Loisirs et culture
Pour un oui ou pour un non, je te quitte
«C'est bien.... ça!» À cause de ces trois mots, deux amis de longue date voient leur amitié chamboulée. En une phrase, voilà comment je pourrais résumer l’excellente pièce Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute, à laquelle j’ai assistée au Théâtre Prospéro, à Montréal.
[caption id="attachment_6174" align="aligncenter" width="300" caption="Marc Béland et Vincent Magnat, tous deux excellents dans le rôle d'un couple d'amis à la dérive. (Photo: Marilène Bastien)"] [/caption] Un homme rend visite à son ami de longue date. Il veut savoir pourquoi ce dernier est si distant depuis quelque temps. C’est avec surprise et incrédulité qu’il apprendra la réponse. Il aurait, semble-t-il, dit à son ami «C'est bien... ça!» sur un ton condescendant. Ce dernier ne veut quand même pas rompre leur amitié pour cette banalité? Pour un oui ou pour un non? Eh bien, oui! Et on découvrira avec un malin plaisir ce qui se cachait derrière cette prétendue condescendance. D'une durée d'une heure, la pièce, mise en scène par Christiane Pasquier, nous fait assister à délicieux un «crevage d'abcès» amical. Les mots de Nathalie Sarraute sont magnifiquement interprétés par les comédiens Marc Béland et Vincent Magnat, qui nous offrent des dialogues bien ficelés. Le sujet peut sembler sombre, pourtant, face à cette histoire de mots mal compris et de non-dit, on sourit souvent, on rit même parfois. Malgré que cette pièce ait été écrite en 1982, je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux courriels et aux textos. Aujourd’hui, nos communications sont truffées de points d'exclamation, de clins d'oeil ou de sourires, faute de quoi nos messages risquent d'être mal interprétés par notre destinataire, qui peut penser qu'on est en colère, contrarié ou qu'on a un ton sec. Suggestion: si vous recevez un texto sans clins d’œil ni points d’exclamation, assurez-vous de bien saisir l'intention de votre interlocuteur avant de rompre votre relation! Mieux, invitez-le à passer une belle soirée en assistant à cette pièce, à l’affiche jusqu'au 9 février.