Loisirs et culture
On rencontre Hélène Bourgeois-Leclerc
Elle arrive d'une boutique d'accessoires pour bébés. «J'ai trouvé un petit bain tellement mignon. Je n'ai pas pu résister...» Celle qui incarne la maladroite Nathalie dans Mauvais Karma et qu'on verra de nouveau dans le Bye-bye de fin d'année s'apprête à réaliser, à 38 ans, le plus grand rêve de sa vie: devenir mère.
Ce jour-là, en juillet dernier, Hélène Bourgeois-Leclerc a son bedon rond de sept mois moulé dans une belle robe saumon. Elle a des étoiles à la place des yeux. «Vous avez des enfants?» Nous passons vite du vous au tu. Et du général au particulier. «C'est incroyable à quel point la grossesse est un phénomène rassembleur. Je le constate chez toutes les femmes qui ont eu des enfants, peu importe leur âge, leur origine. Ça nous rassemble d'une manière extraordinairement intime. La connexion se fait tout de suite.»
Le coeur tourné vers la bedaine
Besoin de se reconnecter, justement, la future maman. Elle vient de terminer les tournages de Mauvais Karma. «C'est un travail très prenant. Passer des journées en talons hauts, être dans la performance... Le contact avec soi-même et avec le corps se perd.»
Besoin de se reconnecter avec elle-même, avec le petit être qui bouge en elle, dont elle sait déjà que ce sera une fille. Besoin de vivre pleinement ce qu'elle appelle sa période de nidification, le coeur tourné vers sa bedaine.
Pour le reste, la conciliation travail-famille, tout ça: «On verra bien.» C'est sa phrase préférée. Le tournage du Bye-bye, aux côtés de ses complices Louis Morissette, Véronique Cloutier, Joël Legendre et Michel Courtemanche, qu'elle retrouve pour la troisième année, devrait commencer vers la fin octobre ou au début novembre. Pas de problème.
Une imitation de Pauline Marois, arborant un carré rouge, peut-être? Pourquoi pas. «La petite aura 5 ou 6 semaines, je l'allaiterai entre deux prises s'il le faut. L'équipe du Bye-bye est très centrée sur la famille. Ma mère viendra en renfort au besoin, et mon chum sera très présent de toute façon.»
Le chum en question est ingénieur du son. Elle l'a connu il y a une douzaine d'années, alors qu'elle prêtait pour la première fois sa voix à une publicité. Ils sont ensemble depuis trois ans. «Il s'appelle Dominic et il est extraordinaire!»
Bon karma
À plus long terme, côté carrière, aucune inquiétude. Même si elle aurait bien aimé voir se poursuivre l'aventure de Mauvais Karma. «Quand nous avons appris en tournage que la troisième saison serait la dernière, j'ai eu un choc.»
Elle est très attachée à cette série. Elle apprécie le point de vue humain que l'auteure, Isabelle Langlois, a sur ses personnages, sur leurs failles. «En plus, Julie LeBreton, Anick Lemay et moi, on est trois grandes amies dans la vie, et on avait un esprit de gang pas possible avec l'équipe technique. On avait un bon karma, quoi!»
Tout ça va lui manquer. Mais, mais, mais... «Je comprends qu'Isabelle Langlois ait besoin de passer à autre chose, je respecte son choix. Et puis, ça fait partie des deuils qu'on doit apprendre à faire comme actrice.»
Un rôle marquant
Son plus grand deuil d'actrice, l'ex-marâtre du film Aurore et ex-Josée du téléroman Annie et ses hommes l'a vécu avec la fin de la série Les Bougon - C'est aussi ça la vie!, où elle nous en avait mis plein la vue en prostituée lubrique. «Dolorès est un personnage que j'ai aimé profondément, qui m'a donné envie d'avoir de l'audace et de l'assumer.»
Elle dit que ça fait du bien d'arriver au travail et de se faire «désorganiser la face» au lieu de se faire mettre belle. Que ça fait du bien de se déhancher et de mâcher de la gomme. Bref, de jouer dans des zones «qui existent chez tout le monde, mais qui sont peu exploitées, surtout chez les femmes».
Un projet de film sur Les Bougon est toujours dans l'air. Elle ne désespère pas de remettre ça. Sinon, pas d'autres rôles d'envergure en vue. «Je me dis qu'au pire, s'il y a un creux, je prendrai du temps avec ma petite. On verra bien ce que la vie nous offrira...»
Comme elle travaille beaucoup avec sa voix en publicité, elle ne craint pas le manque d'argent. «Ça me permet d'être active professionnellement, sans devoir accepter n'importe quel rôle par besoin de sécurité financière.» Il y a quelques années, elle s'est offert une année sabbatique. «J'étais fatiguée, à bout, je n'étais plus capable de me voir à la télé. J'ai décidé de n'accepter aucun projet. J'ai fait des voix toute l'année, et mon budget s'en est très bien porté. Ça m'a fait du bien d'avoir une pause... que j'avais choisie, évidemment.»
Depuis le début de sa jeune carrière, en 2000, elle n'a jamais manqué de rôles. Elle est une actrice choyée, privilégiée, et elle le sait. «Je suis super contente de ma carrière, j'en suis ravie et profondément reconnaissante. Il n'y a pas un matin où je ne dis pas merci en me levant. Mais je n'ai jamais voulu que ma carrière soit le centre de ma vie.»
Actrice choyée, mère comblée
Elle vient d'une famille très unie, tissée serré. Ses parents sont en couple depuis plus de 40 ans. Son frère a trois enfants, qu'elle adore. «Dans ma famille, la vie humaine est à l'honneur, l'évolution de chaque petit enfant compte, de même que l'évolution des liens entre nous. Tout ça me définit depuis toujours. Et je trouvais épouvantable de ne pas avoir d'enfant. C'est quelque chose que j'ai toujours voulu. Ce bébé-là était très désiré.»
Elle a fait plusieurs fausses couches, dont une à quatre mois de grossesse. «Je suis tellement contente que ça ait marché cette fois-ci! Et même si j'ai déjà 38 ans, je souhaite que ce ne soit pas ma dernière grossesse. Sinon, il y a d'autres enfants qui n'attendent que ça, être accueillis.» Elle est en processus d'adoption en Haïti depuis plus de deux ans, elle s'est beaucoup investie dans ce projet. «Je ne prévois pas que ma fille soit une enfant unique. Je veux créer une famille. J'ai enfin trouvé le bon gars, il était temps...»
Elle pose la main sur son ventre. «La petite bouge en ce moment, je la sens.» Elle ferme les yeux un instant, le temps de murmurer quelque chose. Je ne comprends pas ce qu'elle dit. Mais je crois que ça ressemble à ceci: merci la vie.
Les plaisirs d'Hélène
- «Aller au cinéma, seule, un jour de semaine. Un mardi après-midi, par exemple, alors que la plupart des gens travaillent et qu'il n'y a à peu près personne dans la salle: j'ai l'impression que le film est pour moi toute seule. Je me sens riche.»
- «Lire mes magazines dans le bain. Je suis abonnée à trois magazines: mon Coup de pouce, mon Elle Québec et mon Châtelaine. Quand ils arrivent, mon chum n'a pas le droit de les feuilleter ni même de les déballer. Il faut qu'ils soient parfaitement vierges pour moi. Je les ouvre dans le bain. Je plie des pages qui m'intéressent; j'y reviendrai. Vraiment téteuse. J'adore ça.»
- «Aller chez Jean Coutu. C'est fou, hein? Je peux passer deux heures chez Jean Coutu quand j'ai du temps et que je n'ai rien d'autre à faire. Regarder les petits pots, les petites crèmes, les nouveaux produits... J'aime tellement aller chez Jean Coutu que je trouve ça le fun d'y aller même si c'est juste pour acheter du détergent. J'ai mon Jean Coutu pas loin de chez moi: les filles, les cosméticiennes, me connaissent et m'offrent des échantillons. Je trouve que c'est du petit temps de qualité qui ne coûte rien... à moins que tu achètes trop de petits produits!»
- «Recevoir des amis à souper. On aime cuisiner, mon chum et moi. Je cuisine plutôt à la bonne franquette. Mon chum, lui, est plus desserts, et il fait des présentations très chic. On a une grande terrasse, on est heureux quand il y a du monde à la maison.»
- «Aller dans les marchés publics. Quand je vais à l'étranger avec mon chum, la première chose qu'on fait, c'est aller dans un marché, pour les odeurs, pour les couleurs, pour découvrir les gens et ce qu'ils mangent.»
- «Voyager sac au dos et dormir chez l'habitant. Mais un grand hôtel tout inclus avec spa n'est pas à négliger non plus de temps en temps.»
- «Faire du sport, même si c'est plus réduit ces temps-ci, dû à mon état. Je fais beaucoup de yoga. Et je fais du vélo: c'est mon moyen de transport en ville.»
- «Rénover. On s'est acheté une maison sur le Plateau il y a deux ans, mon chum et moi, et on a tout rénové. C'est ma quatrième maison. J'adore défaire des murs, recycler les vieux matériaux. Je me verrais très bien dans la gestion de chantier. Mais ça n'arrivera pas, j'aime trop mon métier.»
Échange de coups
- Coup de coeur Le Bixi. «Je l'utilise souvent. Et je trouve ça tellement beau de voir les gens circuler à vélo en ville, que ce soit les touristes ou les Montréalais. C'est une façon de faire de l'exercice, c'est pratique et ça ne coûte vraiment pas cher. Je suis complètement fan du Bixi.»
- Coup de gueule «J'en ai contre le manque de courtoisie sur la route, l'impatience au volant. Ça me tape tellement sur les nerfs. Pour les tournages de Mauvais Karma, je me rendais souvent à Repentigny à 5 h le matin: peux-tu croire qu'à cette heure-là il y a des imbéciles qui klaxonnent après toi pour rien?»
- Coup de foudre «J'avais 8 ans quand j'ai eu mon premier coup de foudre. Il s'appelait Rémi. Ah! qu'il était beau! Il avait un frère jumeau, Martin. On les appelait les frères Cognac... pour Rémy-Martin. Ils étaient louveteaux. Mon frère aussi. Et mon père faisait partie de l'organisation. Ma mère, infirmière, participait quand il y avait des camps. Alors on partait tous en famille. Le soir, devant le feu, Rémi et moi, on se prenait la main en dessous de la couverture. Ce n'était pas très sérieux à 8 ans: on ne "frenchait" pas ni rien. Je me souviens que des fois j'avais des doutes: comme Rémi et Martin étaient jumeaux identiques, je ne savais plus très bien lequel était lequel.»
- Coup de tête «L'année dernière, j'avais 10 jours devant moi. Je ne travaillais pas, j'étais à bout, j'avais juste besoin de trouver quelque chose de beau à faire. J'ai appelé ma mère, dont je suis très proche, et je lui ai dit: Où tu veux qu'on aille? Elle a proposé un spa à Québec ou quelque chose comme ça. J'ai dit non, plus loin que ça, choisis une destination où tu rêves d'aller. Elle a dit: "L'Italie...?" Je l'ai emmenée une semaine à Rome, on est parties seules toutes les deux. On a fait un voyage extraordinaire. C'était une belle folie.»
- Coup de barre «Mon dernier coup de fatigue, je l'ai vécu à la fin du tournage de Mauvais Karma. Avec la grossesse, un moment donné, c'était assez. Heureusement, l'équipe avait devancé et comprimé mes jours de tournage. De toute façon, la bedaine, on n'aurait pas pu la cacher encore très longtemps...»
- Coup désespéré «À ma troisième audition à l'école de théâtre du Collège Lionel-Groulx, j'étais désespérée ben raide. J'avais raté les deux premières, deux ans d'affilée, j'avais honte de moi, je me sentais comme un flop sur deux pattes. Mais la troisième a été la bonne: ça a marché!»
- Coup de dés «J'ai eu de la chance quand j'ai vendu mon condo il y a deux ans. Je parlais avec ma voisine, dehors; je lui annonçais que j'allais mettre mon condo en vente. Un gars est passé dans la rue. Il a dit: "Excusez-moi, je n'ai pas pu faire autrement que d'entendre votre discussion. Vous avez un condo à vendre?" Il est rentré, je lui ai fait visiter mon condo, et ça a été tout. Le lendemain, l'offre d'achat était signée!»
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