour nous aider, voici 11 mises en situation courantes dans la vie d'une mère d'ado et les réponses de madame Rose-Marie Charest, présidente de l'Ordre des psychologues du Québec.1. On refuse qu'il se fasse «percer» ou tatouer. Bien sûr, il proteste.
Que faire? Même s'il peut être troublant pour un parent que son enfant ait envie de «porter atteinte à son corps», inutile de lui faire la morale. Par contre, on peut l'informer sur les risques pour la santé (infections, MTS), lui parler des frais exorbitants qu'il aurait à payer pour faire effacer son tatouage en cas de regret, etc. On lui demande donc d'attendre d'être assez vieux pour assumer son geste.
2. On n'aime pas son look vestimentaire.
Que faire? Souvent, on se préoccupe davantage de l'avis du monde extérieur que du bien-être réel de notre jeune. On garde en tête que ses «extravagances» vestimentaires sont normales et font partie du processus d'identification à son groupe d'amis. De plus, nos critiques ne serviront probablement qu'à le faire redoubler d'audace! Alors que si on lâche prise, le look qu'on déteste ne tardera pas à être de l'histoire ancienne.
3. Sa chambre ressemble à un dépotoir.
Que faire? On choisit nos batailles! Est-ce vraiment sur l'aspect de sa chambre qu'on veut mettre nos énergies? On exige la salubrité (pas de nourriture qui traîne!), mais pour le reste, on ferme la porte si on ne veut pas voir le chaos qui règne dans sa chambre. Cependant, pour les pièces communes, il est essentiel que notre jeune participe à les garder propres et ordonnées.
4. Il (elle) veut dormir avec son amoureux (se).
Que faire? On se fie à nos valeurs personnelles. Est-on confortable avec cette idée? Si on a plusieurs enfants, on peut aussi décider que ça ferait trop de «visite». L'important est de se respecter et de ne pas tomber dans le piège de vouloir être un parent «moderne» à tout prix.
5. Déterminer un couvre-feu est compliqué.
Que faire? Tout d'abord, on se fait confiance. Ce n'est pas parce que la voisine laisse son ado rentrer à minuit qu'on doit le faire aussi. On analyse tous les facteurs: l'âge de notre enfant, ses fréquentations, son tempérament, le quartier où l'on habite, etc. On essaie cependant de ne pas isoler notre jeune (si on exige qu'il rentre à 22 heures le vendredi, il ne sera jamais invité aux partys). En somme, on se sert de notre jugement.6. Il ne prend plus le temps de déjeuner le matin.
Que faire? À trop vouloir bien faire, on se crée souvent beaucoup de stress. Comme la nutrionniste Louise Lambert-Lagacé le dit, le parent est responsable de mettre les aliments à la disposition du jeune… et ce sera à lui de décider de la quantité qu'il consommera. Si pendant six mois notre ado a moins d'appétit, on ne s'en fait pas trop. On lui glisse une barre grano dans les mains avant son départ, par exemple. Fort à parier qu'il la mangera en route!
7. Il ne nous parle presque plus et ce silence nous inquiète.
Que faire? On crée des moments qui laisseront place aux confidences. Par exemple, on organise une activité qu'on fera seule avec notre ado, on va le chercher en voiture après une de ses activités, etc. C'est souvent dans de telles circonstances que notre jeune s'ouvrira. Attention! On ne cherche pas à toujours vouloir tout savoir ni à mettre de pression sur notre jeune. Et on évite de le critiquer: s'il croit qu'on a une image négative de lui, il ne sera pas porté à parler.
8. Les discussions parent-ado finissent souvent par des cris.
Que faire? On choisi notre moment: inutile de tenter de régler quelque chose alors que le souper est au four! Mieux vaut se fixer des «rendez-vous» pour discuter, toujours en parlant au «je». Si notre ado se met à crier, on s'affirme: «Je refuse que tu me cries après». Et si on se met à crier à notre tour, il est préférable d'interrompre la discussion pour ne la reprendre qu'une fois tout le monde calmé.
9. Il a fait une grosse «gaffe».
Que faire? Qu'il s'agisse d'un graffiti à l'école ou d'un objet brisé chez le voisin, il y aura des conséquences à assumer, parfois par le parent (sur le plan monétaire, par exemple). Si une telle situation se présente, on en discute avec notre jeune. «Que retires-tu de cette expérience?», «Comment penses-tu remédier à la situation?» Bien entendu, on peut lui apporter notre aide, mais il doit également assumer ses actes et leurs conséquences.
10. Il veut aller vivre chez notre ex-conjoint(e).
Que faire? On doit permettre à notre ado de voir son autre parent. On se sent trahie? On se rappelle que notre enfant n'a aucune dette envers nous. De plus, on doit reconnaître que notre ex a aussi quelque chose à apporter à notre enfant. Avant de prendre une décision, on en discute en famille et on demeure présente pour lui, quoi qu'il arrive. Important: il existe des situations plus complexes – par exemple, notre ex était violent – qui doivent être évaluées par des professionnels avant que toute décision ne soit prise.
11. Des situations plus graves (absentéisme à l'école, soupçons de consommation de drogue, notre ado parle souvent de la mort, etc.).
Que faire? La règle d'or en de telles situations: on ne ferme pas les yeux! Peut-être que les absences scolaires de notre ado sont liées à du harcèlement ou à un conflit avec un professeur? Qu'est-ce qui pousse notre jeune à parler de la mort? On n'hésite pas à consulter des professionnels si tout cela est trop lourd ou qu'on ne voit pas d'issue.
De la lumière au bout du tunnel
Même si on sait que la crise d'adolescence a une fin, on peut entretenir des inquiétudes en cours de route: est-ce que mon ado me déteste? Est-ce que nos liens sont coupés pour toujours? Etc. Qu'on se rassure! La grande majorité des ados, devenus adultes, entretiennent de bons rapports avec leurs parents. On se rappelle que les quelques mois ou années qu'aura durés la crise d'adolescence de notre enfant ne déterminent pas à eux seuls la relation qu'on bâtit avec lui. En évitant de vouloir être une maman parfaite et en gardant foi en l'avenir, nul doute qu'on survivra à l'aventure que représente l'adolescence!