Loisirs et culture

Entrevue avec Philippe Brach

Entrevue avec Philippe Brach

  Photographe : Christian Blais

En 2015, il s’est fait connaître du grand public en remportant le Félix révélation de l’année à l’ADISQ. Porté par un désir d’éveiller les consciences, l’auteur-compositeur-interprète anticonformiste nous présente son troisième album.

C’est ton troisième album en quatre ans. Comment réussis-tu à produire à ce rythme? Mon premier album est le résultat de cinq ans de travail. Pour le deuxième, j’avais déjà des chansons en banque. Pour celui-ci, c’est l’urgence d’agir qui m’a mené à créer rapidement. Par exemple, la pièce La peur est avalanche parle de racisme. Avec les manifestations des derniers mois à Charlottesville et de La Meute à Québec, je me disais que, si j’attendais trop, on trouverait ce débat dépassé.

Tu as annoncé la sortie de cet album avec un faux extrait auquel ont notamment collaboré 2Frères et Paul Daraîche. Quelle était ton intention derrière ça? Je voulais aller là où on ne m’attendait pas. J’ai l’impression que les gens gobent tout ce qu’on leur dit. Je voulais
les confronter pour qu’ils se demandent au plus profond d’eux-mêmes «j’aime-tu ça pour vrai?».

Tu t’es entouré d’une équipe de talent pour réaliser ton album, dont un orchestre de 41 musiciens. Comment as-tu réussi ce tour de force? Au départ, je voulais utiliser l’argent de ma dernière tournée pour m’acheter un terrain  à l’extérieur de Montréal. J’ai plutôt décidé d’autoproduire mon album avec ce cash-là. Quand c’est toi qui payes, tu as moins de contraintes d’un point de vue créatif. J’ai appelé tous ceux avec qui j’avais envie de travailler et je leur ai dit: «Combien tu veux?» Disons que je vais rester pogné sur l’île pour un bout!

Il y a un côté cinématographique dans les ambiances sonores de l’album. Qu’est-ce que cela évoque? Le disque commence sur une note postapocalyptique. Ça parle de guerre, de famine et de peine d’amour. La fin de l’album, c’est la fin du monde, et, au bout du compte, l’unique chose qui transcende tout ce qu’on a perdu, c’est l’amour.

Tu parles beaucoup de ton inquiétude face à l’avenir. Pourquoi? J’ai le sentiment que, si j’avais des enfants aujourd’hui, il y aurait des chances que je meure en même temps qu’eux. Aujourd’hui, on peut détruire une ville au complet sans lever le cul de notre chaise. La fin du monde est plus proche qu’on pense. Je sonne l’alarme avec cet album-là.

 

CV

2012 - Lance un premier EP de quatre chansons.

2014 - Vainqueur du concours les Francouvertes. 1er album La foire et l’ordre.

2015 - 2e album Portraits de famine • Révélation de l’année à L’ADISQ

2016 - Réalise une longue entrevue avec son amie Andréanne Sasseville, animatrice de Sirius XM, alors atteinte d’un cancer incurable.

 

Sur son radar

Mon Doux Saigneur: «Ce récent finaliste des Francouvertes propose une prose singulière et un son, qui se démarque des trois quarts de tout ce qu’on peut entendre ces temps-ci. Ça fait du bien!»

 

Il a dit

... en simulant un discours de remerciement pour l’ADISQ: «J’aimerais saluer la majorité des radios qui ne passeront pas plus ma chanson, malgré le prix que je viens de gagner. Restez comme vous êtes. C’est-à-dire sans surprise et sans variété.»

— On dira ce qu’on voudra Ici Radio-Canada Première, octobre 2016.

 

Une oeuvre marquante

L’oeuvre complète de Pierre Perrault. «C’est vraiment ce qui m’a ouvert sur l’autre et qui m’a fait comprendre d’où on arrivait.»

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