Loisirs et culture

Entrevue avec Marianne Fortier

Entrevue avec Marianne Fortier

Marianne Fortier Photographe : Groupe TVA / Jean Langevin Auteur : Élise Jetté

Son visage nous est familier depuis 2005, grâce à son interprétation d’Aurore dans le film du même nom. Cette année, elle nous a émus en campant le personnage de Sarah dans Pour Sarah. Et cette semaine, elle vivra son baptême théâtral, en incarnant Juliette dans Roméo et Juliette au Théâtre du Nouveau Monde (TNM), une nouvelle étape dans sa jeune carrière déjà riche.

Dans Pour Sarah, tu jouais une adolescente qui devait vivre avec les conséquences d’un accident de la route, lors duquel un ami conduisait en état d’ébriété. Crois-tu que la fiction est suffisante pour faire passer des messages?

Oui, plus que dans un documentaire, j’ai l’impression. On s’attache à un personnage, et on sait tout de sa vie. On vit les émotions en même temps que lui, on voit tous les détails de l’histoire. Avec les jeunes, on a souvent tendance à être moralisateurs, et la fiction permet de montrer que ce ne sont pas nécessairement des gens
qui courent après le trouble. 

Juliette a été interprétée plusieurs fois au cinéma et au théâtre. De quelle manière la tienne se démarquera-t-elle?

D’abord, on change d’époque. Ça permet de montrer que l’amour adolescent est réel, peu importe le temps. Même chose pour les oppositions de familles ou de groupes de personnes. Comme notre version se déroule pendant
la montée du fascisme, dans l’Italie des années 1930, ça amène des tensions qui sont plus tangibles pour nous, car c’est plus récent que dans l’histoire originale. Dans sa mise en scène, Serge Denoncourt a aussi choisi de garder des parties de textes qui sont normalement esquivées. Il a une position très assumée, ce qui donne une grande vérité à nos textes.

À quoi penseras-tu la minute avant de monter sur scène pour la première?

Je risque de mourir un petit peu! Déjà, l’audition, pour moi, était extrêmement stressante. Je me suis déjà plantée dans des auditions de théâtre, parce que je n’avais pas confiance en moi. Ce rôle-là, je le voulais et je l’ai eu. Je vais monter sur scène avec la conviction que c’est bien là que je dois être.

Ton parcours n’est pas traditionnel, et tu as un peu appris le métier sur le tas. De qui as-tu reçu
le meilleur conseil?

Marcel Sabourin m’a dit quelque chose qui m’a surprise, et je ne l’oublierai jamais. En discutant avec lui, je disais que j’avais un plan B pour ma carrière. Il m’a répondu: «Un plan B? Pourquoi un plan B? Si tu veux faire quelque chose dans la vie, il faut juste que tu aies un plan A, et que tu travailles pour l’avoir.» Je ne l’ai pas obstiné.

Roméo et Juliette, au TNM, du 21 juillet au 18 août.

MARIANNE FORTIER EN BREF

2005 - Révélée par le film Aurore, de Luc Dionne.

2009 - Prix de la meilleure actrice au Vancouver Film Critics Circle pour son rôle d'Élise dans Maman est chez le coiffeur.

2016 - Prix du meilleur rôle féminin dans une télésérie québécoise au gala Artis pour son rôle de Sarah dans Pour Sarah

Sur son radar

Sara Lazzaroni: «Elle a écrit un premier bouquin à 19 ans. C’est une fierté pour moi, parce que je suis allée au secondaire avec elle, et on a toutes les deux choisi un métier en marge. Elle a fait paraître un deuxième livre en août dernier (Veiller la braise, Leméac).»

Ce qu'il a dit à son sujet

«On a vu entre eux une chimie, une complicité, une lumière. Je savais que j’avais trouvé mon Roméo (Philippe Thibault-Denis) et ma Juliette.» — Serge Denoncourt, metteur en scène de Roméo et Juliette au TNM.

Une œuvre marquante

Ben X, de Nic Balthazar«Je ne pleure jamais quand je regarde des films. En 2008, je suis allée voir ce film-là au cinéma. On était deux dans la salle. C’est un film flamand: c’est l’histoire d’un autiste qui a une passion pour les jeux vidéo. J’étais insupportable tellement je pleurais. J’ai réalisé que, parfois, l’espoir fait plus pleurer que la tristesse.» •

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