Loisirs et culture
Entrevue avec Mélanie Maynard
Photographe : Karine Lévesque
Peu savent qu’en plus de briller sous les projecteurs comme actrice, animatrice ou improvisatrice, Mélanie Maynard écrit pour le théâtre. Cet été, cette facette de son talent sera mise de l’avant deux fois plutôt qu’une avec les pièces Pain blanc et Docile.
Le Théâtre des Hirondelles et le Petit Théâtre du Nord accueilleront tes pièces cet été. Comment expliques-tu cet élan créatif? J’ai toujours écrit même si, la plupart du temps, je l’ai fait sans l’ébruiter. Ces dernières années, j’ai toutefois été submergée par mon désir de création. Il faut que ça sorte! Je laisse passer des offres d’animation à la télévision parce que je n’ai plus envie d’attendre sur un plateau: je veux être dans l’action de la création.
Qu’est-ce qui t’inspire? Les écueils que j’ai franchis et ce qui me bouleverse dans ma propre vie. Pain blanc, par exemple, est en quelque sorte une projection assez tordue de ma relation avec ma fille Rosalie. Avec Docile, je traite de l’essor du féminisme dans les années 1960. Moi qui ne m’étais jamais crue féministe, je réalise en vieillissant que je le suis, car je m’insurge toujours plus des injustices que subissent les femmes.
Tu écris beaucoup avec ton complice Jonathan Racine. Quelle est la force de votre duo? L’écriture est une histoire de confiance et c’est ce qui nous unit, Jonathan et moi. Ensemble, nous sommes à la fois forts et complémentaires. Jonathan a un côté «réalisateur développé». Il a les images, moi, j’ai les mots. On a également les mêmes inspirations et les mêmes trous dans notre éducation.
En plus d’en être l’auteure, tu joueras également dans Pain blanc. Qu’est-ce que ça apporte à la comédienne d’interpréter ses propres mots? Beaucoup d’angoisse! Comme comédienne, dès que j’ai de la difficulté à jouer le texte, je me condamne comme auteure. Heureusement, ça apporte aussi beaucoup de naturel au jeu de savoir exactement pourquoi chaque mot du texte a été choisi.
Cette pièce aborde notre rapport au regard des autres. Comment vis-tu avec la perception d’autrui? Jeune, j’avais un besoin exacerbé d’être vue, de me faire aimer et d’avoir l’approbation des autres pour exister. Aujourd’hui, ça va tellement mieux! Je suis dans la déconstruction de mon ego; c’est pourquoi j’ose retourner sur scène et pourquoi j’ose écrire.
En chiffres
- 29 lettres dans le nom Pétrolia Parenteau-Stanislavsky, son personnage de Dans une galaxie près de chez vous.
- 5 saisons à l'animation de Deux filles le matin.
- Elle est en ondes 17,5 h / semaine à Énergie le matin.
- 2014. Sa pièce La grande sortie est présentée au Rideau Vert.
Sur son radar: Julien Lacroix
«J’adore cet humoriste de la relève! Ses capsules web me font tellement rire! Je suis impressionnée qu’il arrive avec une personnalité unique et du matériel inédit dans le monde déjà très saturé de l’humour.»
Elle a dit
«Ça fait 15 ans que je pratique ce métier, et j’arrive toujours à croire, à un moment donné, que ça va être la fin, mais il y a toujours quelque chose qui arrive, et la roue continue de tourner.» Le Journal de Montréal, février 2015
Un artiste qui l'inspire: Serge Boucher
«Je suis touchée par son écriture théâtrale très naturaliste. J’aime qu’il me captive au point de ne pas me laisser le temps d'intellectualiser le récit. Sa pièce Motel Hélène, qui mettait en scène Maude Guérin, est la plus bouleversante que j’aie vue.»
Pain blanc, du 9 juin au 2 septembre au Théâtre des Hirondelles. Docile, du 21 juin au 26 août au Petit Théâtre du Nord.