Loisirs et culture
Entrevue avec Rachel Gratton
Photographe : Karine Lévesque
Ce mois-ci, sa pièce La nuit du 4 au 5 est présentée au centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Une première œuvre qui lui a valu le prix Gratien Gélinas. Celle qu’on retrouve cet automne à la télé dans Les Simone et Au secours de Béatrice nous parle de son processus créatif.
Ta pièce traite d’une jeune femme victime d’une agression et de la période de rémission qu’elle traverse. Pourquoi ce sujet? J’ai d’abord été inspirée par une expérience similaire que j’ai vécue dans les dernières années. Mais au-delà de mon histoire personnelle, ce qui m’intéresse et que je voulais explorer, c’est le processus de résilience qui s’enclenche lorsqu’une personne vit un événement traumatisant, ainsi que la notion de responsabilité l’entourant.
De plus en plus de voix s’élèvent dans l’espace public pour parler d’expériences similaires. Pensons au mouvement #AgressionNonDénoncée. Comment aimerais-tu que ta pièce contribue à ce débat? Chaque jour, il y a des hommes et des femmes qui vivent des événements similaires ou plus graves, et plusieurs n’en parlent pas. Je pense que c’est vraiment important d’en parler et aussi de se dire que, malgré le temps que peut prendre la rémission, on peut continuer à vivre.
On te connaît surtout en tant que comédienne. Est-ce que l’écriture est un projet que tu caressais depuis longtemps? Lorsque j’étais au secondaire, j’ai commencé à écrire dans un cours de théâtre. À partir de ce moment, je n’ai jamais vraiment arrêté, sauf lors de mes études à l’École nationale de théâtre où j’ai dû me concentrer sur le jeu. Après l’école, je me suis demandé si je ne retournerais pas étudier en création littéraire. On m’a plutôt conseillé d’écrire, tout simplement. Ce que j’ai fait.
En plus d’écrire et de jouer, tu fais du doublage et tu travailles à la réalisation d’un court métrage. Qu’est-ce que cette polyvalence t’apporte? Je suis naturellement attirée par toutes ces sphères. Je ne veux pas me limiter. Si je veux écrire, je vais écrire. Et si ça ne fonctionne pas, ce n'est pas grave, j'aurai essayé. Mais surtout, je trouve que chaque sphère sert l’autre. Par exemple, le doublage, c’est un entraînement incroyable pour l’acteur.
CV
2001 à 2003. Premier rôle télévisuel dans Les super mamies
2010. Diplômée de l’École Nationale de Théâtre Elle a doublé les voix des actrices Dakota Johnson et Felicity Jones
2017. Porte-parole des camps de vacances
Sur son radar, Anaïs Barbeau-Lavalette
Depuis que j’ai lu son roman La femme qui fuit, je suis happée par cette auteure et réalisatrice. Ce qu’elle crée est à la fois beau, pertinent, et empli de sensibilité et d’humanité.
Elle a dit
«Je travaille très fort pour que chaque personnage que je propose soit totalement différent. Et je ne veux surtout pas que le public me voie, moi: je veux qu’il ne voie que les femmes que j’interprète.» Elle Québec, septembre 2015
Une oeuvre marquante: Antigone, de Jean Anouilh
J’ai joué cette pièce lorsque j’étais en secondaire 2. Nous étions dirigés par la comédienne Suzanne Léveillé. C’est vraiment à ce moment-là que j’ai compris que jouer, c’était ce que je voulais faire dans la vie.