Vacances et voyage
En voyage, payer pour prendre des photos ou non?
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Éthique du voyageur
Il existe plusieurs règles d'éthique à respecter, souvent écrites ou encouragées par les agences de voyages ou les sites Internet prônant le tourisme responsable. L'organisme français Agir pour un tourisme responsable (ATR) publie une charte dans son site. Voici quelques extraits:
«Une bonne photo se fait avec son sujet, pas contre lui. Les photographes ont tout à gagner à prendre le temps d'établir un climat de confiance, à demander l'autorisation de filmer ou de photographier (auprès des parents pour les enfants) et à se conformer aux éventuels refus.
Dons et cadeaux ne sont pas des gestes innocents. Ils peuvent parfois prendre une connotation condescendante, méprisante ou déplacée (jeter par exemple des pièces ou des bonbons à des enfants afin de s'en débarrasser...). Les cadeaux, dons et pourboires trop importants, compte tenu du niveau de vie général du pays visité, déstabilisent les équilibres économiques locaux. Les enfants qui reçoivent de l'argent pour des photos ou parce qu'ils mendient ne sont plus scolarisés, gagnent plus d'argent que leur père: ceci peut créer d'importantes distorsions dans les structures familiales (non-respect du père et des anciens)...»
Un cadeau plutôt que de l'argent?
S'il est préférable de donner un petit cadeau plutôt que de l'argent aux gens qui acceptent de se faire photographier, la charte d'ATR précise qu'il faut faire attention à ce qu'on offre. Il vaut mieux proposer nos médicaments à une clinique ou à un dispensaire plutôt que directement à la population, qui n'en ferait peut-être pas un bon usage. De même, les bonbons favorisent les caries, dans les pays où la brosse à dents est un objet rare...
Moi, j'aime bien apporter des fournitures scolaires, fort appréciées de tous: cahiers, calepins, stylos, crayons, gomme à effacer, taille-crayon, papier collant... Et des gâteries: t-shirts, attaches à cheveux et barrettes, autocollants, petits jouets (balles, poupées de chiffon, petites autos...). On fait bien sûr attention à ne pas déséquilibrer l'économie et les valeurs locales: si le cadeau que vous pensez anodin représente six mois de travail pour un adulte dans un pays en voie de développement, vous comprendrez pourquoi la mendicité se généralisera à la vitesse de l'éclair avec des touristes généreux (et surtout inconscients!) comme vous! Il faut s'informer du mode de vie des gens avant d'agir.
Favoriser l'achat local
Le truc de l'achat est aussi fort efficace. Quand j'achète un produit d'artisanat, un fruit bien mûr ou autre souvenir, j'en profite pour demander à la vendeuse au marché, à l'enfant qui a fabriqué le collier, au commerçant derrière ses pots d'épices..., si je peux prendre une photo de lui ou elle ou de sa boutique, «pour me rappeler l'endroit où j'ai acheté ce si joli plat/bijou/sac...». En général, quand on demande la permission si gentiment, on obtient facilement la faveur de la photographie.
Journée de lavage à Cuba
J'étais à Cuba, marchant sur le lit d'une rivière asséchée. Au loin, je voyais des taches multicolores sur les cailloux. En me rapprochant, j'ai compris qu'il s'agissait de vêtements et de draps, étalés en vue de les faire sécher. J'aurais aimé être un oiseau et survoler la rivière, pour admirer la scène vue du ciel! Des femmes et leurs fillettes se sont rapprochées de moi. Elles m'ont demandé... du savon, parce que le leur n'était pas efficace et qu'elles se brûlaient les mains à laver à l'eau bouillante. Tournant la tête, j'ai bien vu les immenses marmites sur des feux de bois, dans lesquelles les mamans mettaient leur lessive. Évidemment, je voulais prendre des photos de ces scènes insolites. J'étais en mauvaise position, ne pouvant leur offrir du «savon qui lave plus blanc, à l'eau froide et doux pour les mains!».
Mais... je me débrouille en espagnol. Un bon point pour moi! Sachez que parler des langues étrangères vous rend mille fois plus sympathique aux yeux des gens des pays que vous visitez. J'ai commencé à leur poser des questions sur leur mode de vie, avec une touche d'humour et d'empathie («Comment ça, vos maris ne font pas le lavage? Ils ont de grosses mains qui devraient mieux supporter l'eau bouillante que vous!»).
Je me suis présentée et ai obtenu leurs prénoms en retour. Je les ai fait rire quand j'ai dit que je croyais qu'une des femmes était la grande sœur et non la mère de la petite... Je leur ai demandé si elles connaissaient des chansons (j'ai eu droit à un air révolutionnaire cubain, mimé et dansé!)... J'ai ensuite tout bonnement demandé si je pouvais les prendre en photo, pour immortaliser ces merveilleux moments. À la suite de leur acquiescement empressé, j'ai pu prendre de merveilleux clichés et même filmer les deux fillettes qui chantaient de façon théâtrale! Je leur ai offert à mon tour des souvenirs: des stylos et une épinglette du Canada. Tout le monde était ravi!