0-5 ans
Pourquoi fait-il des crises depuis la rentrée à la maternelle?
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Il était tout heureux d'aller à l'école, et en classe, tout va bien. Mais à la maison, c'est l'enfer: depuis la rentrée, il refuse d'obéir, fait des crises de colère, pleure à la moindre frustration... On dirait qu'il a deux ans à nouveau! Que se passe-t-il?
C'est le stress généré par l'entrée à la maternelle qui ressort, répond Solène Bourque, psychoéducatrice et auteure. «Quand on vit du stress pendant la journée, on l'évacue à un endroit et un moment où on se sent en sécurité. Nous, si ça va mal au travail, on aura tendance à le faire jaillir sur notre conjoint. Pour les enfants, c'est pareil. Ils évacuent le stress à la maison car ils savent que l'amour de leurs parents ne sera pas remis en question.»
Dans son livre Petit loup entre à l'école (Éditions Midi Trente), Solène Bourque énumère quelques façons dont le stress de l'entrée à la maternelle peut se manifester: anxiété (craintes par rapport à l'école, résistance au moment de s'y rendre le matin, maux de ventre ou de tête), irritabilité (colère, impatience), troubles du sommeil (cauchemars, insomnie ou hypersomnie), perte d'appétit, hypersensibilité (humeur très variable, pleurs fréquents), opposition (défiance face aux adultes et aux règles établies). Selon son tempérament, chaque enfant réagira au stress en adoptant l'un ou plusieurs de ces comportements.
Stressante, la maternelle!
Concentrés sur la logistique entourant l'entrée à la maternelle (effets scolaires, routine, lunchs...), on a peut-être tendance à oublier à quel point cette étape demande un effort d'adaptation à nos petits. Ils sont entourés d'enfants et d'adultes qu'ils rencontrent pour la première fois. Ils doivent assimiler des règles et des horaires nouveaux, parfois très différents de ce qu'ils vivaient avant. Ils ne sont pas familiers avec les lieux, ont parfois peur de se perdre, de ne pas trouver les toilettes, de se tromper d'autobus, d'oublier leur lunch... Et même si on leur demande d'être plus autonomes, ils ont encore bien peu de contrôle sur le déroulement de leurs journées. Tous les ingrédients sont réunis pour en faire un événement stressant!
«Ils sentent aussi le stress que vivent leurs parents, ajoute Solène Bourque. Quand nos enfants entrent à l'école, on n'a plus la souplesse qu'on pouvait avoir quand ils étaient à la garderie ou à la maison. Il faut arriver à l'heure! Alors, on accélère la routine du matin, on est plus pressés. On ressent aussi le changement entre la garderie, qui est un petit milieu de vie, et l'école: avant, on parlait à l'éducatrice chaque jour, maintenant, on laisse son enfant à la porte et il se débrouille tout seul. C'est beaucoup de nouveauté à gérer pour tout le monde!»
Comment faire baisser le stress?
On peut faciliter les premières semaines de maternelle en suivant les conseils suivants:
- Éviter de trop idéaliser l'école avant la rentrée. Si notre message principal est «Tout va bien aller, ce sera super!», l'enfant sera encore plus déboussolé si tout ne se passe pas comme sur des roulettes. La meilleure approche: garder un ton positif tout en reconnaissant que des difficultés sont possibles, sans être trop spécifique pour ne pas l'effrayer. Par exemple: «Il se peut qu'à l'école, tu vives des situations auxquelles tu ne t'attendais pas. Si ça arrive, tu peux en parler à l'enseignant ou à nous, et on va trouver des solutions.»
- Au retour de l'école, poser quelques questions ouvertes qui nous aideront à comprendre comment l'enfant se sent à l'école. Des exemples: «Quelle activité as-tu préféré faire aujourd'hui?» «Avec qui as-tu joué à la récréation?» Dans la famille de Solène Bourque, chacun raconte au souper un moment «soleil» (agréable) et un moment «nuage» (difficile) de la journée. «C'est rassurant pour les enfants de savoir que maman aussi connaît parfois des moments difficiles!»
- Prendre 5-10 minutes pour reconnecter avec son enfant avant d'entreprendre le sprint du soir peut minimiser la fréquence et l'intensité des crises. «Ce moment peut servir comme une "éponge affective" pour liquider le stress accumulé. Même si on veut que ça opère parce que le temps manque, si l'enfant a vécu quelque chose de difficile dans la journée, on va le payer dans la soirée...»
- Conserver la routine du soir. Si les nouveaux horaires nous pressent, on peut raccourcir chaque étape, mais pour préserver l'harmonie, mieux vaut ne pas tout chambouler.
- En cas de crise, se concentrer sur les raisons sous-jacentes, et non sur l'objet du litige lui-même. «Par exemple, si l'enfant ne cesse de se lever pendant le repas, on peut observer: "Ça semble difficile ce soir de respecter la consigne de rester assis", illustre Solène Bourque. Il va peut-être répondre qu'il doit maintenant rester assis toute la journée, et qu'il est tanné! On peut alors décider d'assouplir exceptionnellement la règle, ou bien se dire que le lendemain, on va prendre une marche avant le souper pour se dégourdir les jambes.»
- Le week-end, adopter un rythme relax, en mettant au menu des activités familiales agréables, pour permettre à notre petit écolier de recharger ses batteries affectives.
Généralement, il faut compter 4 à 6 semaines pour que l'enfant s'adapte à sa nouvelle vie d'écolier, dit Solène Bourque. «Mais quand on est capable de nommer ses émotions et de l'aider à les gérer, on peut réduire la longueur ou l'intensité de cette période.»
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