13 ans et plus
Aider son ado à traverser une peine d'amour
Notre ado vit une peine d'amour. Il pleure, ne mange plus, s'enferme dans sa chambre... Comme parent, on souffre de le voir souffrir. Comment l'accompagner dans cette épreuve? Voici quelques pistes.
Éviter de minimiser son chagrinOn sait bien que ce n'était pas l'amour de sa vie. Mais notre jeune, lui, était convaincu de vivre le grand amour. Ce serait une erreur de lui dire de ne pas s'en faire, que ce n'est pas si pire que cela, qu'il exagère... Car sa peine est immense et bien réelle.
«Son monde vient de s'effondrer, dit la psychologue Suzanne Vallières. Il a mal, très mal. La dernière chose dont il a envie, c'est que ses parents ne le prennent pas au sérieux!» Pour mieux le comprendre, il suffit bien souvent de se rappeler comment on se sentait lors de notre dernière peine d'amour. Qu'on ait 15 ou 40 ans, la souffrance est bien présente! «Le rejet est très difficile à vivre à tout âge», affirme la psychologue.
Surtout, il faut éviter de prononcer le classique «Un de perdu, dix de retrouvés». Autre phrase à proscrire: «Ce n'était pas un gars - ou une fille - pour toi.» Les ados détestent! Et puis, c'est justement parce que notre jeune croit que c'était son âme sœur qu'il verse toutes les larmes de son corps.
Reconnaître ses sentiments
Le parent d'un adolescent en peine d'amour doit en premier lieu reconnaître les sentiments de celui-ci. Des phrases comme «C'est normal d'avoir mal quand notre petite amie nous laisse tomber» ou «Je sais combien tu as de la peine» font du bien et enlèvent un certain poids sur les épaules. À méditer: un ado qui vit une rupture amoureuse a besoin d'empathie et de tendresse, pas de conseils ni de morale.
Sans minimiser son chagrin, il est important également de lui donner de l'espoir. Ainsi, on lui rappelle que la douleur s'atténuera et finira par disparaître. «On peut faire une analogie avec une blessure qui guérit avec le temps, suggère Marlène Harvey, directrice des services de Tel-Jeunes et de Ligne Parents. On peut aussi lui parler de certaines peines qu'il a vécues et surmontées.»
Lui offrir notre écoutePour aider notre ado à traverser son chagrin d'amour, on lui offre une oreille attentive. On lui dit qu'on est là et qu'on est disponible n'importe quand pour l'écouter. Et on tient parole: on met de côté nos occupations quand il est prêt à parler.
Il est possible, cependant, qu'il ne souhaite pas se confier à nous. Là encore, c'est normal et il faut l'accepter. «Les peines et les joies à l'adolescence se vivent beaucoup entre amis, souligne Suzanne Vallières. Mais peu importe à qui, l'important, c'est que notre jeune puisse en parler. Il ne doit pas rester seul avec ce qu'il ressent.»
L'encourager à se changer les idées
Il faut inciter notre ado à poursuivre ses activités quotidiennes. Pour chasser un peu sa tristesse, on s'efforce également de lui changer les idées. Par exemple, on l'encourage à inviter des amis, aller voir un film, faire du sport. «On essaie de lui faire comprendre que s'il ne contrôle pas les sentiments de l'autre personne, il a par contre le pouvoir de choisir sa propre façon de réagir», note Marlène Harvey. Ce message lui sera utile pour traverser tous les moments difficiles de sa vie.
Aussi, on l'entoure d'affection avec de petites attentions spéciales, comme cuisiner son mets favori ou l'emmener au restaurant. Cela lui mettra du baume au cœur.
Ne pas le pousser vers un autre amourSelon la psychologue Suzanne Vallières, les parents font souvent l'erreur d'inciter leur adolescent à s'engager rapidement dans une autre relation amoureuse. «Ils n'aiment pas voir leur enfant souffrir, alors ils tentent de trouver un remède. Ils disent des choses, comme "La petite voisine a l'air de te trouver à son goût". Or, cette expérience fait partie de la vie. Notre jeune retombera en amour quand il sera prêt.»
Surveiller les signes de dépression
L'adolescent qui vit un chagrin d'amour sera très triste. C'est normal. Il peut s'isoler, avoir moins d'appétit, ne plus avoir le goût de faire les activités qu'il aimait. Toutefois, si ce changement de comportement persiste au-delà de deux ou trois semaines, c'est inquiétant.
«Normalement, un jeune vit sa peine d'amour intensément pendant quelques jours, puis reprend graduellement son comportement habituel, explique Suzanne Vallières. Si on ne constate aucune amélioration, il serait préférable de consulter un médecin ou un psychologue. Il s'agit peut-être des premiers signes d'une dépression.»