0-5 ans
Comment gérer l'agressivité de nos enfants?
Rares sont les parents qui n'ont pas eu à faire face à des comportements agressifs chez leurs enfants. Mais d'où provient cette agressivité? Et surtout, comment y réagir?
L'agressivité, signe d'affirmation
Qu'on se rassure, une certaine dose d'agressivité chez le tout-petit est tout à fait normale. Ces réactions agressives surviennent habituellement entre 18 et 30 mois, période où le bambin veut affirmer haut et fort son individualité et son autonomie. Comme il ne maîtrise pas encore très bien le langage verbal, il exprime ses émotions de manière souvent explosive, par des gestes et des cris.
Pour mieux intervenir auprès de lui, on doit d'abord comprendre que notre enfant vit une période très intense de son développement. Le début de la socialisation avec les autres enfants est souvent source de frustration puisque la notion de partage - des jouets, de l'attention de l'adulte - n'est pas encore acquise pour lui. C'est aussi le début des affrontements entre l'enfant et le parent qui lui impose des limites. D'une part, il a besoin du cadre éducatif sécurisant qu'on lui offre, mais d'un autre côté, il se trouve assez grand pour faire les choses par lui-même. Et si ça ne se passe pas comme il le veut, c'est par des coups et des cris qu'il nous fera connaître sa frustration.
Question de se redonner espoir dans cette tourmente, on doit se rappeler que cette période ne dure habituellement que quelques mois. Les comportements agressifs diminuent grandement avec le développement du langage verbal et la capacité pour l'enfant de mettre des mots sur ses émotions.
Comment intervenir?
Que faire lors des crises? Comment intervenir face à ces explosions de colère? Tout d'abord, même si l'attitude de notre enfant nous fait réagir, on tente de rester calme. Si on est à la maison et qu'il n'y a aucun danger physique pour lui, on peut se permettre d'ignorer les crises en s'éloignant ou en changeant de pièce. Notre petit n'aura pas l'attention qu'il recherche et la crise pourrait alors cesser rapidement. On peut aussi, lors de moments calmes, dire à notre enfant combien on est fier de lui quand il s'amuse bien, combien on apprécie qu'il formule ses demandes adéquatement... On met ainsi davantage l'accent sur les comportements positifs plutôt que sur les comportements négatifs.
Toutefois, si notre petit fait une crise en public ou s'il tente de se blesser ou de lancer des objets, on doit l'arrêter avec fermeté et lui faire comprendre clairement que ce comportement n'est pas acceptable. Pour éviter que notre enfant ne profite du pouvoir que lui donne la présence des autres, il peut être préférable de le prendre à part. Isolé des autres, coupé de leurs réactions, il commencera tout doucement à se calmer.
L'enfant qui réagit plus intensément
Si les crises de notre enfant prennent de plus en plus d'ampleur, on doit peut-être analyser nos réactions comme parent. Il n'est pas toujours facile de trouver un juste équilibre. On doit être capable d'établir clairement nos limites, mais une certaine souplesse est nécessaire pour ne pas accentuer la réaction d'opposition de notre enfant. Quand on lui dit non pour quelque chose, il faut aussi lui dire ce qu'on attend de lui ou l'orienter vers ce qu'il est permis de faire. Ainsi, la frustration sera moins grande. Et on encourage l'enfant à prendre des initiatives et à se sentir «grand».
On doit aussi se rappeler que le petit de cet âge vit avec beaucoup d'intensité ses émotions, mais n'a pas encore les mots pour bien les exprimer. On peut l'aider à nommer ce qu'il vit de façon concrète et imagée: «Tes petits poings sont fermés et tu respires très vite. Tu es fâché, Mathieu, je comprends! Mais on ne lance pas les jouets.» Plus il réussira à mettre des mots sur ce qu'il ressent, moins il réagira avec violence.
Si toutefois on se sent dépassée par le comportement de notre enfant ou si l'agressivité perdure avec les années, on ne doit pas hésiter à aller chercher de l'aide. Les CLSC offrent des services professionnels aux familles et leurs intervenants pourront certainement nous aider ou nous diriger vers d'autres ressources au besoin. On ne doit pas oublier qu'être un bon parent, ce n'est pas être un parent parfait, mais un parent conscient de ses forces et de ses limites. Et surtout, un parent capable d'aller chercher du soutien au besoin!