Loisirs et culture
3 questions à Marie-Christine Bernard
Photographe : Karine Gagné
Née à Carleton-Sur-Mer, cette auteure est aussi grande amoureuse des peuples autochtones et surtout, une conteuse-née, comme le témoigne son précédent ouvrage, l’excellent Matisiwin. Ce mois-ci, elle publie Polatouches, un roman intrigant qui aborde les questions d’identité d’une façon peu commune.
Qu’avez-vous eu d’abord envie de raconter dans ce roman? Je voulais raconter l’histoire de Josée et de Stéphanie, un couple, qui, comme tous les couples à un moment ou à un autre, vit une crise. Elles devront choisir de continuer à cheminer ensemble ou de se séparer. À travers ce moment difficile, on voit que chacune des femmes lutte avec son identité. Josée n’est pas à l’aise avec le fait d’être crie et Stéphanie, elle, même dans la quarantaine, cache toujours son orientation sexuelle à ses parents. Comme quoi on a toutes nos parts d’ombre, même en fiction!
Pourquoi le polatouche est-il aussi important? Cet écureuil volant est un curieux animal. Comme il est nocturne et très peureux, c’est rare qu’on arrive à en croiser un. Je le trouve intéressant, parce que c’est un animal qui vit entre deux identités: il vole, mais c’est un animal terrestre. C’est un peu comme s’il appartenait à deux mondes, à deux réalités. Il est la métaphore parfaite des conflits que vivent mes personnages.
Qu’est-ce qui vous inspire autant dans la culture autochtone? C’est une culture dans laquelle je me sens accueillie, qui me parle énormément. Pour eux, l’invisible est très réel, il fait aussi partie de la vie, et j’ai voulu ajouter cette dimension dans le roman. J’ai aussi une arrière-grand-mère micmaque. Comme elle a dû renoncer à sa culture, elle n'a pu la transmettre aux générations suivantes. C’est un peu comme si le fil de ma mémoire ancestrale s’était cassé. Petit à petit, en côtoyant les Autochtones, j’arrive à renouer les fils.
Polatouches, Stanké, 2018, 232 p., 22,95 $