Jardinage
4 beaux jardins à découvrir
Domaine Joly-De-Lotbinière
DOMAINE JOLY-DE LOTBINIÈRE
Un parc-jardin historique qui plaira aux romantiques
Au Domaine, loin du bruit et de la frénésie urbaine, on a l'impression de faire un voyage dans le temps. Ses jardins ont été aménagés au XIXe siècle selon les principes du mouvement pittoresque («qui mérite d'être peint»). On va donc de tableau en tableau sans jamais voir le bout du jardin. On y admire 2 300 variétés de fleurs avec, en prime, une vue imprenable sur le fleuve. Un peu partout s'élèvent des arbres immenses: ils sont l'héritage de Sir Henri-Gustave Joly de Lotbinière, un passionné de sylviculture qui a été brièvement premier ministre du Québec. Il a notamment planté plus de 10 000 noyers noirs. Ces géants ont maintenant plus de 130 ans. Comme les jardins avaient été laissés à l'abandon pendant une quarantaine d'années, on ne distinguait plus les plates-bandes des sentiers. On les a restaurés à partir de photos d'archives et des plans originaux et on les a fait évoluer en respectant l'esprit romantique de l'endroit. Le site est maintenant classé Bien culturel du Québec et Lieu historique national du Canada.
Plante vedette
La fleur emblème du Domaine est la rose trémière, une belle d'autrefois. Avec sa hampe florale qui atteint jusqu'à 2 m de hauteur à maturité, elle trouve naturellement sa place dans ce jardin où s'élèvent des arbres centenaires.
Une idée qui nous inspire
Devant le manoir, 200 rosiers ‘Bonica' attirent les regards en juin et en septembre. Pour que le parterre demeure attrayant entre les deux floraisons, on y a intégré de la verveine de Buenos Aires, qui ajoute une touche aérienne au massif et inspire les artistes de passage.
Conseils de jardiniers
- On a de grands arbres sur notre terrain? Pour équilibrer les proportions du jardin, on accueille des végétaux qui seront plus hauts que nous à maturité et meubleront l'espace intermédiaire quand on lèvera les yeux vers la cime.
- Les arbres matures sont de grands buveurs: ils absorbent jusqu'à 20 fois plus d'eau que les autres plantes à proximité. À leur base, on plante donc des variétés qui supportent la sécheresse.
- Pour prolonger la période de floraison d'une plante, on combine les semis et la plantation de jeunes pousses en début de saison. Par exemple, au Domaine, on plante de la verveine de Buenos Aires, qui fleurit à la fin de juin, en plus de faire des semis qui fleuriront à la fin de juillet.
Où le trouver?
7015, route de Pointe Platon, Sainte-Croix, 418-926-2462, domainejoly.com
JARDINS & DES LYS
Un lieu unique où on aime s'attarder
L'histoire de ces jardins est d'abord celle d'un coup de foudre. En 2000, une maison victorienne ancestrale de Verchères ne trouvait pas preneur sur le marché immobilier parce que les conditions successorales exigeaient l'entretien de ses jardins. Ce n'était pas un problème pour Réjean Courchesne, un architecte paysagiste amoureux de jardins traditionnels et de patrimoine, qui a vu le potentiel du site. Plusieurs structures insufflaient déjà un caractère unique au jardin: des statues, une volière et les fondations d'une ancienne salle paroissiale. Les plates-bandes étaient toutefois composées de plantes plutôt banales. Avec minutie et amour, l'architecte paysagiste a fait évoluer les compositions végétales et conçu un jardin architectural unique. Aujourd'hui, c'est un véritable havre de beauté où on voudra s'éterniser.
Plante vedette
Oriental, trompette, martagon, asiatique: le lys fait le lien entre les 23 jardins thématiques. Le ‘Conca d'Or' vaut à lui seul le détour: cet hybride du lys oriental et du lys trompette s'élève à plus de 2 m de hauteur et compte jusqu'à 40 fleurs par tige. Impressionnant!
Une idée qui nous inspire
Devant un beau vitrail, les lys sont en vedette parmi un mélange de hautes vivaces. Comme le pied des lys n'est pas très élégant, on le camoufle avec des feuillages texturés.
Conseils de jardiniers
- Pour mettre un jardin déjà existant à notre main, on doit faire abstraction des petites plantes individuelles et repenser la structure en allant du plus grand au plus petit: d'abord les grands arbres, puis ceux de taille modeste, ensuite les arbustes et enfin, les vivaces.
- On photographie notre jardin sans relâche tout au long de la saison. À tête reposée, on pourra observer l'évolution des floraisons, réfléchir aux améliorations possibles et planifier les ajouts.
- Pour ceinturer nos plates-bandes, on oublie les bordures de plastique: elles nuisent au travail et se fendillent au fil des ans. Quelques fois durant l'été, on délimite les contours à l'aide d'un coupe-bordure. On travaille en piquant à un angle de 45° pour éviter que le gazon ne s'affaisse.
Où le trouver?
23, rue Saint-Pascal, Verchères, 514-606-6554, jardinsetdeslys.com
ROUTE DES GERBES D'ANGELICA
Un jardin dépaysant qui rallie toutes les générations
Ouvert en 2008, ce jardin est l'oeuvre de 19 amis de longue date, âgés de 47 à 80 ans. Sac au dos, ils ont voyagé à travers le monde. Ils sont enseignants, psychoéducateurs, chimistes, biologistes... mais aucun n'est horticulteur. Ensemble, ils ont pensé, dessiné et créé plusieurs jardins thématiques en s'inspirant de ceux qui les avaient particulièrement marqués. Au fil des pas, on va du style campagnard de nos grands-mères à l'ambiance zen, en passant par les formes géométriques et épurées du jardin contemporain, inspirées de l'un des jardins de Versailles. Les concepteurs de la Route des Gerbes d'Angelica lui ont donné une mission humanitaire et communautaire: créer un lien entre les générations et les peuples. Multisensoriel et ludique, le jardin plaît aux petits comme aux grands et même aux personnes en perte d'autonomie. Ses sentiers peuvent aussi bien accueillir les groupes scolaires que les poussettes et les fauteuils roulants. Avec les profits, le jardin contribue aux paniers alimentaires d'ici et à l'éducation des enfants en Indonésie.
Plante vedette
Peu connue au Québec, cette Angelica, qui donne son nom aux jardins, a pourtant été introduite dès les débuts de la colonie. Il existe aussi une variété d'angélique qui pousse à l'état sauvage dans nos marais. Tout se mange dans la plante: en France, on l'utilise couramment dans les desserts et on en tire un alcool, la chartreuse.
Une idée qui nous inspire
On travaille fort à fleurir les plates-bandes, mais les fleurs ne durent qu'un temps. Pourquoi ne pas miser aussi sur les fabuleuses textures des graminées ou même accueillir des oeuvres d'art au jardin, comme c'est le cas au Jardin des graminées? C'est magnifique en toutes saisons, même en dehors des périodes de floraison.
Conseils de jardiniers
- On commet souvent l'erreur de n'acheter qu'un seul plant en jardinerie. Tout seul dans une plate-bande, il ne fait pas grande impression. Mieux vaut créer des massifs en s'offrant plusieurs plants d'un coup.
- Pour intégrer harmonieusement une oeuvre d'art au jardin, on ne regarde pas seulement l'effet de face, mais on multiplie les points de vue: d'en haut, d'en bas (comme les enfants), de côté. On imagine les plants environnants une fois à maturité afin de s'assurer qu'ils côtoieront l'oeuvre sans la cacher.
- Souvent, on organise notre jardin pour en mettre plein la vue et on néglige les autres sens. Au moment de choisir nos végétaux, on devrait s'y attarder afin de créer un jardin multisensoriel. On prendra plaisir à se laisser guider par les odeurs, les textures et le bruissement des feuilles.
Où le trouver?
6015, rang Saint-Vincent, Mirabel, 450-258-1648, gerbesdangelica.com
JARDINS DU GRAND-PORTAGE
Une source d'informations pour les curieux et les passionnés
Fortement intéressé par les produits du terroir, Yves Gagnon s'est d'abord dirigé vers le domaine de l'hôtellerie, mais il a vite déchanté en constatant qu'on y utilisait essentiellement des produits industriels. Avec sa conjointe biologiste, Diane Mackay, il a alors décidé de cultiver une terre à Saint-Didace dans l'espoir de changer les choses. Ensemble, ils ont créé un premier jardin de culture maraîchère biologique. C'était il y a 33 ans. Même si l'aventure des précurseurs n'était pas rentable, elle leur permettait de tester et de mieux comprendre les principes du jardinage écologique, qu'Yves Gagnon partageait ensuite par des conférences, des cours et des livres. Comme on demandait souvent à visiter son jardin, il a développé son aspect ornemental et l'a ouvert officiellement au public en 1990. Aux Jardins du Grand-Portage, on peut se balader librement pour le plaisir de contempler cet endroit magnifique ou suivre une visite guidée et apprendre les secrets de la culture bio.
Plante vedette
Pour leur feuillage luxuriant ou leurs fruits appétissants, les plantes potagères méritent une place au jardin ornemental. Yves Gagnon travaille à l'amélioration constante de la tomate Savignac, une variété patrimoniale d'un beau rouge rosé, bien adaptée aux conditions de culture du Québec et résistante aux maladies.
Une idée qui nous inspire
Il est difficile d'aménager un terrain en pente douce à cause de l'érosion, surtout si le sol est sablonneux, comme ici. Une astuce pour protéger l'espace dénudé: on y sème un couvre-sol (par exemple, du sarrasin ou de l'avoine) qui servira de paillis vivant.
Conseils de jardiniers
- Un des principes du jardinage écologique est de soigner d'abord la base: le sol. Il ne faut pas l'épuiser ni trop le travailler: chaque printemps, il suffit de l'enrichir de compost, qu'on incorpore à l'aide d'une griffe.
- Pour l'arrosage, on oublie les gicleurs, qui gaspillent l'eau sans discernement. On opte pour une solution localisée: un système qui libère l'eau goutte à goutte au pied des plants ou une lance d'arrosage qui permet d'irriguer manuellement sans avoir à se pencher.
- On ne gaspille pas nos résidus de végétaux: on composte. L'astuce pour réussir notre compost consiste à maintenir le bon équilibre: deux parts de résidus bruns (feuilles mortes) pour une part de résidus verts (cuisine, etc.). On pense aussi à humecter les feuilles mortes: sèches, elles ne se décomposent pas.
Où le trouver?
800, chemin du Portage, Saint-Didace, 450-835-5813, jardinsdugrandportage.com
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