Loisirs et culture
Bravo Emma Watson, bravo!
Emma Watson, c'est la jeune actrice britannique que vous connaissez grâce à son rôle dans la série
Harry Potter. Ce n'est pas donc le premier nom qu'on associerait au concept de féminisme. Et pourtant, ce weekend, cette remarquable femme de 24 ans a livré un discours absolument soufflant devant les plus hauts dignitaires des Nations Unies, incluant le Secrétaire général Ban Ki-moon. Écoutez-le ci-dessous, en anglais. Un beau, beau, beau 8 minutes de votre vie.
Non seulement on y découvre quelqu'un vraiment capable de livrer un message sérieux avec dignité et prestance, on voit que son rôle comme ambassadrice de bonne volonté à ONU Femmes, l'organisation des Nations Unies pour l'égalité des sexes et la promotion du rôle des femmes dans le monde, est loin d'être uniquement une opportunité de bien paraître. Elle participait à New York au lancement d'une nouvelle campagne intitulée
HeForShe (Il pour elle), un
mouvement de solidarité pour l’égalité des sexes à l'échelle planétaire. Emma Watson déplore dans son discours qu'il n'existe aucun pays au monde où l'égalité entre les hommes et les femmes soit acquise. Et que le mot féminisme est trop souvent perçu comme un synonyme de "man-hater" (femme qui déteste les hommes). Le but du féminisme serait plutôt de viser une vraie égalité entre les sexes, donc un monde où les hommes et les femmes seraient libres de vivre à l'extérieur des stéréotypes liés à leur genre pour plutôt se permettre d'être pleinement humains. Un monde, donc, où si les hommes ne doivent pas être contrôlants pour être "vraiment des hommes", les femmes n'ont pas besoin, à leur tour, d'être contrôlées. Un monde où les hommes sont libres d'exprimer leurs émotions, leur émotivité, et ne pas se fondre dans un moule qui cause un tort immense à tous. Elle rappelle qu'en Grande-Bretagne, le suicide est la première cause de mortalité chez les hommes de 20 à 49 ans. Elle milite pour que tous les humains soient libérés de leur prison de stéréotypes. À la différence d'un discours féministe plus traditionnel, dans celui de cette campagne historique, on ne s'adresse plus seulement qu'aux femmes. Au contraire, on demande aux garçons et aux hommes de se sentir interpellés. De se sentir plus que jamais concernés, non seulement pour que leurs femmes, leurs soeurs, leurs mères soient libérées de préjudices, mais aussi et autant pour que leurs fils soient libres d'être vulnérables. Quel beau message.
Je vous en parlais la semaine dernière de la difficulté d'élever des garçons dans un monde où l'image de la femme est tellement oblique, tellement distortionnée, parfois par les femmes elles-mêmes! De l'importance, surtout, d'élever des garçons qui pourront se dire égalitaristes, voire féministes, ne serait-ce que pour le privilège de pleurer librement quand ils se font mal ou qu'ils se sentent incompris! Et juste parce que ça n'a aucun sens, comme dit Mme Watson, que les femmes soient payées moins chères pour le même travail qu'un homme juste parce qu'elles pourraient vouloir enfanter un jour. Chaque fois que je lis que nous n'avons toujours pas l'égalité salariale en 2014 dans un pays comme le Canada, ça me fait dresser les poils de bras. Ai-je travaillé moins fort pour ma maîtrise que mes collègues masculins? Ma condition féminine me rendrait-elle moins encline à changer le monde juste parce que j'ai fait grandir des êtres humains dans mon corps? Le "take-home message" d'Emma Watson, c'est qu'
il n'y a pas de meilleur moment pour agir que maintenant. Qu'il n'y a personne de mieux placée pour agir que soi.
Ma collègue Élise a pris ce même message pour s'engager dans une magnifique cause et pousser son corps à l'extrême pour courir son premier marathon dimanche prochain (Go Élise!). Et c'est pourquoi je prends ma petite tribune pour applaudir l'initiative de ONU Femmes et d'Emma Watson pour braquer les projecteurs sur ce rêve jusqu'à maintenant inachevé d'une vraie égalité hommes-femmes. Go Emma! https://youtu.be/p-iFl4qhBsE