Loisirs et culture
Entrevue avec Lara Fabian
Photographe : Filip Van Roe
Alors qu’elle se lance cet hiver dans le manège bien huilé de La Voix, la célèbre interprète amorce une tournée mondiale pour la sortie de son 13e album studio. Rencontre avec une passionnée.
Plusieurs années ont filé depuis la dernière fois qu’on vous a vue dans les parages... J’ai quitté le Québec en 2004 dans des circonstances particulières. Disons seulement que cette longue absence fait partie des aléas de la vie. C’est ici que j’ai connu mon premier grand succès et que je suis heureuse.
Il semblait tout naturel que vous deveniez coach à La Voix. Pourquoi, selon vous, vos ballades recueillent-elles autant la faveur des candidates de concours? Mes chansons sont probablement choisies pour le niveau technique élevé qu’elles requièrent, mais aussi parce qu’elles servent de véhicules à un message. Dans le déploiement des notes, il y a une émotion. D’ailleurs, les voix pour lesquelles je me retourne sont celles qui sont connectées au cœur. Si, en plus de la beauté de son tissu, une voix offre une telle connexion, elle en devient troublante, presque matérielle.
Sur votre nouvel album, Camouflage, on n’entend aucun feu d’artifice exploser aux refrains, ce qui représentait votre signature. Cette interprétation nuancée vient-elle d’un choix conscient? Sans se dénaturer, il ne faut pas vivre en dehors de son époque. Voyager sur quatre octaves, c’était à la mode dans les années 1990. De plus, les grands exploits qu’on fait à 25 ans témoignent d’une immaturité. À cet âge, c’est tout à fait sincère. À 50 ans, c’est caricatural et déplacé. Je ne suis plus cette fille qui chantait comme si elle allait mourir demain, mais une femme qui vit dans le moment présent.
De quoi aviez-vous envie avec cet album anglophone aux rythmes électropop? Puisque notre époque est sombre, j’avais envie de chansons solaires. Au cœur de cette traversée du désert complètement absurde, j’aborde des sujets prismatiques et universels, comme l’ouverture à l’autre et la résilience.
Que pouvez-vous dire sur votre projet d’école de chant? Je sais depuis longtemps que la deuxième partie de ma vie se passera dans la transmission. J’ai confirmé cette intuition en donnant des classes de maître et, maintenant, en expérimentant ce rôle à La Voix. Ce projet ne pourra se développer ailleurs qu’au Québec.