Loisirs et culture
Je suis folle de Noël!
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La magie de l'avent
Jasmine, 45 ans, maman de trois enfants de 19, 16 et 13 ans
«Quand j'étais petite, ma mère nous entraînait dans son engouement de Noël: elle décorait, préparait des montagnes de beignes, nous achetait des chaussettes et des pyjamas de Noël. Mais surtout, elle savait faire durer le plaisir et faisait de tout le mois de décembre une période bien spéciale. Et le 25, on recevait tellement de cadeaux! Je ne sais pas où elle cachait tout ça! J'ai partagé son enthousiasme jusqu'à ce que, devenue jeune adulte, je décroche. Ce n'est qu'une fois maman à mon tour que j'ai voulu renouer avec les traditions familiales.
«Ma fille était bébé quand je suis allée la faire photographier dans un studio à l'ambiance de Noël. C'était un 1er décembre. Ce jour-là, j'ai décidé qu'à partir de ce moment, on fêterait l'avent, une façon de faire durer l'esprit de Noël. J'ai acheté un ensemble de vaisselle spécial qui serait le seul à être utilisé à la maison entre le 1er et le 25 décembre. Chose qu'on fait encore, 18 ans plus tard. Et mes enfants y tiennent!
«Mais notre plus belle tradition date de 1996, alors que ma fille avait quatre ans et mon fils, un an. Coup de pouce publiait un patron pour fabriquer un arbre de l'avent en tissu, que j'ai cousu en deux exemplaires. Suspendus sur leur porte de chambre, ils avaient une pochette pour chaque jour, dans laquelle je plaçais une petite surprise sur le thème de Noël. Nous avions un rituel pour souligner la chose: après le bain, quand les enfants étaient tout propres et en pyjama, je faisais le décompte: "1, 2, 3... ABRACADABRA!" Et ils couraient pour découvrir leur trésor du jour. Le plus souvent, il s'agissait d'une décoration de Noël sur laquelle j'avais inscrit leur nom et l'année. Sinon, un chocolat, des babioles, parfois un indice d'une mini-chasse aux trésors pour trouver le cadeau trop gros pour la pochette... Quand mon troisième est né, je lui ai cousu un arbre. L'important, pour moi, c'était la constance du rituel: peu importe les circonstances, on refaisait nos "abracadabra". Même quand le papa des enfants et moi nous sommes séparés, j'ai continué. Et lors des Noëls passés avec ma mère dans sa maison en Floride, nous traînions les sapins de l'avent! Le rituel débutait pendant le trajet et se poursuivait dans les chambres d'hôtel, jusqu'en Floride!
«J'ai toujours dit à mes enfants qu'un jour, toutes les décos amassées au fil des ans seraient une sorte d'héritage qu'ils emporteraient avec eux au moment de quitter la maison. Quand nos enfants sont petits, ce jour paraît si loin! Pourtant, en juillet, ma fille de 19 ans est partie vivre en appartement. Et je lui remettrai cette année ses boîtes de décorations, le coeur gros! Mais je sais que mes enfants ont compris l'importance de nos rituels liés à Noël. Mes grands adolescents décorent encore leurs bonshommes en pain d'épice en décembre, à la différence qu'ils leur font parfois des cheveux punk et que, maintenant, on écoute du Eminem! Je laisse aller, heureuse de les voir poursuivre la tradition.»
Noël gourmand
Claire, 57 ans, maman de trois enfants de 30, 25 et 23 ans et nouvellement grand-maman
«Ma passion de Noël me vient de loin. Je me souviens qu'enfant, j'aimais tellement aider maman à décorer, une fois que papa avait installé les lumières. Je pouvais rester longtemps assise sous le sapin, à admirer le petit village en carton et les reflets sur les boules. C'est la lumière de Noël qui me touche le plus: comment l'atmosphère de la pièce change avec l'éclairage. Et l'odeur du sapin.
«Je bâtis ma collection de décorations depuis que je suis mariée et que j'ai des enfants. Comme je ne jette jamais rien, j'ai de tout: décorations de sapin, décorations murales au point de croix et au petit point faites par moi-même depuis une quinzaine d'années, lumières par centaines, bibelots, plusieurs sapins artificiels. Décorer ma maison est l'affaire d'un mois. Mon conjoint et moi commençons par l'extérieur à la fin de novembre. Ensuite, j'attaque l'intérieur. Je commence par retirer toute la déco de la maison qui n'est pas liée à Noël, jusqu'aux cadres et aux bibelots! Au fil des jours, tout notre intérieur passe sous le thème de Noël, y compris les murs, la cuisine, la salle de bains et les chambres! Et je fais tout ça bercée par une collection de musique de Noël de presque mille chansons!
«Mais c'est le disque Noël c'est l'amour d'Angèle Arsenault qui nous accompagne quand on cuisine les fameux gâteaux moka, selon une recette de ma grand-mère maternelle. Un incontournable absolu pour mes enfants, mes frères, mes neveux et mes nièces. Je les fais aussi pour moi, car ces petits gâteaux "goûtent" Noël. Quand ma mère recevait, elle en faisait tout le temps. Pourtant, ils n'ont rien de glamour! Du gâteau blanc et au chocolat coupé en cubes, glacé au chocolat et roulé dans la noix de coco grillée. Sur le dessus, un point de glaçage (qui porte chez nous le nom de "pinouche"): blanc pour le gâteau à la vanille, rose pour celui au chocolat. Leur apparence n'a jamais changé depuis mon enfance. Même sur les photos des réceptions de ma grand-mère, ils sont pareils. Il y a environ dix ans, je n'avais pas de colorant rose et j'ai fait des "pinouches" jaunes. Ça a été la consternation dans la famille! Ça ne se faisait pas! Je n'ai plus jamais dérogé à la tradition. Ma fille m'aide maintenant à les cuisiner. Et si je ne vois pas mes frères avant le jour de l'An, je leur en congèle, car ils les convoitent encore!
«Mon autre recette de prédilection, celle pour laquelle je suis reconnue dans ma belle-famille, c'est la bûche de Noël. L'idée est venue de mon père, alors que je vivais encore chez mes parents. Lui qui n'avait jamais exprimé le moindre intérêt pour la cuisine avait un jour découpé un encart de journal pour ma mère en disant: "Ça a l'air bon." Ma mère n'était pas chaude à l'idée d'essayer un gâteau roulé, mais je lui ai dit: "Puisque c'est pour papa, je la ferai." C'était il y a plus de 35 ans et je fais toujours la même, parfois plusieurs, pour recevoir. Une année, j'en ai fait huit! Mais le meilleur de tout, c'est le matin de Noël, alors que nous sommes juste les cinq à déballer nos cadeaux, comme à l'époque où les enfants étaient petits.»
Une passion qui fait école
Catherine, 28 ans, en couple, sans enfants, et Geneviève, 28 ans, en couple et enceinte de son premier enfant
Catherine et Geneviève viennent toutes les deux des Bois-Francs, ont étudié au même cégep, mais ne se sont jamais parlé avant l'automne 2010, alors qu'elles enseignaient dans la même école primaire à Saint-Hyacinthe. En octobre, l'école encore parée des couleurs de l'Halloween, l'une dit avoir hâte d'en finir pour enfin passer aux choses sérieuses: les décos de Noël. L'autre acquiesce et leur amitié naît. «Il y avait une rencontre de parents le 18 novembre, raconte Geneviève, et nous avons attendu le départ du dernier pour nous lancer dans la décoration de nos salles de classe. Nous aurions été gênées s'ils avaient vu combien nous étions d'avance!»
À partir de ce moment, les jours jusqu'à Noël ont été rythmés par leur désir partagé de faire vivre la magie aux enfants. «Tout était prétexte à se relancer la balle, explique Catherine. Nous avons échangé des cahiers d'activités, organisé un concours dans toutes les classes pour savoir laquelle réaliserait le plus beau calendrier de l'avent géant. Nous avons fait une "guerre de Noël": la classe la plus décorée était la gagnante.» Les enfants ont adoré: «Ils ont vraiment embarqué, ajoute Geneviève. À un moment donné, au cours de la journée, je leur disais: "Ça fait longtemps qu'on n'est pas allés chanter dans la classe de Catherine!" Et j'envoyais deux ou trois élèves en mission! Ils voulaient tous y aller; cela a créé un beau lien entre nos classes.»
Catherine et Geneviève sont d'accord: leur passion commune pour Noël a alimenté leur amitié. «Le reste du personnel nous trouvait, disons, vraiment "intenses"! dit Geneviève en riant. Il faut dire que Noël, j'en mange: j'y pense pendant les vacances d'été, je visite des boutiques de Noël. Dès le premier week-end de novembre, on installe nos décorations dehors et on se met à écouter de la musique de Noël. Mon chum, qui est mordu lui aussi, réécoute avec moi tous les films classiques de la saison, un peu comme quand, enfant, je me faisais un horaire de télé détaillé pour ne rien manquer entre Ciné-cadeau et les longs métrages aux autres chaînes. Le 20 novembre, on monte le sapin et, le 1er décembre, tous mes cadeaux sont achetés pour que je puisse vraiment profiter du mois qui commence. Quand je suis partie de chez mes parents, j'avais des boîtes de décorations de Noël, mais pas de meubles!»
Pour Catherine, Noël est synonyme de temps en famille, de traditions et de magie. «Rien n'a changé dans notre réveillon: on soupe chez mes parents en soirée, on va ensemble à la messe de minuit et après, on va chez ma grand-mère paternelle pour manger, ouvrir les cadeaux et réveillonner toute la nuit! C'est simple, je ne suis pas la même personne à Noël: je m'accomplis dans cet esprit de partage, de temps en famille. Je respecte les saisons pour le bien des élèves, mais si je ne me retenais pas, j'écouterais de la musique de Noël toute l'année!»
Petit papa Noël
Carole, 60 ans, maman de trois enfants de 40, 30 et 27 ans et grand-maman d'un petit-fils qui aura un an le 31 décembre!
«J'ai grandi pauvre sur une petite ferme, la seizième de dix-sept enfants. Je n'ai jamais su comment elle le faisait, mais ma mère accomplissait des miracles pour nous offrir un Noël mémorable année après année: un immense sapin qu'on allait cueillir dans notre propre forêt, une table remplie de plats délicieux, un cadeau pour chaque enfant. On fêtait jusqu'aux Rois, il y avait tout le temps de la visite à la maison. Mais ce qui m'a le plus marquée, c'est le sapin. Ma chambre donnait sur le salon, et je me souviens des branches qui dépassaient dans mon cadre de porte. J'entrouvrais les yeux et il me semblait que ma chambre entière brillait. Mon père aussi aimait Noël et je me souviens de ses yeux brillants quand il nous donnait nos cadeaux.
«J'ai hérité du village en carton et des boules givrées de ma mère et j'ai bâti, au fil des ans, une collection impressionnante de décorations qui remplit deux énormes garde-robes à la maison. Mon conjoint et moi commençons à décorer à la fin d'octobre; fin novembre, tout est prêt. Toute la maison est transformée; même le rideau de douche est changé! Ça me prend un temps fou pour monter mon sapin, car chaque décoration a sa place attitrée dans les branches. Mais ce dont je suis le plus fière, c'est de ma collection de pères Noël quasi grandeur nature. J'en ai une dizaine et tous les ans, mon conjoint m'en achète un nouveau. J'aime tant entendre la visite s'exclamer: "Mon dieu que c'est beau!" Et de la visite, on aime ça. Alors, on reçoit beaucoup. Le frigo est toujours plein de bons plats que je prépare à l'avance. J'achète dès l'automne ma viande à tourtières du Lac, je la coupe en cubes et je la congèle pour que tout soit prêt au moment de les cuisiner. Elles cuisent un bon 12 heures, comme au temps de ma mère.
«J'ai toujours voulu créer une ambiance magique pour mes enfants, et je le ferai cette année pour le premier Noël de mon petit-fils. Il aura son propre sapin décoré de jouets, sous lequel je placerai le village de ma mère. Mais si je fais tout ça en pensant à eux, je le fais aussi pour moi! Et j'y crois pour vrai, à cette magie de Noël. Des fois, je pense même que je crois encore au père Noël!
«Quand vient le temps de préparer Noël, c'est tous les ans comme la première fois. Je me revois à 5, 6 ans, je me transporte dans ce monde-là. Quand toute la maison est décorée, j'éteins les lumières. Je regarde le sapin, les yeux entrouverts, comme je le faisais enfant, et je pense à mes parents, décédés depuis longtemps. J'aimerais tant qu'ils soient encore là.»