0-5 ans
Survivre à la première année de bébé
Survivre à la première année de bébé
Tu l’as évincé de ton propre abdomen. Poussé hors de tes entrailles. Mis au monde. Après 41 semaines de gestation tout inclus, ta progéniture a pris sa première bouffée d’air frais.
Un petit miaulement à la fois vulnérable et déterminé s’est échappé du frêle bout de corps encodé de votre génétique. Il a ses lèvres et tes yeux. La terre vient d’arrêter de tourner. Alors qu’une infirmière t’incite à lui présenter ton mamelon inexpérimenté, tu réalises qu’il n’y a aucune façon de faire demi-tour. C’est la panique. Et l’euphorie. Et la panique, encore. Un tsunami d’amour t’éclate en plein visage. Tes yeux se posent sur cette petite grenouille aux jambes fléchies, si délicate, tellement parfaite. Tu couvres de baisers sa fragile fontanelle, humes l’enivrant parfum de ses soyeux cheveux… Te voilà maman.
Dans les semaines à venir, tu vas complètement oublier le «je». Tu deviendras la narratrice de ce premier chapitre d’une vie qui ne fait que débuter. Ton quotidien sera dicté par l’appétit de ton nouveau-né. Tu passeras le plus clair de ton temps à le contempler, à en inspecter chaque pli… Jusqu’à en oublier les tiens. Tu seras tentée de sauter la douche pour te rattraper dans ton sommeil… trois jours de suite. Et tu auras VRAIMENT du mal à sortir de ton pyjama. Devant un denim à la coupe rigide, tu arqueras le dos comme un chat devant un saint-bernard. La fourrure de tes mollets laissée à elle-même pendant les cinq derniers mois de ta grossesse se cambrera à la vue d’un pantalon trois quarts. Une brassière à cerceaux? *Haut-le-cœur* Oublie le projet. Mais il te faudra te battre. Oui, te battre, parce que sous le confort de ta robe de chambre est cachée une femme. Une femme entière, une femme complète, une femme dont le moral sera beaucoup plus lumineux si elle dégage une douce fragrance d’eau de rose plutôt qu’une odeur de lait suri.
Mes trois conseils pour survivre à la première année de ta vie de maman:
1. Fais don de tes vêtements de grossesse à une œuvre de charité OU range-les au grenier, sous clé. Je sais… Ton jean de maternité est le moule-cuisse le plus confortable qu’il t’ait été permis d’enfiler. Mais, rends-toi à l’évidence: tu n’es plus enceinte et, par conséquent, ton jean te pend au derrière. Retourner à ta garde-robe de 2015? Impossible pour le moment… Mais attention: ce n’est pas toi qui es trop grosse, ce sont tes vêtements qui sont trop petits. Nuance. Offre-toi une garde-robe de transition. Procure-toi quelques vêtements neufs qui te feront sentir belle le jour où tu décideras d’aller présenter ta petite merveille au bureau.
2. Accepte l’aide qui t’est offerte. Elles sont une demi-douzaine à vouloir cuisiner pour toi, plier ta brassée de serviettes et catiner ta grenouille. Accepte. Tu as besoin d’une pause. Permets à belle-maman de donner un boire et laisse-toi choir sur la chaise de ton esthéticienne. Avouons-le, tes ongles d’orteils se classent présentement dans la catégorie des armes blanches… À la pédicure, et ça presse!
3. Donne-toi le temps. Je te vois qui fais la moue devant la glace. Répète les mots magiques avec moi: c’est tem-po-rai-re. Temporaire, ce corps qui aura besoin de quelques mois pour se refaire un tonus et apprivoiser sa nouvelle identité. Temporaire, ces nuits sans sommeil, ces jours où le temps file et les où tâches s’accumulent. Temporaire, cet épisode de ta vie qui te fait pleurer de joie, de désespoir, de félicité et… sans aucune raison apparente, vraiment. Tem-po-rai-re. Si les temps sont difficiles, dis-toi que ça ira mieux bientôt. Si tout va comme sur des roulettes, eh bien, savoure chaque seconde, ma chère! Dans un cas ou dans l’autre, il te faut absolument enregistrer dans le cyber nuage les sons que pousse ton mignon nourrisson… Eux aussi s’échappent d’un sablier au temps compté et, bientôt, ils deviendront des mots d’enfant aussi étonnant que savoureux. T’es une perle, une déesse. Une femme entière et complète. Ne l’oublie pas. Ne t’oublie pas.
Stéphanie Bourgault-Dallaire est l’auteure de Abigaëlle et la séduction prénatale , Libre expression, 224 pages, 22,95$.