Loisirs et culture

Impatiente, Catherine Trudeau?

Impatiente, Catherine Trudeau?

thinkstock Photographe : thinkstock Auteur : Coup de Pouce

Parmi tous les vilains défauts que je possède - et croyez-moi, il y en a plusieurs -, le plus laid, le plus tenace, le plus vivace, c'est l'impatience. Mais c'est pas de ma faute, c'est la faute au progrès. Doutez de ma sincérité tant qu'il vous plaira. Mais tout de même, explications requises ici.

J'envoie un courriel afin de sonder l'intérêt pour un souper entre amis. Impensable pour moi de vivre sans courriel, cette magique invention qui relègue aux oubliettes la chaîne de lettres et l'appel conférence. Eh bien, 6 minutes plus tard, croyez-le ou non, toujours pas de réponse! Inadmissible. Tous ces précieux amis ont pourtant équipé leur ordinateur d'avertissements sonores. Et ils profitent de la luminothérapie de leur écran à longueur de journée. Ne venez pas me dire qu'ils ne l'ont pas lu! Je trépigne, commande à ma machine d'envoyer-recevoir à chaque minute, affuble mes envois d'avis de lecture. Je m'impatiente. Je respire mal, j'hyperventile. Voyez, c'est la faute au progrès.

Un texto non répondu dans la minute devrait être passible d'une amende. Non, mais c'est vrai. On peut porter notre téléphone intelligent au cou, se le greffer à la ceinture ou le faire tinter au poignet comme une breloque... Alors, arrêtez de me donner du «Il était au fond de ma sacoche» pour excuser votre geste impardonnable de ne pas avoir répondu. Et ne me dites pas que la vibration dudit appareil ne vous réveille pas la nuit. C'est connu, le bois de table de chevet transmet le son à merveille. Il n'y a pas d'excuse qui tienne: répondez! Vous m'éviterez ainsi une syncope et une tendinite à force de déverrouiller mon appareil aux 3 minutes, impatiente que je suis d'avoir de vos nouvelles, pour voir si vous m'avez «texté back» (hommage à Lisa Leblanc).

 

Vivre au temps des messagers et autres pigeons voyageurs pour transmettre les messages qui parvenaient au destinataire sentant encore le crin de cheval et se tacher les doigts sur l'encre diffus? Très peu pour moi. Je n'ai de romantique que la couleur de mon vernis à ongles. Rose. À ce propos, ne me parlez pas de passer un moment de détente à me faire cajoler les pieds en me laissant aller à la rêverie pendant que mon vernis prend une éternité pour sécher. Que nenni! À moi les précieuses secondes pour retourner au triathlon du quotidien (lavage-pliage-ménage), car, depuis que je peux peinturlurer mes menus ergots de couleur à séchage supra-rapide, exit la détente et le farniente! À moi l'efficacité doublée de coquetterie, soit celle qui fait matcher la couleur de mon manucure avec celle du crémage à cupcakes étalé sur mon cardigan blanc! Efficace, dites-vous!? C'est mon middle name. Impatiente soit, mais une impatiente qui opère.

Vous savez bien que je blague, n'est-ce pas? Impatiente à ce point-là? Pas du tout. C'est pour l'exemple. Cela dit, si votre commentaire par courriel ou Twitter ne me parvient pas dans la minute où vous laisserez ces pages, je ne réponds plus de moi. Moi et ma fiévreuse impétuosité serons alors sans merci. Non, mais il ne faut pas abuser de ma patience. Hé oh.

Catherine Trudeau 

 

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