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Enfants adoptés et thérapie du maintien

Enfants adoptés et thérapie du maintien

� iStockphoto.com Photographe : � iStockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

Des enfants adoptés auront tellement souffert qu’on devra les porter pour endiguer leur colère. La thérapie du maintien, qui consiste à bercer un enfant et le contenir dans ses bras, devient ainsi un médicament.

Le maintien est avant tout préventif et proactif. Il permet aux parents et à l'enfant de se découvrir, de s'apprécier, et à l'enfant de ressentir la sécurité que lui offrent ses parents, de développer sa confiance et son attachement. Les thérapies du maintien, plus thérapeutiques que préventives, consistent pour leur part à reprendre cette attitude soit quand l'enfant est en colère, soit quand on veut lui faire savoir qu'on n'accepte pas un de ses comportements.

Le temps de maintien

Martha Welch a proposé la thérapie du temps de maintien comme méthode de rematernage pour soutenir la (re)construction d'un attachement sain chez des enfants qui sont perturbés par un passé de négligence et/ou de maltraitance. Pour elle, tout doit passer par le corps, et ce, que l'enfant ait 2 mois ou 12 ans. Sans ce contact du corps, l'accordage affectif (« attunement ») que l'on a découvert depuis, et qui tisse ce qu'elle appelle le fil d'argent, est impossible.

Quand l'enfant est en colère, vous pouvez essayer de le prendre dans vos bras pour l'aider à se calmer. Cette technique n'est utilisable que si vous êtes encore physiquement plus fort que votre enfant (et un enfant en colère peut avoir beaucoup de force) et si vous êtes capable de maintenir votre enfant sans vous énerver, sans vous fâcher, sans lui faire mal, malgré les coups qu'il vous donne en se débattant. Elle n'a de sens que si vous pouvez le maintenir jusqu'à ce que sa colère soit apaisée et qu'il pleure en cherchant vos caresses. Si vous devez arrêter plus tôt et laisser l'enfant soit parce qu'il est trop fort, soit parce que vous ressentez trop de colère vous aussi, il vaut mieux ne pas l'entreprendre.

Quand vous voulez faire savoir à votre enfant que vous n'acceptez pas son comportement, vous pouvez aussi commencer par le prendre dans vos bras pour lui parler. C'est une façon de lui faire sentir que vous l'aimez même si vous n'acceptez pas un de ses comportements. Une bonne façon de le prendre pour éviter les coups et le maintenir, c'est de vous asseoir sur une chaise et de le prendre à califourchon sur vos genoux face à vous. Vous entourez son corps de vos bras et vous le maintenez. De cette façon, les coups de pied qu'il donnera seront généralement inefficaces. Si vous êtes deux, l'autre parent peut se mettre dans le dos de l'enfant et l'entourer aussi de ses bras. Une autre façon de le tenir est de l'envelopper de la tête aux pieds dans une couverture pour empêcher ses mouvements.

Parler avec l'enfant

Puis vous parlez à l'enfant de son comportement et du fait que vous n'êtes pas d'accord avec ce qu'il a fait (à réserver à des comportements totalement inacceptables comme des violences à autrui). L'enfant va se débattre, essayer de se dérober. Ici aussi il faudra tenir bon, à la fois physiquement et mentalement, ne pas vous mettre en colère, mais laisser la colère de l'enfant s'épuiser sans l'entretenir par des commentaires inutiles.

La séance peut durer longtemps, vous devez y être prêt, et ne devrait se terminer que quand l'enfant est passé de la colère à la tristesse, quand il se met à pleurer et que vous le consolez. C'est dans ce moment de tristesse, de détresse que se crée l'attachement. L'enfant apprend que s'il a un sentiment très puissant (un de ceux qui menacent de le submerger) vous êtes là pour l'aimer et prendre soin de lui, et il apprendra ainsi à faire confiance.

Dans cette technique de maintien peu intrusive telle qu'elle vient d'être décrite, le parent maintient, cajole et nourrit son enfant. Les enfants qui souffrent de difficultés d'attachement n'aiment pas être tenus. Ils craignent la proximité parce que cela veut dire pour eux une perte de contrôle. Ils ont généralement un modèle opérationnel négatif qui dit «Quand maman me tient, cela me fait mal.» À cause de cette peur, ils luttent très fort pour garder le contrôle, pour éviter d'avoir mal à nouveau.

Mise en garde sur la thérapie du Temps de Maintien

Il est fortement déconseillé que des parents utilisent seuls la thérapie, sans l'aide d'un thérapeute averti et sans qu'une évaluation complète des forces et fragilités de l'enfant n'ait été réalisée par un professionnel. Il faudra que ce professionnel guide et enseigne bien aux parents les mesures de sécurité à prendre avant de poser ce geste. N'oubliez pas qu'un enfant peut résister à être touché parce qu'il souffre d'un problème d'intégration sensorielle ou de chocs post-traumatiques suite à des abus physiques et sexuels.

Le processus Z

Aux États-Unis, il existe une autre forme de thérapie de maintien antérieure à celle de Welch et Timberden (1994), le «Processus Z» de Robert Zazlow (Zazlow et Menta, 1975) que l'on devait nommer plus tard «thérapie de réduction de la rage». Une approche plus drastique, c'est le moins qu'on puisse dire.

Cette méthode implique de maintenir physiquement l'enfant pour le confronter et travailler à travers la rage et la résistance motrice de façon à réinstaurer une relation positive avec le thérapeute. Généralement, la thérapie est utilisée pour provoquer la rage. Zazlow croit que la rage dans le maintien est la dernière résistance du négativisme et aussi le commencement d'un comportement positif. Tout comme Welch par ailleurs, il croit que les raisons d'utiliser le maintien sont de rétablir la confiance en créant une situation de crise dans le but de régénérer le cycle de la confiance et par conséquent un lien.

Plus l'enfant est âgé, plus ses mécanismes de défense sont sophistiqués. Quand un enfant est adolescent avec des années de souffrance et de rejet, les niveaux d'intrusion doivent augmenter pour faire face à ses défenses. Au niveau le plus intrusif de la thérapie du maintien, le thérapeute utilise des techniques destinées à assurer sa sécurité et celle de l'enfant. L'enfant est enveloppé dans une couverture et physiquement maintenu par plusieurs adultes. Ce processus en lui-même enlève tout contrôle à l'enfant, créant un sentiment d'impuissance.

Mise en garde sur le Processus Z

Les critiques de la thérapie la considèrent comme abusive. Si elle est mal utilisée, elle pourrait traumatiser un enfant déjà traumatisé. En tout état de cause, cette forme de thérapie ne doit être utilisée que par une équipe de thérapeutes avertis et jamais improvisée par un parent qui voudrait se débrouiller tout seul. Il y a eu des morts, notamment par asphyxie chez un adolescent en crise qu'on avait enroulé dans un tapis «contenant».

  

Le saviez-vous?

L'efficacité des thérapies du maintien décroît au fur et à mesure que l'enfant approche de ses 17 ans. Par conséquent, il est important de commencer le traitement tôt. Les adultes qui souffrent de troubles de l'attachement pourraient aussi bénéficier d'un traitement, mais seulement s'ils sont particulièrement motivés pour faire le travail de maintien. Ils doivent souvent s'engager dans ce type de traitement sans le soutien émotionnel de leurs parents, ce qui rend le travail particulièrement douloureux.

  

Sources

Anderson, J. Holding therapy: A way of helping unattached children. Attachment Center Information Packet. Evergreen, CO: EC Publications, 1988.

Crawford, S. .Holding therapy. Adoption and Fostering, (10), No. 4, 43-46, 1986.

Welch, M. Holding time, 1989.

Zazlow, R., & Menta, M. The Psychology of the Z-process: Attachment and activity. San Jose: San Jose State University Press, 1975.

 

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