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L’introduction des aliments allergènes chez bébé

L’introduction des aliments allergènes chez bébé

  Photographe : istockphoto.com

Il est désormais recommandé d’introduire les aliments allergènes, et notamment les arachides, le plus tôt possible dans l’alimentation de bébé, en particulier chez les sujets à risque. Oui, mais comment s’y prendre? On fait le point avec un allergologue.

Une étude publiée en février 2015 dans le New England Journal of Medicine a confirmé le fait que l’introduction précoce d’arachides dans l’alimentation du nourrisson et leur consommation régulière les années suivantes permettent de réduire le risque de développer cette allergie chez les bébés considérés à haut risque.

Les instituts nationaux de la santé classent les enfants en trois groupes: les enfants à haut risque, ceux à bas risque et ceux sans facteur de risque.

Pour les enfants à haut risque: un test d’allergie recommandé au préalable

Les enfants à haut risque sont ceux qui souffrent d’eczéma sévère, d’une allergie aux œufs ou les deux. Ils représentent environ 2% des enfants.

«Je considère également à risque moyennement élevé ceux qui souffrent déjà d’une allergie ou qui ont un membre de la famille (parent, frère, sœur) souffrant d’une allergie alimentaire, puisque c’est un facteur qui augmente le risque de réaction. Mais c’est une extrapolation des résultats de l’étude, puisqu’elle n’en fait pas mention», souligne Philippe Bégin, allergologue au CHUM et au CHU Sainte-Justine.

Pour les enfants à haut risque, il est recommandé d’introduire l’arachide dans leur alimentation dès qu’ils mangent des aliments solides, soit entre quatre et six mois. Les auteurs suggèrent toutefois que l’enfant passe au préalable et avec succès un test d’allergie, cutané ou sanguin, étant donné que jusqu’à 10% d’entre eux pourraient déjà être allergiques à l’arachide à quatre mois.

Un problème d’accessibilité

Le problème, c’est qu’au Québec, l’accès aux tests d’allergie est restreint… et plus on retarde l’introduction de l’allergène, plus on augmente le risque que l’enfant développe une allergie.

En effet, il est difficile d’obtenir un rendez-vous avec un allergologue, qui effectuera les tests d’allergie cutanés. De plus, même si les tests sanguins peuvent être prescrits par n’importe quel médecin, il reste que le délai d’attente pour l’analyse des résultats peut aller jusqu’à quatre mois dans le système public de santé.

«Les parents perdent ainsi de précieux mois… Sans compter que les tests sanguins sont désuets lors de leur réception, puisque l’allergie peut s’être développée entre-temps», déplore le Dr Philippe Bégin.

Pour pallier ce problème, l’allergologue propose plusieurs solutions selon les cas.

Les familles qui en ont les moyens peuvent se tourner vers le privé pour effectuer le test sanguin; le délai d’analyse y est d’environ une semaine. Quant à la femme enceinte qui consulte déjà un allergologue, parce qu’elle souffre elle-même d’allergie, elle peut planifier un rendez-vous pour son futur enfant durant sa grossesse pour s’assurer d’avoir une première consultation entre quatre et six mois.

«Sinon, on peut considérer une supervision médicale pour l’introduction de l’aliment allergène avec son médecin ou à n’importe quelles cliniques qui administrent des vaccins et qui sont donc équipées pour traiter l’anaphylaxie», fait remarquer le Dr Bégin.

Pour les enfants à bas risque: l’introduction des aliments allergènes à la maison

Les parents d’enfants à bas risque, c’est-à-dire qui souffrent d’eczéma modéré ou léger, peuvent introduire l’arachide à la maison sans test préalable. Ces enfants ayant tout de même une tendance allergique, leurs parents devraient l’introduire aussitôt qu’ils mangent des aliments solides (évidemment, ce n’est pas le premier aliment qu’on offre).

Pour l’introduction, l’allergologue conseille d’appliquer au départ un peu de beurre d’arachides sur les lèvres de bébé. En l’absence de réaction après 15 à 30 minutes, on lui donne ensuite une petite quantité (un petit pois de beurre d’arachides délayé ou 1/8 c. à thé de farine d’arachide mélangée à ses céréales ou à un peu de compote de fruits) et on le surveille de près un autre 15 à 30 minutes. Si tout va bien, on peut lui donner une portion normale (l’équivalent d’environ 1 c. à thé de farine d’arachide). Surtout, on évite les arachides entières et le beurre d’arachides non délayé afin de prévenir le risque d’étouffement.

La clé est d’en offrir régulièrement par la suite, au moins une fois par semaine, pour «enseigner» au système immunitaire de l’enfant que cet aliment ne représente aucun danger.

«De cette manière, l’enfant n’aura pratiquement plus de risque de développer une allergie passé l’âge de cinq ans», précise l’allergologue.

Et les autres aliments allergènes?

«Les recommandations portent spécifiquement sur l’arachide, mais il n’y a pas de raison de croire que c’est différent avec les autres aliments allergènes, comme les œufs, le poisson, le soya ou les noix, souligne le Dr Bégin. On commence quand même par introduire l’arachide, qui est l’allergène principal, celui qui cause le plus décès. Puis, on n’attend pas avant de lui offrir d’autres aliments allergènes.»

Quant à l’exposition aux aliments allergènes pendant la grossesse et l’allaitement, les études se contredisent: on ne connaît pas les effets d’une telle exposition sur la protection ou la sensibilisation chez le bébé, il n’y a donc pas de recommandations officielles pour le moment.

Finalement, les parents d’enfants qui n’ont aucun facteur de risque (prédisposition génétique, allergie dans la famille, eczéma) ni allergie connue peuvent introduire les aliments allergènes quand bon leur semble.

 

 

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