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Le point sur la fessée

Le point sur la fessée

Getty Images Photographe : Getty Images Auteur : Coup de Pouce

Un texte sur les dangers des châtiments corporels a suscité de vives réactions sur notre page Facebook. La controverse a été telle qu’il nous a semblé essentiel de revenir plus longuement sur la question.

L'article relatait que les punitions corporelles pendant l'enfance augmentent le risque de souffrir plus tard de problèmes de santé mentale, d'agressivité et de toxicomanie. Il faisait aussi état d'une étude démontrant que cette pratique affecte le développement du cerveau, notamment en diminuant la matière grise.

Or plusieurs lectrices qui mettent en doute la véracité de ces renseignements se portent à la défense de la fessée comme méthode de discipline. Pour avoir l'heure juste, nous avons soumis à Marie-Ève Clément les principaux arguments invoqués par les partisans de la fessée. Mme Clément est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la violence faite aux enfants et coauteure de l'étude La violence familiale dans la vie des enfants du Québec, 2012.

«J'ai eu des corrections physiques quand j'étais enfant et je n'ai pas de problèmes aujourd'hui.»

C'est possible, en effet. Ce que les études indiquent, c'est une augmentation des risques. «C'est comme la cigarette, compare Mme Clément. Il est prouvé qu'elle est cancérigène, mais ce ne sont pas tous les fumeurs qui auront un cancer.» Elle signale que les études les plus rigoureuses, celles qui suivent les enfants pendant plusieurs années, montrent bien le lien entre les châtiments corporels et divers problèmes, plus tard, dans la vie.

À court terme, les recherches révèlent que les enfants punis physiquement sont plus agressifs et présentent plus de comportements antisociaux. Mme Clément l'a elle-même constaté en analysant les données de l'Étude longitudinale du développement des enfants du Québec. «Les enfants de cinq ans, qui ont été frappés à deux ans, sont plus nombreux à mordre, pousser, frapper, briser des objets, voler et mentir, dit-elle. Ce n'est pas étonnant, car la punition corporelle leur enseigne que les coups sont la manière normale de résoudre un conflit ou d'amener les autres à modifier leur comportement.»

«Il y a une différence entre donner une tape sur les fesses et battre son enfant.»

Il est vrai que la gravité des conséquences peut dépendre de la sévérité de la violence et de sa durée dans le temps. Mais tout est relatif. Par exemple, dans une étude, une réduction de la matière grise a été observée chez des enfants ayant reçu au moins 12 fessées par année, dont plusieurs avec des objets, et cela sur une période de trois ans ou plus. Les fessées étaient utilisées pour discipliner les enfants et ne leur occasionnaient aucune blessure qui aurait nécessité un suivi médical.

Une autre recherche a montré que la fessée ou même une tape sur les fesses diminue le quotient intellectuel. Entre autres raisons, la fessée prend la place des méthodes de discipline qui comprennent une interaction verbale avec l'enfant et qui, par le fait même, favorisent son langage. De plus, elle engendre du stress et de la peur, ce qui diminue les facultés d'apprentissage.

Pour Marie-Ève Clément, toute correction corporelle, même légère, est inappropriée. «Elle s'accompagne souvent de cris et de menaces. Or la violence psychologique est tout aussi dommageable pour l'enfant que la violence physique. De plus, les risques d'escalade sont élevés.» Les enquêtes québécoises sur la violence familiale ont en effet indiqué que le recours à la punition corporelle augmente jusqu'à cinq fois les risques de violence physique sévère (frapper l'enfant avec un objet, lui donner un coup de poing, le jeter par terre).

«La fessée est nécessaire pour se faire respecter comme parent et pour empêcher que nos petits deviennent des enfants-rois.»

Pour bien élever un enfant, il n'est pas nécessaire de le frapper. Bien au contraire. L'usage de la force n'a aucune vertu éducative. Son seul effet bénéfique reconnu, c'est l'obéissance à court terme. «L'enfant obéit sur le coup, parce qu'il a mal et qu'il a peur, mais il n'apprend pas la bonne façon de se comporter, explique Mme Clément. Sans compter que la fessée compromet le lien d'attachement avec le parent.» Pour responsabiliser notre enfant et lui inculquer de bonnes valeurs, les méthodes positives de discipline sont bien plus efficaces.

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