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La dysphasie: un trouble du langage méconnu

La dysphasie: un trouble du langage méconnu

Auteur : Coup de Pouce

On a toutes déjà entendu parler de la dysphasie, mais on ne sait pas vraiment ce dont il s'agit. Lumière sur cet «handicap» du langage.

La dysphasie – aussi appelée audimutité – est un trouble primaire du langage, d'origine neurologique. Selon Marie-Pierre Caouette, présidente de l'Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ), la dysphasie limite gravement la compréhension et le développement du langage ainsi que de la parole. «Elle est souvent accompagnée d'autres symptômes: problèmes de motricité fine, de coordination, d'orientation dans l'espace, de notion du temps, d'abstraction et de généralisation. Elle peut aussi être associée à une autre déficience: auditive, intellectuelle, motrice, etc.».

Plus de garçons que de filles
Actuellement, on ignore le nombre exact d'enfants québécois dysphasiques. En se basant sur une étude menée aux États-Unis, l'OOAQ estime qu'environ 25 enfants sur 10 000 en seraient atteints, en majorité des garçons. Ces enfants ont beaucoup de mal à comprendre ce qui leur est dit ou à exprimer ce qu'ils veulent dire. Parfois, ils sont incapables de communiquer verbalement et d'accomplir des activités avec les enfants de leur âge. Tout cela entrave leur développement et leur fonctionnement. Ainsi, les enfants dysphasiques peuvent présenter des problèmes comportementaux ou relationnels. Ils vivent de grandes difficultés scolaires : les apprentissages académiques étant tous basés sur le langage. En conséquence, ils ont souvent une faible estime de soi. Intervenir tôt
On ne connaît pas la cause de la dysphasie ni les raisons pour lesquelles plus de garçons que de filles en sont atteints. Par contre, on sait que les enfants dysphasiques présentent généralement une intelligence normale, ont un bon sens de l'observation et un grand désir de communiquer. «Malgré cela, la dysphasie demeure un grave problème de communication, qui nécessite une approche personnalisée selon la gravité du problème et de l'âge où il sera décelé, explique Geneviève Boivin, orthophoniste à l'Institut en réadaptation en déficience physique de Québec. Plus l'enfant sera stimulé jeune en fonction de ses difficultés langagières, plus il aura de chances d'évoluer.»


Diane Melnitzky, directrice générale de l'Association Dysphasie + et intervenante sociale, signale qu'il est important que les parents consultent un pédiatre ou leur médecin de famille dès qu'ils s'inquiètent du développement de leur enfant. Le professionnel les dirigera en orthophonie, s'il y a lieu. «Malheureusement, il existe encore de nombreux préjugés. On croit – à tort – qu'il est normal que les garçons parlent plus tard que les filles, ce qui nous empêche d'intervenir rapidement. Un bambin de deux ans et demi doit pouvoir s'exprimer avec des phrases simples. Lorsque ce n'est pas le cas, on doit se poser des questions.»

Dysphasie ou retard de langage?
Il impossible hors de tout doute de préciser la nature du trouble de langage avant l'âge de quatre ans. Les manifestations de ce désordre neurologique de même que sa sévérité varient d'un enfant à un autre, ce qui complique les choses au moment de poser un diagnostic. «Il arrive que les petits accusent un léger retard de langage parce que – à cause d'otites à répétition – ils ont moins bien entendu pendant une certaine période, précise madame Boivin. En général, on comblera ce retard assez rapidement. Mais chez les enfants dysphasiques, les difficultés persisteront malgré la stimulation. Ils évolueront donc plus lentement qu'un enfant qui a un retard de langage.»Un suivi en orthophonie
Malheureusement, il n'existe aucun traitement médical pour aider les enfants dysphasiques. Pour pallier leurs difficultés langagières, ils doivent absolument bénéficier d'un suivi régulier en orthophonie, et ce, dès leur plus jeune âge. «Ceux qui présentent divers problèmes sont généralement traités jusqu'à l'âge de six ans dans les instituts de réadaptation en déficience physique du Québec. Là, ils bénéficient du soutien d'une équipe multidisciplinaire: orthophoniste, travailleur social, psychologue, neuropsychologie et physiothérapeute. Lors de leur rentrée à l'école, la majorité des enfants dysphasiques sévères sont orientés vers une classe de langage où un orthopédagogue tiendra compte des besoins particuliers de l'enfant.»

Pour stimuler l'enfant, l'orthophoniste propose des exercices, notamment pour faciliter la compréhension des concepts, faire des phrases complètes ou raconter des histoires. «Comme ces enfants sont visuels, on utilise beaucoup les pictogrammes pour leur faire comprendre des choses», explique madame Boivin. L'orthophoniste outille aussi les parents pour leur permettre d'intervenir adéquatement. L'évolution sera très différente d'un enfant à un autre. Mais, avec des soins et un soutien appropriés, certains développeront leur plein potentiel.

Quelques ressources
Les services de l'orthophoniste dans les établissements publics sont gratuits, mais malheureusement, il peut arriver qu'il y ait une liste d'attente assez longue. Les parents doivent alors consulter un orthophoniste dans les cliniques privées. Deux associations peuvent également leur venir en aide.

Association québécoise de la dysphasie . Présente dans neuf régions du Québec, l'association offre plusieurs activités: camps de vacances pour les enfants dysphasiques, colloques, conférences, etc.
Association Dysphasie + . Situé à Laval, l'organisme offre, notamment, des ateliers de stimulation pour les enfants.
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