Loisirs et culture
Caroline Ouellette aux Jeux olympiques de Sotchi
Hockey Canada Photographe : Hockey Canada
Hockey féminin, médaille d'or à Salt Lake City, Turin et Vancouver
Qu'est-ce qui fait la beauté de votre sport? Lorsqu'un jeu est bien exécuté, c'est tellement beau à voir, et à vivre! Dès l'âge de 5 ans, j'étais fascinée par les Canadiens, je jouais avec les garçons de mon quartier, et je trippais. C'est notre sport national, je vis dans le meilleur pays pour y jouer.
Femme et hockey, est-ce une combinaison difficile? En 1987, vers 8 ans, mon père a dit non à ce que je joigne l'équipe des garçons. C'est ma mère qui m'a acheté ma première paire de patins l'hiver suivant. Je pense qu'il voulait me protéger. Durant mon adolescence, j'ai tout entendu comme commentaires négatifs. Mais je m'en foutais. D'ailleurs, des femmes comme France St-Louis ou Danielle Goyette l'ont eue encore plus dure que moi. Quant à mon père, il est vite devenu mon supporter numéro 1. Il m'a même coachée.
Quand avez-vous réalisé que vous aviez une chance d'aller aux Olympiques un jour? En 1998, à 18 ans, j'ai été invitée à joindre l'équipe du Québec aux championnats canadiens des moins de 18 ans. On a gagné l'or. J'ai compris qu'il y avait d'autres filles que moi qui jouaient, et qu'elles étaient bien meilleures! D'ailleurs, c'est mon père qui avait fait les démarches pour que je sois invitée. Moi, je manquais de confiance et lui, il s'est sans doute repris pour le refus des patins, dix ans plus tôt (rires). L'histoire olympique, mes parents y ont cru bien avant moi.
Un moment fort de votre carrière? J'avais tout juste 19 ans quand j'ai reçu ce coup de fil de Danielle Sauvageau: «Félicitations. Tu fais partie de l'équipe pour le championnat du monde.» Jamais je n'oublierai ce moment qui a changé ma vie.
Une personne significative? France St-Louis, une idole de jeunesse dont l'étoile n'a jamais pâli dans mon coeur. Elle m'a beaucoup aidée à comprendre que j'avais ma place. Mais elle m'a également enseigné que faire l'équipe, ce n'était pas suffisant. Pour ma longévité, il fallait m'investir dans mon entraînement et à 40 ans, elle donnait tout à fait l'exemple. Elle a été l'une des meilleures capitaines: rassembleuse, positive, mais aussi capable d'avoir des discussions difficiles.
La plus grande difficulté que vous ayez surmontée? J'ai été chanceuse! Il n'y pas vraiment eu de difficultés majeures pour moi. C'est ma famille qui a fait tous les sacrifices, surtout financiers. Quand j'y pense, Nadine, ma soeur, a sans doute été tassée, parfois, au nom du hockey. Jamais elle n'a laissé paraître de déception ou de jalousie. Elle était là à Turin et à Vancouver. Elle est ici, à Sotchi. Et c'est précieux. Mais ce sont parfois les difficultés des autres qui nous inspirent. Ma tante a reçu un diagnostic de cancer du sein en 2009, et a été une grande inspiration pour moi, l'année suivante, à Vancouver. Elle se battait pour sa vie! Aujourd'hui, elle va super bien et notre famille est encore plus unie.
Une heure avant une épreuve, que faites-vous? J'adore être entourée des autres filles. Je fais mes étirements en petit groupe. J'absorbe l'énergie des autres. À titre de vétéran, j'aime prendre le pouls de chacune, saisir la nervosité des joueuses et intervenir positivement si je sens que je peux le faire.
Quels sont vos espoirs pour ces jeux? La médaille d'or m'apparaît la seule qui soit acceptable parce que nous n'avons aucune raison de la voir nous échapper.