Loisirs et culture
Entrevue avec Debbie Lynch-White
Photographe : Bruno Petrozza
Après des débuts percutants dans la série Unité 9, voilà que la comédienne Debbie Lynch-White s’apprête à incarner le rôle de la chanteuse Mary Travers, mieux connue sous le nom de La Bolduc, dans le film du même nom. Pour celle qui chante depuis toujours, le film de François Bouvier ressemble à un cadeau.
Vous parlez de ce projet depuis bientôt trois ans, et il devient enfin réalité. Avant qu’on vous propose de jouer La Bolduc, que saviez-vous d’elle? Honnêtement, peu de chose, à part ses chansons, comme La bastringue. Quand j’ai commencé mes recherches, j’ai découvert une femme formidable à l’image des valeurs de la société québécoise: bonne vivante, fonceuse, généreuse et qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.
Ce film comportait pour vous plusieurs défis. Lequel a été le plus exigeant? Convaincre les spectateurs que je suis violoniste! Pour le violon, je devais simuler mon jeu et j’ai reçu les services d’un coach. Dans ma première scène, le premier jour de tournage, je devais «jouer» de cet instrument: disons que la barre était haute! Mais je m’en suis bien tirée. Je souhaite que les violonistes qui voient le film y croient.
Ce rôle, c’est un jalon important dans votre carrière? C’est le rôle d’une vie! Antoine Bertrand disait la même chose à propos de Louis Cyr: ça ne se présente pas tous les ans pour un acteur québécois. Il y aura sûrement d’autres grands rôles — je l’espère! —, mais c’est mon premier d’importance au cinéma, et il va marquer ma vie à jamais.
Sans vous définir comme une militante, vous revendiquez la présence à l’écran et à la scène de corps atypiques. Le combat est-il gagné? Mon poids ou mon apparence n’ont jamais été des obstacles: c’est ma normalité. Je pense qu’on s’ouvre de plus en plus, mais il faut continuer d’en parler pour que les décideurs prennent un peu plus de risques. On ne voit pas que des belles et minces brunettes dans la rue, et ça doit se refléter dans notre culture.
CV
1986 Née à Montréal d’une famille originaire du Nouveau-Brunswick.
2010 Diplômée de l’École de théâtre du cégep de Saint-Hyacinthe.
2011 Danseuse pour le chorégraphe québécois Dave St-Pierre dans les spectacles Le cycle de la boucherie et La pornographie des âmes.
2012 Décroche le rôle de la gardienne de prison Nancy Prévost dans la série Unité 9.
SUR SON RADAR
Le festival Transamériques
«C’est un incontournable! Chaque printemps, on voit les meilleurs spectacles de partout dans le monde sans sortir de Montréal. Martin Faucher, le directeur artistique, accomplit un excellent travail et accorde une belle place aux artistes d’ici.»
ELLE A DIT
«[...] même dans les relations amoureuses, les relations amicales, il ne faut rien prendre pour acquis. La minute où on se prend pour acquis, où on prend notre métier pour acquis, ça meurt. Il n’y a plus cette espèce de fébrilité, cette urgence-là. Il n’y a plus de curiosité.» — Radio-Canada Estrie, novembre 2015.
UNE OEUVRE MARQUANTE
Impression, soleil levant de Claude Monet
«Je ne fréquentais pas beaucoup les musées avant d’aller au cégep, et j’ai découvert la peinture dans mes cours d’histoire de l’art. Lorsqu’un professeur a présenté cette reproduction de Claude Monet, ça m’a happée, j’en avais les larmes aux yeux. J’ai par la suite vu la toile à Paris: elle est toute petite!»