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Fugue et proxénétisme: à risque, ma fille?
Fugue et proxénétisme: à risque, ma fille? Photographe : iStock
Les nombreux cas de disparition de jeunes filles relatés par les médias récemment ont alarmé de nombreux parents d’adolescente. Quand y a-t-il réellement lieu de s’inquiéter? Y a-t-il des signes à surveiller?
Le mois dernier, de nombreux parents ont été touchés droit au cœur par l'histoire de la disparition de Jade M., âgée de 16 ans, et de sa découverte, quelques jours plus tard, dans la chambre d'un motel miteux, droguée, en compagnie de trois autres filles. En entrevue au moment du drame, sa mère avait révélé qu'il n'y avait pas eu de chicane, que «l'ambiance familiale était au beau fixe». «Elle a toujours eu ce qu'elle voulait, a-t-elle déclaré, d'un air dépassé. Nous sommes des parents dévoués. On discute en famille, on parle quand il y a quelque chose.»
Ces propos en ont déstabilisé plusieurs, qui croyaient jusqu'alors que les filles qui tombaient entre les griffes de proxénètes provenaient essentiellement de familles dysfonctionnelles, de milieux défavorisés, de centres jeunesse. Le cas de Jade M. nous a collectivement fait prendre conscience que ces filles pouvaient provenir de tous les milieux, qu'elles soient dans un climat familial tendu ou non, en fugue ou non...
La répondante en sexualité des jeunes et en exploitation sexuelle du CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal, Lynn Dion, tient d'abord à préciser que le nombre de fugues n'a pas augmenté au cours des dernières semaines. «Ce n'est pas un phénomène nouveau: ça fait des années que des jeunes filles sont recrutées par des proxénètes, précise-t-elle. Des fugues des centres jeunesse, il y en a presque au quotidien. La différence est que, récemment, des parents de jeunes filles disparues se sont adressés aux médias dans l'espoir que la publication de leur histoire aide les recherches. »
Des profils types
Selon le portail d'information sur les gangs de rue Choisis ton gang, il existe tout de même des profils types d'adolescentes qui sont plus à risque d'être recrutées par des gangs de rue:
- La naïve ou l'influençable: éprouvant un grand besoin d'amour, d'attention et de reconnaissance, elle tombe facilement sous le charme d'un proxénète.
- L'aventureuse: elle aime s'exposer au danger et est à la recherche de sensations fortes, d'aventures. Elle est attirée par les gangs de rue, auxquels elle peut se joindre de son plein gré. La prostitution peut représenter pour elle un moyen de gagner de l'argent rapidement.
- La jeune fille en fugue: déboussolée et perdue, elle est dans la rue en mode survie. Elle est vite repérée par les proxénètes, qui lui offrent de l'aide.
Pas toutes en fugue
Les jeunes filles qui se font aborder par des proxénètes ne sont pas toutes en fugue. Les lieux de recrutement se sont multipliés, ces dernières années : dans les centres jeunesse, oui, mais aussi dans les transports en commun, les écoles, les parcs, les maisons de jeunes, les centres commerciaux, les partys, les bars... et l'internet, un véritable terrain de jeu pour les proxénètes. «Il faut surveiller l'utilisation que nos jeunes font des réseaux sociaux, souligne Lynn Dion. C'est devenu l'un de leurs principaux lieux de socialisation, et on n'en connaît pas bien les conséquences encore.»
Si votre enfant change subitement de groupe d'amis, adopte un comportement agressif ou antisocial ou modifie du tout au tout ses habitudes de vie, elle peut être sur la mauvaise pente. Quelques autres indices à surveiller:
- isolement
- désintérêt de l'école, absences fréquentes, mauvais résultats scolaires
- langage ou choix de mots inhabituels
- sujets de conversation différents
- amis connus sous des surnoms
- consommation de drogue ou d'alcool accrue
- possession de vêtements ou d'objets de valeur qui ne sont pas dans ses moyens
- adoption d'un nouveau style vestimentaire.
Pour plus d'information, lisez Ma fille est sur la mauvaise pente, quoi faire?