Loisirs et culture
Entrevue avec Éric-Emmanuel Schmitt
Entrevue avec Éric-Emmanuel Schmitt Source : Coup de pouce, décembre 2016
Éric-Emmanuel Schmitt est l’un des auteurs francophones contemporains les plus lus au monde. Nous lui avons posé quelques questions à l’occasion de sa tournée québécoise pour la pièce Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran.
Passionné de la scène comme de la plume, cet auteur prolifique est en tournée ce mois-ci au Québec où, seul sur les planches, il joue Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, une touchante histoire d’amitié entre Momo, un enfant juif et monsieur Ibrahim, le vieil épicier arabe de son quartier.
Que représente pour vous cette tournée au Québec? C’est un choix égoïste, je l’avoue! Ayant déjà brièvement habité Montréal, j’y vois une occasion unique de parcourir le Québec, de découvrir de nouveaux endroits et de rencontrer de nouvelles personnes. Je suis rarement présent lorsqu’une personne lit un de mes livres, mais au théâtre, je suis un témoin privilégié des réactions du public, ce qui m’enchante. Et comme nous sommes en novembre, impossible de savoir s’il y aura de la neige ou pas!
Comment ce texte est-il né? Au départ, c’était un monologue pour la scène, un texte que j’ai d’abord écrit pour un ami, le comédien et metteur en scène Bruno Abraham-Kremer. Puis, c’est devenu un roman. Je suis honoré de penser que c’est un texte qui est étudié dans les écoles à travers le monde. Et maintenant, je le joue au théâtre, seul sur scène. C’est fou, non?
Qu’est-ce qui vous touche encore aujourd’hui dans ce texte? C’est un texte qui m’émerveille à chaque fois, car il ose la tendresse, un sentiment auquel on ne cède pas toujours facilement, surtout quand on est un homme. J’adore cette zone d’amour dans la relation entre Momo et monsieur Ibrahim, surtout lorsqu’elle prend toute la place. Je sens que ce texte n’existe que pour de bonnes raisons!
Vous concluez votre dernier roman sur cette question: «Qui écrit quand j’écris?» Au théâtre, qui joue quand vous jouez? Je n’en sais rien! Quand j’arrive sur les planches, j’ouvre mon coeur, c’est tout. Je ne sais pas ce que je fais, mais ça se passe. Comme avec l’écriture, il faut parfois s’absenter pour laisser vivre ses personnages. Quand j’oublie que je suis là, quand mes personnages prennent toute la place, je sais que je fais la bonne chose, que je suis au bon endroit.
En chiffres
Ses livres sont traduits en 43 langues.
Ses pièces de théâtre sont jouées dans plus de 50 pays.
Il occupe le siège 33 de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.
2016. Il est membre du jury de l'Académie Goncourt depuis cette année.
Sur son radar: «Au Québec, je surveille évidemment Xavier Dolan, qui me fait beaucoup penser à mon ami Denys Arcand. Tous les deux sont de véritables créatifs, qui nous surprennent perpétuellement.»
Son rituel en voyage: «J’aime “marcher” les villes que je visite. Quand je suis à Montréal, c’est mon activité favorite. Je trouve que c’est la meilleure façon de comprendre un endroit.»
Il a écrit: «Pour les maisons comme pour les humains, on ne choisit pas celle ou celui qu’on aime. On cède. Quand on cherche des raisons d’aimer, on n’aime pas.» — Extrait de L’homme qui voyait à travers les visages (Albin Michel, 2016, 432 p., 31,95$).
Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, en tournée au Québec, du 15 novembre au 15 décembre. Infos et réservations: ddaprod.com
Recommandé
Entrevue avec Alex Nevsky