Jardinage
Verdir la ville pour protéger la biodiversité
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Les villes ont tous les instruments nécessaires pour protéger leurs milieux humides, rives et berges, forêts urbaines et autres écosystèmes qui permettent aux petite et grande faunes de survivre. Elles peuvent notamment adopter des normes de protection des rives -maillon le plus important de la biodiversité après les milieux humides - ou augmenter le niveau d'aires protégées. Mais elles manquent de ressources, selon maître Jean-François Girard, président du Centre québécois du droit de l'environnement.
Intervenant au Sommet sur la biodiversité de Montréal, organisé en avril 2010 par le Conseil régional de l'environnement, maître Girard soulignait que la Cour suprême du Canada avait reconnu le pouvoir des villes de protéger des écosystèmes jugés d'intérêt public. Cette réglementation environnementale n'implique pas l'expropriation, précise-t-il. Elle permet, par un zonage approprié, d'interdire certaines activités sur un terrain privé au nom de l'intérêt public et de l'environnement. Et ce, sans qu'on ait à acquérir les terrains!
Les municipalités peuvent ainsi aménager des «couloirs verts» pour relier les divers parcs de leur territoire. Des travaux préliminaires du biologiste Andrew Gonzalez, de l'Université McGill, indiquent que des corridors de quelques mètres de large et d'une longueur maximale de 1,5 kilomètre permettraient d'améliorer du tiers la protection de la biodiversité dans l'île de Montréal.
Aux citoyens de s'impliquer
Il ne revient cependant pas qu'aux villes de sauvegarder la biodiversité. Les efforts doivent aussi provenir des propriétaires de terrains privés. Autrement, seuls les rues et les parcs seront verts, souligne Coralie Deny, directrice générale du Conseil régional de l'environnement (CRE) de Montréal. Elle donne l'exemple du programme de verdissement des stationnements de Toronto et du système de ponts verts entre les espaces naturels de Londres.
À Montréal, quelques initiatives ont vu le jour. On compte par exemple 79 ruelles vertes, des toits verts aménagés sur une centaine d'édifices ainsi que cinq stationnements qui accordent une place de choix aux arbres et à la végétation.
Vers l'agriculture urbaine?
Il est facile aux propriétaires privés de transformer une cour de ciment en espace vert ou, pourquoi pas, un coin de pelouse ou une plate-bande en jardin. Un pas vers l'agriculture urbaine. Un mouvement bien amorcé dans l'ouest du continent, où les villes de Portland, de Seattle et de Vancouver permettent à leurs citoyens d'élever des poules ou des abeilles sur leur terrain. Norman King, responsable de la Santé publique, voit de nombreux avantages à l'agriculture urbaine, notamment pour les personnes âgées, qui y trouvent une activité sociale et physique en plus de bénéficier de légumes frais.
Verdir le béton
Le CRE de Montréal a conçu un guide sur le verdissement dans lequel il donne aux propriétaires institutionnels, commerciaux et industriels des moyens d'intervenir pour verdir la métropole et combattre les îlots de chaleur. Ces derniers se forment lorsque la végétation est remplacée par des constructions.
Dans certains quartiers, par exemple, les rues sont larges, les arbres rarissimes et les toits goudronnés omniprésents. On crée ainsi des zones de chaleur qui aggravent les problèmes de santé qui surviennent lorsque la température grimpe. En plus de favoriser les coups de chaleur, qui peuvent déclencher des arythmies et des infarctus, la canicule rendrait la pollution plus toxique, selon des recherches.
Le guide invite la communauté à s'engager dans huit actions, notamment celles d'assurer l'accès facile à un parc à toute la population de l'île, de participer au développement de corridors verts et bleus (cours d'eau), et de développer l'agriculture urbaine. Plus concrètement, il propose de planter des arbres et des arbustes dans des endroits asphaltés ou gazonnés non utilisés. Il préconise aussi de verdir les murs avec des plantes grimpantes et d'installer des matériaux réfléchissants sur les toits, les murs et les surfaces asphaltées.