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Allaitement : c'est mon choix (ou pas)!

Allaitement : c'est mon choix (ou pas)!

Allaitement : c'est mon choix (ou pas)! Auteur : Julia Haurio

Pendant ma première grossesse, j’ignorais si j’allaiterais mon bébé. Je pensais en avoir envie, mais me disais aussi que si pour X raisons, cela ne marchait pas, ce n’était pas un drame.


Ce que j'ignorais, c'était que l'allaitement était un sujet chaud. Que même, si le choix d'allaiter ou pas était de toute évidence personnel, il y avait une énorme pression sociale qui allait avec.

La semaine passée, un quotidien français a publié une lettre ouverte co-signée par plusieurs personnalités, intitulée Allaitement : cessons de culpabiliser les femmes. Plusieurs journalistes, auteures, éditrices y dénoncent la pression imposée aux femmes pour qu'elles allaitent leur bébé. Elle mentionne notamment l'étude publiée récemment par The Lancet qui avance que la généralisation de l'allaitement pourrait sauver 800 000 enfants par an. Les auteurs de l'étude précisent que les bénéfices de l'allaitement ne seraient pas seulement observables dans les pays en développement. Pour les co-signataires de la lettre, ce genre de message, largement relayé dans les médias contribue à culpabiliser les femmes qui ont choisi de ne pas allaiter.

J'avoue avoir été surprise par cette montée de lait dans mon pays d'origine. La pression pour allaiter y est beaucoup plus faible qu'au Québec où l'on trouve de véritables ayatollahs de la tétée dans plusieurs hôpitaux. En France, en raison d'un congé maternité beaucoup moins généreux que le nôtre, l'allaitement est aussi moins répandu et surtout beaucoup plus bref. À 3 mois, 39 % des bébés y sont encore allaités contre 66% au Québec. À chacun de mes voyages là-bas, j'ai toujours eu l'impression que cette fameuse pression était quasi-nulle ; mais j'étais dans l'erreur apparemment. En 24 heures, 3500 personnes avaient déjà signé cette pétition.

J'ai allaité mes deux enfants : 20 mois pour mon fils et 16 pour ma fille. Bien? Trop pour certains en fait...Si on m'avait dit il y a cinq ans que j'aurais donné le sein à mes bébés aussi longtemps, je ne l'aurais pas cru. Je suis très heureuse de l'avoir fait, c'est une expérience extraordinaire et tant que mon cœur me l'a dicté, j'ai continué, mais dès que ce ne fut plus le cas, j'ai arrêté. Ce n'est pas une chose que l'on fait par devoir. L'allaitement exige un tel investissement physique et mental qu'il ne devrait regarder que nous.

Les signataires de la lettre mentionnée plus haut, écrivent : " Il faut cesser d’opposer les droits de la femme, et en premier lieu celui de disposer de son corps, aux devoirs de la mère, qui se devrait corps et âme à ses enfants." Même si j'ai allaité mes enfants, je me retrouve dans ce discours, car j'ai clairement ressenti une autre pression : celle qui sous-entend qu'après un certain temps (un an au Québec, et quelques mois en France), on doit sevrer notre bébé. Non seulement on DOIT allaiter mais en plus, on nous dit combien de temps c'est acceptable de le faire.

C'est cette intrusion dans nos vies de mères et de femmes que je regrette. Je peux comprendre que quand on allaite, on ait envie de partager notre expérience, d'encourager nos amies d'en faire autant, mais il faut prendre garde à ce que le conseil ne tourne pas au jugement. Même chose dans les hôpitaux, on ne devrait pas sentir de pression de la part des infirmières, mais plutôt des encouragements et le respect de notre choix, s'il y a lieu. Sans oublier que pour certaines femmes, il ne s'agit pas d'un choix, puisqu'elles auraient voulu allaiter, mais qui n'y sont pas parvenu, parfois au prix d'efforts surhumains.

La promotion de l'allaitement, c'est bien, le lactivism ou allaitement militant que dénonce dans un essai la politologue Courtney Jung, ça l'est beaucoup moins!

À lire : Allaitement : plus d'aide, moins de gros yeux

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