Loisirs et culture
On est tanné... ou tannées?
Si l'usage est roi, cela n'empêche pas la grammaire de grincer des dents de temps à autre. Surtout quand elle lit des phrases du genre «On était familières avec ce genre de chose.»
— Holà! s'écrie-t-elle. N'oubliez-vous pas que «on» est neutre et indéfini, donc masculin (aucun sous-entendu) et singulier de surcroît?
— Ce n'est pas le même «on», lui répond-on. (Ça, ça l'est, par contre.)
— Ah non?
— Non, ce «on», c'est nous. Il n'exclut pas la personne qui parle. Au contraire, il l'inclut ainsi que toutes celles qui sont comme elle.
— Ah bon... répond-elle, pas du tout convaincue. On en reparlera.
— Qui ça?
— Ben, nous.
— Voilà! Vous venez de le dire.
En effet, de plus en plus dans la langue parlée (et donc, par ricochet, dans l'écrite), «on» signifie «nous».
«À quelle heure arrivez-vous, Pierre et toi?
— On arrive vers huit heures.»
Jusque-là, ça va. Là où ça commence à grincer (je parle des dents de madame la grammaire), c'est lorsqu'on se met à accorder des attributs, des participes, des adjectifs, etc., avec ledit «on». C'est alors que le sens s'en mêle et qu'on se retrouve avec des «on» qui sont fatiguées, des «on» qui sont pressés et même des «on» qui sont (comme dans Coup de pouce où, traditionnellement, on accorde au féminin singulier) étonnée.
Ce dernier vous étonne, justement? Eh bien, pensez à la situation suivante. Le mari, qui s'est levé à l'aube, voit sa femme, une lève-tard notoire, entrer dans la cuisine vers les dix heures. Il lui lance: «Alors, chérie, on est finalement levé...?»
D'ailleurs, je vous fais remarquer que ce «on» ne signifie pas «nous», mais plutôt «tu»... Aïe aïe aïe! On peut bien être mélangés!