Loisirs et culture
Ailes, par Aprilynne Pike
Je me fais toujours un point d’honneur de parler de la littérature jeunesse d’ici. Mais comme mon principal objectif est de vous faire découvrir le plaisir de lire en famille à travers ce qui se passe chez nous, et ce, peu importe d’où viennent les livres lus, je dois parfois faire un accroc à mes principes. Surtout lorsqu’il s’agit des lectures de mon ado de 13 ans, qui, comme la plupart des filles de son âge, voue un culte à la culture américaine et anglaise. Les romans québécois s’accumulent sur sa table de travail, mais elle priorise toujours les titres étrangers, au grand dam de sa chroniqueuse de mère. Pour remettre les choses en perspective, j’ai décidé de faire un retour en arrière et de revisiter mes lectures d’adolescence. Mauvaise idée. Parce qu’après avoir dépensé tout mon argent de poche dans une collection d’Archie, à 11 ans, j’ai réalisé qu’il existait un autre véhicule de placement plus adapté à mon âge et j'ai tout réinvesti dans la collection Cœur-à-cœur, des romans d’amour américains pour adolescentes!
À ma défense, je pourrais dire que la littérature jeunesse québécoise n’était pas aussi florissante que celle d'aujourd'hui. Mais en vérité, j’étais fascinée par la culture populaire américaine. M’inciter à écouter la Québécoise Martine St-Clair, alors que Madonna jouait en boucle dans mon Walkman, aurait mené ma mère à sa perte. En vieillissant, par contre, mon intérêt pour la littérature québécoise et française s’est progressivement développé. Je laisse donc ma fille faire ses propres expériences et découvertes littéraires, mais je n’hésite pas à la taquiner sur ses goûts. «Comment vont les vampires et les sorcières de New York? Tu ne m’en parles plus, que je lui demande pendant que nous préparons le petit déjeuner. - Aucune idée. Je lis autre chose. J’élargis mes horizons, comme tu dis. - Ah? Laisse-moi deviner. Un truc sur les zombies d’Hollywood? - Tu vas rire, qu’elle me dit, en tournant la tête pour que je puisse bien voir son sourire malicieux. - Hum. L'histoire d’un extraterrestre à trois yeux qui étudie à Cambridge et qui tombe amoureux… - Arrête! Je lis l’histoire d’une fille qui découvre qu’elle est une plante! - Sérieux? Tu lis l'éveil à la conscience d'une madame fougère, genre? - Je le savais que tu réagirais comme ça! L’héroïne a une fleur qui lui pousse dans le dos. Et les pétales sont ses ailes. En fait, c’est une histoire de fées! C'est de la littérature fantastique.» Sur cette conclusion, elle enfile son manteau et me lance, avant de rattraper son autobus: «Élargis tes horizons, maman!»
Ailes, par Aprilynne Pike, tome 1, ADA éditions, 2009, 332 p., 2,95 $.