Santé
Santé cardiovasculaire: ce qu’on doit savoir
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On pense que les maladies cardiovasculaires ne concernent que les hommes? Erreur. Voici ce qu'on doit savoir, et ce qu'on doit faire, pour garder notre précieux cœur en pleine forme.
Mal de tête, vision brouillée, étourdissements... Il y a un an, si Annie, 49 ans, n'avait pas été pressée par son amie de se rendre immédiatement à l'urgence, elle n'aurait sans doute pas réagi, du moins pas aussi rapidement. Victime d'un AVC, la maman de deux ados croit qu'elle a eu de la chance. «Si j'avais trop attendu, qui sait ce qui aurait pu arriver? dit-elle. Là, j'ai pu m'en sortir grâce à des médicaments.» Même si elle savait que stress, cigarette et inactivité physique ne constituaient pas l'équation la plus équilibrée, Annie ne se serait pas attendue à être victime d'un accident vasculaire. Comme bien des femmes, elle s'imaginait que, sauf de rares exceptions, les hommes étaient les seuls à en être affligés. Son médecin lui a évidemment recommandé d'adopter de plus saines habitudes de vie. «J'essaie d'arrêter de fumer, mais j'avoue que je trouve cela difficile, admet-elle. Par contre, je bouge davantage.»
Marie-Hélène, elle, est très consciente de l'importance d'un mode de vie sain. Surtout depuis que sa mère est décédée, il y a 12 ans, à la suite d'une crise cardiaque. «Elle n'avait que 56 ans. Elle faisait de l'embonpoint et était diabétique», explique la femme de 35 ans. Deux des conditions qui accroissent significativement les risques de maladies cardiovasculaires.
Bien peu de femmes savent que les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de mortalité féminine au Canada. Celles-ci représentent 29,7% de tous les décès chez les femmes (1), la plus importante cause de mortalité féminine. En comparaison, le cancer du sein entraîne environ 14% des décès chez les femmes. «Les femmes craignent davantage le cancer du sein que les maladies du cœur, concède le Dr Martin Juneau, cardiologue et directeur de la prévention à l'Institut de cardiologie de Montréal. Il y a définitivement un important travail de sensibilisation à faire. Les femmes doivent prendre leur cœur en main!»
(1) Statistique Canada, 2008
Les facteurs de risque
Ceux qu'on peut contrôler: stress, mauvaise alimentation, embonpoint, consommation excessive d'alcool, hypertension, sédentarité, diabète, tabac, dépression, prise d'anovulants si on est fumeuse.
Ceux qu'on ne peut contrôler: âge, sexe, origine ethnique, antécédents familiaux, ménopause (le risque de subir une maladie cardiovasculaire après la ménopause augmente considérablement), antécédents d'AVC ou d'accident ischémique transitoire (mini AVC).
Source: Fondation des maladies du cœur
Reconnaître les symptômes d'AVC et de crise cardiaque
Faiblesse, étourdissements, mal de tête, trouble de la parole ou de la vision, confusion, douleur ou inconfort dans la cage thoracique, sueurs, nausées, essoufflement, inconfort à certaines régions du haut du corps (épaules, mâchoire, cou...). Autant de symptômes qui doivent sonner l'alarme. De plus, selon une étude publiée en 2009 (2), un pouls élevé - 76 battements par minute ou plus - même au repos pourrait dénoter, chez les femmes, des risques accrus de crise cardiaque ou d'arrêt cardiaque. La raison? Le cœur travaillerait sans doute plus fort pour oxygéner le sang dans tout le corps, usant prématurément les organes.
«Les femmes sont en quelque sorte ‘chanceuses', estime le Dr George Honos, cardiologue au CHUM et porte-parole de la Fondation des maladies du cœur. Chez elles, les signes avant-coureurs d'un trouble cardiaque se manifestent plus rapidement que chez les hommes. Malheureusement, par contre, elles n'en profitent pas. Sans doute par manque de connaissances et de sensibilisation aux maladies cardiovasculaires.»
Des symptômes? On agit rapidement!
Un rapport publié en 2012 par la Fondation des maladies du cœur et le Réseau canadien contre les accidents cérébrovasculaires montre que les personnes de 50 ans et moins sont celles qui attendent le plus avant de réagir aux signes avant-coureurs d'un AVC (on compte 50 000 AVC au Canada chaque année). Pourtant, chaque seconde qui passe entraîne la mort de cellules cérébrales et augmente les risques de décès et d'invalidité. Des statistiques révèlent que plus de la moitié des adultes de 50 ans et moins avaient pris plus de huit heures avant d'arriver à l'urgence. Et les femmes prenaient un peu plus de temps que les hommes.
(2) Resting heart rate as a low tech predictor of coronary events in women: prospective cohort study, British Medical Journal, 2009
Pour prévenir les maladies du cœur, on mise sur...
L'exercice. «Une nouvelle étude a montré qu'aussi peu que 15 minutes par jour d'activité physique aidait à prévenir les maladies cardiovasculaires», avance le Dr Martin Juneau.
Une bonne alimentation. «On insiste souvent sur le cholestérol, mais c'est sur une alimentation saine qu'il faut miser avant tout, insiste le Dr Juneau. Beaucoup de fruits et de légumes, peu de viandes rouges, les grains entiers, les légumineuses, l'huile d'olive et de canola et des produits laitiers faibles en gras.»
Un sommeil réparateur. Une étude canadienne publiée en 2009 (6) montre que les personnes souffrant d'insomnie couraient plus de risques de souffrir d'hypertension artérielle et de maladies du cœur connexes que les personnes qui bénéficient d'une bonne nuit de repos.
Moins de stress. «Le stress est un facteur que l'on évoque de plus en plus lorsqu'on parle de maladies cardiovasculaires, explique le Dr Juneau. Il contribue définitivement à augmenter les risques de maladies du cœur.» On se met à la méditation?
De l'air pur! Une étude américaine (7) montre que la pression artérielle peut être augmentée par la présence de particules fines en suspension dans l'air pollué. Chez les personnes en bonne santé, les risques qui en découlent seraient minimes, mais chez celles souffrant d'hypertension ou d'une maladie du cœur, cette augmentation de la pression pourrait déclencher une crise cardiaque ou un AVC. Ce qu'on peut faire? Participer à diminuer la pollution et privilégier les parcs, par exemple, aux grandes artères lorsqu'on fait de l'exercice à l'extérieur.
(6) Nighttime Blood Pressure in Normotensive Subjects With Chronic Insomnia: Implications for Cardiovascular Risk, Sleep, 2009.
(7) Insights Into the Mechanisms and Mediators of the Effects of Air Pollution Exposure on Blood Pressure and Vascular Function in Healthy Humans. Hypertension, 2009.
Pour aller plus loin
- Femmes coeur atout (guide informatif de la Fondation des maladies du coeur)
- 100 recettes pour toi mon coeur, collectif (Institut de cardiologie de Montréal), Transcontinental, 2012
- Infarctus et maladies cardiovasculaires chez la femme, Jean-Loup Dervaux, Dangles, 2010
Tests en ligne
- Notre bilan de santé: différents tests proposés par la Fondation des maladies du coeur pour nous faire une idée de notre état de santé. On peut aussi faire les tests grâce à l'application mobile Mon application santé FMCoeur.
Des sites web qui ont du cœur
- Pour des infos générales concernant les maladies cardiovasculaires, on consulte le site de l'Agence de la santé publique du Canada.
- Le Coeur tel qu'elles est une campagne menée par la Fondation des maladies du cœur pour sensibiliser les femmes aux maladies cardiovasculaires. Tests, infolettre et infos pratiques sont proposés sur le site.
- Le programme pour la santé cardiaque des femmes a été créé en 2009 par le centre universitaire Mc Gill. Ce programme vise à faire mieux connaître les maladies du cœur aux femmes et à les sensibiliser. La FAQ proposée sur le site répondra certainement à quelques-unes de nos questions.