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Vos souvenirs de Noël

Vos souvenirs de Noël

istockphoto.com Photographe : istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

Souvenirs de Noël: Elianne, 94 ans

«Dans les années 20, j'étais petite fille. J'habitais à la campagne, à quelques kilomètres du village de Ste-Cécile de Lévrard, dans une maison en bois de type canadienne. Lorsque la fête de Noël arrivait, il faudrait plutôt dire la «messe de Noël», mon père devait décider qui des cinq enfants pourrait y assister. Mon père avait loué trois places dans un banc de l'église. Chaque année, deux des enfants pouvaient l'accompagner. Mon tour venait aux deux ou trois ans. Maman, bien entendu, devait rester à la maison pour garder le reste de la famille et préparer un petit réveillon.

«Papa attelait la jument à notre traîneau, qui pouvait transporter deux personnes assises; la troisième se tenait tant bien que mal en équilibre derrière le siège. On était protégés du froid par d'épaisses couvertures. Ça prenait une bonne demi-heure pour se rendre à l'église. Il fallait être à temps pour le Minuit, chrétiens, chanté par un homme à la voix grave. Tout le monde écoutait avec attention en espérant qu'il atteigne la plus haute note sans problème, ce qui n'était pas toujours le cas!

«Et là, la première messe, «messe des Anges» ou «messe de minuit», commençait. Émerveillés par les lumières (il y avait des cierges un peu partout) et les décorations, nous avions beaucoup de difficulté à nous concentrer sur la cérémonie, célébrée par le curé du village, dos au peuple et en latin, bien entendu. Nous avions quand même droit à une homélie en français, où la naissance du petit Jésus était mise en évidence. La première messe aussitôt terminée, notre vaillant curé se lançait dans la deuxième, qui était un peu plus courte. Quant à la troisième, elle se disait au galop, car les paroissiens commençaient dangereusement à bâiller et il fallait qu'ils s'en retournent à la maison. À la fin de la messe, on pouvait s'approcher de la crèche et voir le petit Jésus de près. On se souhaitait un joyeux Noël, puis on prenait le chemin de retour. Heureusement, les grelots du traîneau nous gardaient éveillés.

«À la maison, maman nous attendait avec les enfants qui avaient réussi à veiller. Elle nous avait préparé un petit réveillon, question de nous réchauffer un peu. Après tant d'émotions, le sommeil nous envahissait en peu de temps. On n'avait pas de cadeaux, car c'est au jour de l'An qu'on recevait des présents: une orange ou encore des chaussettes tricotées par maman ou une vieille tante. Il n'y avait pas non plus de sapin décoré; cette tradition n'était pas parvenue à notre village.»

 

 

 

 

Souvenirs de Noël: Leonard, 87 ans

«J'ai grandi au sein d'une famille de cultivateurs, à environ 60 milles de Rivière-du-Loup. On était 13 enfants. À l'époque, Noël, c'était sacré. Vers 1 h 30, après la messe de minuit, la parenté arrivait à la maison. Tout le monde était là. Ma mère faisait toujours un ragoût, des tourtières, des beignes - c'était important, les beignes, dans ce temps-là - des tartes et des pâtisseries. On mangeait gaiement, on n'aurait raté ça pour rien au monde.

Mes parents n'avaient pas les moyens de nous donner des présents. Ils glissaient plutôt une orange dans notre bas de Noël. C'était tout une gâterie à l'époque! On n'était pas riches, mais on ne manquait de rien puisqu'on pouvait tout faire - notre pain, notre beurre, notre viande - nous-mêmes. On ne pouvait en dire autant des membres de notre famille qui habitaient à Edmunston. Eux étaient très affectés par la crise.»

Souvenirs de Noël: Claire, 68 ans

«Chez nous, Noël était synonyme d'excès. Plusieurs mois à l'avance, ma mère commençait à acheter les nombreux petits cadeaux qui allaient emplir nos bas de Noël. Puis, à la mi-décembre, dans le froid intense, elle installait un sapin paré de lumières multicolores sur le balcon du deuxième étage, et elle en dressait un deuxième à l'intérieur, afin de pouvoir y déposer la montagne de cadeaux qui nous étaient destinés. La maison était abondamment décorée de tous les ornements de Noël qu'on trouvait alors sur le marché.

«La journée du 24, maman terminait la cuisine de Noël et, le soir venu, nous allions à la messe de minuit. Mes deux soeurs, mon frère et moi revêtions alors nos plus beaux atours: il fallait projeter l'image d'une famille parfaite, comme toutes les autres familles qu'on rencontrait là-bas. C'était l'époque de l'Amérique heureuse, de Papa a raison.

«Lorsqu'enfin arrivait le matin du 25, nous développions notre volumineuse pile de cadeaux soigneusement emballés. Les rationnements imposés par la guerre avait engendré un désir d'abondance et mon père, médecin, se réjouissait de constater que ses revenus étaient bien utilisés. Le dîner, gargantuesque, était immanquablement suivi de l'appel téléphonique fait au reste de la famille, à Québec. Vu le coût élevé des interurbains à l'époque, c'était tout un événement! Tout le monde se passait le combiné afin d'offrir ses voeux aux uns et aux autres.»

 

Souvenirs de Noël: Roger, 77 ans

«On habitait à Montréal, au coin de Châteaubriand et de Bélanger. Mes deux frères et moi allions souvent nous promener sur la rue Saint-Hubert pour admirer les vitrines décorées. Tout le monde profitait de la dernière semaine avant Noël pour terminer ses emplettes. Mon père, qui possédait une petite épicerie-boucherie, passait d'innombrables heures à son commerce. À cette période de l'année, la concurrence était féroce.

«Lorsque la soirée du 24 arrivait enfin, mon père était trop crevé pour qu'on aille à la messe de minuit. Ma mère nous envoyait alors au lit, mes frères et moi, mais on était fébriles: on savait que le père Noël allait passer, comme le voulait la tradition anglaise. Le 25 au matin, on bondissait du lit et on se ruait sur nos cadeaux. Cette année-là, j'avais reçu un traîneau, j'étais fou de joie. Nos petits camarades, qui devaient patienter jusqu'au 1er janvier pour recevoir leurs étrennes, nous enviaient beaucoup d'avoir une grand-mère écossaise!

«La table n'étant pas assez grande pour accueillir tous nos estomacs gourmands, on devait faire deux tablées. C'est là que mon grand-père sortait le caribou qu'il avait commencé à préparer dès l'automne. À travers les rires et les conversations joyeuses se profilait une petite pensée pour notre oncle qui était au front.»

Souvenirs de Noël: Jocelyn, 37 ans

«Pendant que nos mères faisaient la cuisine, mes cousins et moi, on préparait le sous-sol pour le party. On décorait, mais, surtout, on s'assurait que la disco mobile de mon cousin comprenait les albums de Noël d'Édith Butler et les derniers succès de Boy George et de Michael Jackson. On passait à table vers 17 h afin de pouvoir gagner l'église à temps pour la messe de 19 h. Au retour, on procédait à l'échange de cadeaux, puis on sonnait le coup d'envoi de la soirée de danse avec un continental. Et c'était parti pour la nuit! Vers 4 h, nos mères sortaient le petit buffet qu'elles avaient préparé et on prenait une bouchée avant d'aller se coucher, fourbus.»

 

Souvenirs de Noël: Danielle, 55 ans

«Chaque année, ma mère attaquait les préparatifs des fêtes bien à l'avance, alternant entre sa cuisine de Noël, la confection de tenues pour mes soeurs, mon frère et moi, et la décoration du sapin, qu'elle voulait le plus scintillant possible. Puis, le 24, c'était le branle-bas de combat: les bains, les lavages de tête, les bouclettes - pour ma mère, il était impensable que ses filles n'arborent de jolies frisettes pour l'occasion. Il était hors de question d'aller à la messe de minuit sans être sur son 36!

«Au retour, un petit réveillon nous attendait. Maman avait préparé un buffet et papa nous autorisait à siroter un petit verre de rouge. Après avoir ouvert nos cadeaux - j'avais reçu une Barbie et une pièce de vêtement -, la fatigue nous menait tout droit au lit. Le lendemain, quelques oncles et tantes passaient nous offrir leurs voeux. Mais tout ça n'était qu'une pâle répétition des célébrations du Nouvel An. Celles-ci débutaient la veille avec une énorme fête de famille où l'on chantait et dansait toute la nuit. J'avais toujours peur que le plancher défonce! Nous rentrions au petit matin. Deux heures plus tard, les visites de «Bonne Année!» commençaient et se succédaient durant toute la journée.»

Souvenirs de Noël: Marie, 48 ans

«Noël, pour moi, ça signifiait que j'allais voir mon père. Je ne le voyais plus qu'une ou deux fois par année depuis que mes parents avaient divorcé. Mais ce grand moment était précédé du réveillon chez ma tante Jacqueline. Comme elle était femme au foyer, c'est elle qui recevait la famille du côté maternel. Chaque année, elle avait mis le paquet avec le grand sapin silver, les martinis, les entrées de demi-pamplemousses surmontés de cerises au marasquin grillés au four, etc. Toute la parenté - une cinquantaine de personnes - arrivait vers 18 h. Ça mangeait, buvait, fumait. Puis, vers 23 h, plusieurs quittaient pour la messe de minuit tandis que les agnostiques continuaient de fêter à la maison. Puis, quand les gens revenaient de l'église, on procédait à la remise des cadeaux. Tous les enfants priaient pour ne pas recevoir un de ces objets bizarres achetés au Salon des métiers d'art. Puis, la fête continuait jusque tard dans la nuit. Le Cinzano et la crème de menthe aidant, ça discutait fort de politique entre fédéralistes et souverainistes.

«Le lendemain, mon père venait nous chercher et nous amenait célébrer Noël dans sa famille. Chez mes grands-parents paternels, il fallait être bien mis, polis et faire usage de bonnes manières, surtout à table, lorsqu'on découpait la dinde avec l'argenterie des grands jours. Puis, papa nous ramenait chez ma mère vers 22 h. À la reprise des classes, lorsqu'on s'enquérait du Noël des uns et des autres, je me contentais de décrire les cadeaux que j'avais reçus. Mes petits camarades ne comprenaient rien à ma situation familiale. Pour eux, deux familles, c'était trop compliqué.»

 

Souvenirs de Noël: Maria Alejandra, 18 ans

«Noël a toujours été ma fête préférée. En Colombie, la maison était toujours abondamment décorée et illuminée. Neuf jours avant Noël, on entreprenait la Novena, une tradition colombienne qui consiste à réciter chaque jour une prière relatant l'histoire de Marie et de Joseph. On complétait nos prières avec des chants et un léger repas. J'adorais ces moments! Puis, la soirée du 24, toute la famille affluait chez nous pour un gros souper de dinde accompagnée de spécialités de Noël, comme les buñuelos - des beignets farcis - et la natilla - une crème dessert au goût caramélisé. Dès que sonnait minuit, on distribuait les cadeaux. Ma soeur et moi étions inondées de présents. Puis on chantait et on dansait toute la nuit.

«À la fin des années 1990, mes parents n'ont eu d'autre choix que de quitter la Colombie. Ils ont posé une carte du monde sur la table et nous ont demandé, à ma soeur et à moi, dans quel pays nous aimerions vivre. Nous voulions aller au Canada. Ils en ont été étonnés, mais pour nous, c'était logique: c'était le pays le plus rapproché du pôle Nord. Nous aurions forcément plus de cadeaux à Noël.

«Nous avons fêté notre premier Noël au Québec en 2000. J'avais 6 ans. Quelques semaines avant Noël, nous sommes allés acheter des décorations afin de bien préparer la maison pour notre petit réveillon familial, auquel se sont joints deux amis de mes parents. À défaut de trouver les ingrédients requis pour les plats traditionnels colombiens, ma mère avait préparé de la dinde et du riz. Puis, on nous a dit d'aller jouer dans nos chambres un instant. Quand nous en sommes sorties, ô surprise, le père Noël était passé et avait laissé quelques cadeaux. Ce n'est que le lendemain que j'ai réalisé que quelque chose ne tournait pas rond! Nous étions plus près que jamais du pôle Nord et nous n'avions jamais reçu si peu d'étrennes! Depuis, je suis retournée fêter Noël en Colombie à deux reprises. Bien que ce soit agréable de retrouver toute ma famille, un Noël sans neige et sans les traditions québécoises me semble maintenant très bizarre!»

 

À LIRE: 100 ans de Noël au Québec

 

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