0-5 ans
La diète d'exclusion: témoignage
istockphoto.com Photographe : istockphoto.com
Catherine, maman de deux bébés souffrant d’intolérances alimentaires, a suivi — deux fois plutôt qu’une — la diète d’exclusion. Elle nous raconte les boires et déboires de son expérience.
Mathieu est âgé de six semaines lorsque Catherine et son conjoint se rendent avec lui au CHU Sainte-Justine. «Il pleurait presque sans arrêt depuis sa naissance. Il passait 80 % de son temps éveillé et ne dormait jamais plus de 20 minutes d'affilée, se rappelle-t-elle. Il avait des gaz, des borborygmes et des selles explosives; il se raclait la gorge, tirait la langue, se cambrait de douleur, etc.»
Hospitalisé quatre jours, Mathieu subit une batterie de tests. Le diagnostic: reflux gastriques, probablement dus à une intolérance au lait. On recommande à Catherine d'éliminer d'abord les protéines bovines deux semaines et d'exclure ensuite le soya s'il n'y avait pas d'amélioration. «Le processus n'était pas assez rapide pour moi. Mon bébé souffrait, et je voulais que ça arrête, dit-elle. On m'avait dit que près de la moitié des bébés qui souffrent d'intolérance aux protéines bovines réagissent aussi aux protéines du soya. Ç'a été suffisant pour me convaincre d'exclure d'emblée les deux de mon alimentation.»
Réapprendre à cuisiner
De retour à la maison, Catherine cherche de l'information sur des sites web comme celui d'Allergies Québec et s'achète deux livres sur les allergies alimentaires. Avec son conjoint (qui suivra la diète avec elle par solidarité), elle vide les armoires de tous les produits qui contiennent du lait et du soya. À l'épicerie, elle passe deux heures à lire toutes les étiquettes des produits qu'elle met dans son panier. «Il y a environ 25 synonymes au lait, c'est compliqué au début de s'y retrouver», avoue-t-elle.
Elle réapprend à cuisiner avec ses nouvelles contraintes alimentaires. Après trois jours, l'état de Mathieu s'améliore grandement. «Je n'ai pas tenté de réintégrer les aliments par la suite. Je ne voulais pas lui faire vivre un 24 heures d'enfer s'il réagissait», poursuit-elle. Même si elle trouve la diète exigeante parfois, surtout quand elle mange à l'extérieur de la maison, elle persévère toute la durée de l'allaitement (10 mois). «J'avais mis une croix sur les restos pour ne pas consommer de lait par erreur et, lorsqu'une amie m'invitait à souper, j'apportais mon lunch», affirme celle qui ne prenait donc jamais de pause de la cuisine. Pour se simplifier la vie, a-t-elle déjà songé à troquer l'allaitement contre une préparation commerciale hypoallergène pour nourrissons? «Ce n'était pas un plan B, mais un plan Z, répond-elle. Mis à part tous les bienfaits de l'allaitement, je tenais à conserver ce contact privilégié avec mon fils.»
Un peu moins de trois ans plus tard, l'histoire se répète. À sa naissance, sa fille Marianne montre les mêmes symptômes que son frère. Sans attendre de consultation chez le médecin, Catherine recommence la diète d'exclusion après 24 heures (pour 16 mois). En terrain connu cette fois, elle avoue avoir vécu sa seconde expérience beaucoup plus sereinement. «Ça semble énorme au départ, mais ce n'est pas aussi difficile qu'on l'imagine... et ça vaut tellement le coup», conclut-elle.
Des lectures inspirantes:
- Déjouer les allergies alimentaires, Marie-Josée Bettez et Éric Théroux, Québec Amérique, 29,95$.
- Peut contenir des traces de bonheur, Julie La Rochelle et Jean-Sébastien Lord, Les Éditions de l'Homme, 34,95$.
À lire aussi: Allaitement: quand envisager la diète d'exclusion?