0-5 ans

Les peurs reliées au dodo

Les peurs reliées au dodo

Auteur : Coup de Pouce

Plusieurs enfants appréhendent l'heure du coucher parce qu'ils ont peur: peur du noir, des monstres sous leur lit, des fantômes… Pour mieux comprendre ce phénomène et aider nos enfants à y faire face, on lit ce qui suit.

Comment se construit la peur?
La peur est un sentiment vécu par tous les enfants, à des niveaux différents, et selon leur personnalité. Ce sentiment survient dès les premières semaines de vie chez le nourrisson qui sursaute et pleure lorsqu'il entend un bruit fort, puis vers sept ou huit mois chez le bébé qui voit sa maman disparaître de son champ de vision ou lorsqu'il fait face à un inconnu. Elle prend réellement forme vers l'âge de deux ans, alors que l'imaginaire commence à prendre une place importante dans sa vie. C'est d'ailleurs entre deux et sept ans – l'âge où l'imagination n'a de limites que la fantaisie débordante de l'enfant – qu'on observe le plus de difficultés reliées aux peurs au moment du dodo.

Pourquoi les peurs se manifestent-elles au coucher? D'abord, parce que l'humain n'est pas adapté à la vie nocturne. Les yeux de l'enfant ne voient pas bien dans l'obscurité, ce qui fait que les objets prennent parfois des allures bien différentes de la réalité. Ainsi, pour lui, une robe dans un placard prendra la forme d'un fantôme et la silhouette ombragée d'un toutou celle d'un gros monstre. Le tout-petit, qui ne fait pas encore très bien la différence entre la réalité et la fiction, alimentera ses craintes en imaginant les pires personnages et scénarios.


Le monstre, imaginaire ou pas?
Lorsqu'on les questionne, les principales peurs mentionnées par les enfants de deux à sept ans sont les suivantes: peur de la solitude, d'être abandonnés ou de se perdre, peur du noir, peur des bruits qu'ils ne reconnaissent pas, peur des loups et peur des monstres sous le lit. Ainsi, pour l'enfant, le monstre qu'il voit dans sa chambre est bel et bien réel. Aussi tangible que les sentiments qu'il éprouve. Ces images sont en quelque sorte la représentation visuelle de ses peurs qui, elles, prennent source dans son quotidien: peur d'un chien croisé dans la rue, de la voix forte de son parent qui le dispute, de la sirène d'un camion de pompier passé en trombe à ses côtés ou des images d'un film vu à la télévision. À partir de deux ans, l'enfant a donc la capacité de transposer les émotions qu'il vit en images.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, le psychanalyste Bruno Bettelheim affirme que les contes effrayants mettant en scène des loups, sorcières et autres personnages méchants permettent non pas de créer des angoisses, mais de matérialiser celles que les enfants vivent déjà. Lorsqu'on raconte une histoire, l'imaginaire de l'enfant y prend une grande place – contrairement aux films où l'image est déjà entièrement formée pour lui à l'écran. Ainsi, le conte permet à l'enfant de mettre des mots et des images sur ses peurs, de les apprivoiser et de les surmonter aussi, car la plupart des contes finissent bien. Les contes de fées traditionnels ne sont donc pas à bannir de son univers!L'aider à surmonter ses peurs
L'attitude à préconiser pour faire face aux peurs de notre enfant est très délicate. Parce qu'on doit trouver le difficile équilibre entre la capacité de rassurer notre enfant tout en évitant de confirmer sa peur. Ainsi, selon Anne Bacus-Lindroth, psychothérapeute, il n'est pas recommandé d'utiliser une «poudre anti-monstres» ou toute autre idée visant à combattre le méchant caché dans un recoin de la chambre de notre enfant. Car en se servant d'une technique pour détruire le monstre, on passe de façon inconsciente le message que ce personnage existait vraiment. Il ne faut pas banaliser la peur de notre enfant – elle est bien réelle! –, mais il faut tout de même éviter de lui donner forme.

Si les peurs reviennent soir après soir, on devra penser à un rituel permettant à notre enfant de se détendre avant le dodo: histoire, musique, massage… On peut aussi lui installer une veilleuse ou donner une lampe de poche aux plus vieux, à utiliser au besoin. Lorsque la peur se manifeste, on le rassure en regardant avec lui sous le lit ou dans le placard, pour qu'il réalise que ce qu'il a pris pour un fantôme est plutôt un vêtement accroché sur un cintre ou un toutou tombé sous le lit. On lui dit qu'il est en sécurité et que nous aussi, enfants, nous avions parfois peur. Réaliser qu'il n'est pas seul dans cette situation et que son parent a déjà eu lui aussi des peurs l'aidera certainement à surmonter les siennes.


Pour aller plus loin...

  • Même pas peur!, d'Anne Bacus-Lindroth, éditions Marabout, 2006, 217 p. 14,95 $.

  • Psychanalyse des contes de fées, de Bruno Bettelheim, Hachette Littératures, 2003, 398 p. 17,50 $.
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