Loisirs et culture
Chronique printanière
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Mai. Enfin le printemps qui prend pleinement ses droits. Si avril leste les liens tissés durant la froidure, mai les dénoue entièrement, libérant enfin les bourgeons, faisant éclater les bulbes pour que s'élèvent les corolles colorées des tulipes.
Si avril laisse encore la terre engourdie se réveiller sans la brusquer, le chaud soleil de mai fouette les ardeurs de tout un chacun. Et à grands coups de portes de garage ouvertes, l'inventaire se fait, promesses de samedis à chasser les trésors dans les ventes de débarras. On astique la moto par-ci, on regonfle les pneus des montures à deux roues par-là.
Mai est là enfin, mois de tous les possibles. Printemps salutaire et guérisseur. Mai. Synonyme de virées à la pépinière. Héritage horticole de ma mère. Le temps s'arrête, le coeur aussi de battre devant ce petit plant de campanule des Carpates qui aura tôt fait de jouer du coude pour se frayer une place dans la plate-bande déjà bien garnie. Retrouver ses gants qui craquent sous la boue séchée. Les genoux humides dans la terre. Faire dévier les lombrics de leur ondulant voyage, les ongles crasseux, bénéfices du sol qui nous vitamine. Jardinage salvateur qui courbature le dos, mais oxygène l'esprit.
Au détour d'une promenade en rutilant tricycle, nous apporterons aux voisines, mes jardiniers en herbe et moi, des petits plants séparés de leur mère: hostas, sédums, hémérocalles. Nous reviendrons les bras chargés de trésors: échinacées rouges, spirées, lupins violets... Ma rue comme zone de libre-échange botanique.
Parfois, une jasette avec ma voisine Sylvie s'étire jusqu'à l'heure de l'apéro. Mai, c'est le retour des p'tits blancs au frigo. Comme des scouts, toujours prêts. Ma rue comme zone de libre-échange vinicole.
Mai. C'est le barbecue - et son cook! - qui reprennent leurs droits. Farewell la mijoteuse, hello les marinades et les légumes grillés.
Mai, c'est étirer l'après-midi sur la terrasse en allongeant le cou pour capter les derniers rayons, pas encore assez chauds pour les bras nus mais bien assez pour une première crème molle à La Frizette du coin.
Mai de promesses, printemps de tous les possibles, des amours fols, des amours naissants ou renaissants. Mai qui voit s'éveiller les corps, frétiller les regards devant les jupettes qui flirtent avec le vent. Mai où l'amour nous saute dessus, au détour d'une vitrine, doux imprimés fleuris et étoffes colorées et aériennes, enfin.
Mai. C'est, bien sûr, l'anniversaire de toutes les mamans, aussi celui de mon homme, de mes belles-soeurs, de Joselita, de Lydia, d'Isabelle...Et le mien. M'amenant doucement vers la quarantaine, cet anniversaire printanier qui ne saute jamais une année me gâte de sa période. Je suis une vraie fille du printemps. Coquette qui aime les écharpes douces parant le cou, jardinière toujours plus habile, briguant les trucs à gauche et à droite.
Bien qu'un brin convenus, tous les mots associés à ce mai de ma venue me réjouissent et m'apaisent, évoquent chez moi les plus doux souvenirs: renouveau, renaissance, flirt, chaleur, éveil, soleil, douceur... Printemps guérisseur, apaisant, poétique, plein de promesses... Et si, comme le dit Félix Leclerc, le printemps les tient, ses promesses, imaginez le bel été qu'on aura!
Catherine Trudeau
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